Mettre la nature sous cloche, une fausse bonne idée
16 novembre 2017 18:10 Mis à jour: 16 novembre 2017 18:10
Mai 2017 : après un temps exceptionnellement chaud, des eaux de fonte inondent la Réserve mondiale de semences du Svalbard en Norvège. Cet incident est venu nous rappeler l’urgence à sécuriser l’avenir commun face aux turbulences grandissantes.
Enterrée à quelque 130 mètres de profondeur sous une montagne, la Réserve du Svalbard a été conçue pour protéger les graines les plus précieuses des catastrophes et assurer ainsi l’avenir alimentaire de la planète. Mais cet espace, entièrement configuré pour la sauvegarde écologique, n’est désormais plus épargné par la transformation et la dégradation des écosystèmes naturels à l’heure du changement climatique.
Pour faire face à ces menaces, certains pensent qu’il est vain de vouloir sauvegarder « l’extérieur » : mieux vaut redoubler d’efforts pour créer de nouveaux écosystèmes… à l’intérieur. Ces dernières années, ces tentatives de mettre la nature sous cloche se sont multipliées.
Pour la production agricole et les loisirs
Les environnements artificiels seraient ainsi un moyen de surmonter les contraintes et les incertitudes d’un monde extérieur de plus en plus turbulent et instable. Ces écologies artificielles et hybrides – dont certaines ne ressemblent pas du tout au monde naturel que nous connaissons – deviennent l’une caractéristique majeure des paysages urbains à travers le monde. Des environnements efficaces, contrôlés grâce à la technologie, sont conçus et construits pour la production alimentaire, la conservation des plantes et des animaux, le divertissement.
Dans un contexte où les évolutions des précipitations et des températures dues au changement climatique jettent l’incertitude sur la productivité agricole, de tels environnements artificiels sont notamment pensés pour la production de nourriture, de cultures et de plantes. Une production alimentaire dite « de précision » se déroule dans des environnements « intérieurs » sous contrôle technologique, où la température, l’humidité, l’eau et la lumière sont gérées et adaptées pour créer des conditions optimales de production et ainsi atténuer les problèmes rencontrés à l’extérieur.
L’agriculture verticale a ainsi décollé dans de nombreuses villes américaines grâce aux techniques hydroponiques ou aéroponiques, qui nécessitent moins d’eau et de sol que l’agriculture traditionnelle. Des algorithmes et des capteurs garantissent des conditions optimales pour des plantes sous surveillance continue. Les chambres de culture sont empilées les unes sur les autres pour faciliter la production dans des espaces urbains denses et confinés.
Des abris anti-aériens désaffectés à Londres et des conteneurs maritimes de Boston abritent désormais la production de salades et autres légumes. Et l’on trouve en vente chez Ikea une gamme complète de kits de « jardinage d’intérieur » pour les appartements des citadins.
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