Le patron de Frontex, Fabrice Leggeri, s’est félicité lundi de la « fin de la naïveté » affichée par les pays européens sur le dossier des migrants, ajoutant qu’ils n’avaient pas une « obligation unilatérale » en matière de sauvetage en mer. Le compromis sur les migrations, péniblement trouvé lors du sommet européen des 28 et 29 juin, marque « un tournant de fermeté européenne et la fin d’une certaine naïveté par rapport à la gestion des migrants » et à « l’exploitation des groupes criminels de la détresse humaine », a affirmé le directeur de l’agence européenne de frontières sur la chaîne CNews.
« On a très longtemps vu surtout le côté humanitaire » et pas « qu’il y a des groupes criminels qui s’enrichissent, exploitent cette misère humaine, et d’une certaine manière prennent en otage moralement l’Europe », a-t-il ajouté. L’accord trouvé à Bruxelles propose notamment d’explorer une « nouvelle approche » controversée avec la création de « plateformes de débarquements » de migrants en dehors de l’UE pour dissuader les traversées de la Méditerranée, où les 28 ont appelé les ONG à « ne pas entraver les opérations des garde-côtes libyens ».
Si les plateformes sont créées, cela signifiera que « des navires de Frontex ou des navires privés qui sont appelés au secours par les centres de coordination pourront débarquer les personnes sauvées dans le port sûr le plus proche » et « cela peut être des ports non européens », a rappelé M. Leggeri. « Il faut le faire dans le respect du non refoulement », mais « il n’y a pas une obligation unilatérale des pays européens à faire du sauvetage en mer, tout le monde a un devoir en Méditerranée », a-t-il ajouté.
« Il faudra voir concrètement qui met en oeuvre ces plateformes et avec quels pays », a-t-il reconnu. Mais « cela casse l’automatisme » consistant à se déclarer en détresse pour appeler des navires qui ramèneront les migrants en Europe et « c’est un message fort vis-à-vis des criminels », a-t-il assuré. Alors que les ONG sont de plus en plus accusées de faire le jeu des passeurs, M. Leggeri a indiqué qu’à l’été 2017 Frontex avait observé que « parfois des secours en mer étaient organisés par des ONG de façon spontanée, autonome, et pas coordonnée par les autorités publiques. Ça mettait en danger parfois la sûreté, la vie même des personnes en danger ».
DC avec AFP
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