Des policiers remontés après une peine jugée « insuffisante » pour des rodéos à deux roues

Par Léonard Plantain
1 octobre 2020 20:32 Mis à jour: 1 octobre 2020 20:32

À Strasbourg, alors que les rodéos à deux roues se multiplient partout en France, mobilisant des forces de l’ordre déjà surchargées, une décision de justice rendue la semaine dernière suscite l’indignation des policiers, qui la juge « insuffisante » .

Après une longue enquête où trois jeunes hommes de rodéos sauvages à Strasbourg avaient été interpelés, ces derniers ont écopé d’un stage de sensibilisation à la Sécurité routière et… c’est tout. Une peine jugée largement « insuffisante », « légère », « humiliante » ou encore « démotivante » par de nombreux policiers.

Une peine de justice qui fait beaucoup parler dans les commissariats. Et qui suscite également des commentaires d’internautes peu élogieux pour la justice française, relate 20 Minutes« C’est une décision de justice, on les respecte, mais on s’interroge », confie de son côté William Wulleman, secrétaire régional adjoint Grand-Est d’Alliance police nationale. Selon, il faudrait surtout « un vrai moratoire sur le sujet des peines et leur efficacité ».

« Nous ne sommes pas dans une logique du tout carcéral, mais on veut simplement avoir une vraie réflexion parce que l’on constate, au quotidien, que les peines sont incomprises, à la fois par les auteurs, les victimes, et les policiers. Le message n’est plus compris face à une délinquance qui s’est considérablement rajeunie, avec une montée en degré dans la violence. Des décisions de justice sont parfois autant de coups d’épée dans l’eau et finalement tout le monde est perdant », explique William Wulleman.

Il explique également redouter « les décalages qui peuvent être rencontrés et les incompréhensions entre les différents maillons de la chaîne judiciaire », et insiste sur la nécessité « de revoir ces derniers ».

De son côté, Philippe Schneider, représentant du Syndicat de la magistrature, a déclaré : « On ne rend pas des peines pour faire plaisir à des syndicats de policiers, on prononce des peines en fonction de la gravité de l’infraction et de la personnalité de l’auteur de l’infraction ». Tout en rappelant qu’une peine de stage « est une peine prévue par la loi, à la place de l’emprisonnement, une alternative à la prison, aux frais des condamnés ».

Il en va de même pour Isabelle Speziari, déléguée régionale de l’Union syndicale des magistrats et juge pour enfant à Strasbourg : « On peut entendre dans la population que s’il n’y a pas de peine de prison, il n’y a pas de condamnation. Le raccourci est fait quand la justice ne paraît pas assez sévère et encore là, cela dépend de la durée de la peine. Condamné à un stage, ce n’est pas être relaxé, et encore moins nier les problèmes ou le travail conséquent et sérieux de la police et de la justice », précise-t-elle.

« Ces stages mis en place par le législateur sont là pour travailler sur la récidive. Si cette mission est accomplie par ce biais, tant mieux, la société est gagnante », conclut-elle.

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