Lorsque nous regardons un reportage ou une statistique, nous percevons souvent l’information comme étant abstraite. Il y a eu une attaque aérienne à Mossoul, en Irak, qui a tué des dizaines de civils. Les surdoses d’opioïdes ont tué environ 47 000 Américains en 2017. Il est difficile pour le cerveau humain d’absorber l’impact de cette information en lisant simplement le texte. Les photographies, cependant, humanisent ces événements abstraits.
Maranie Staab est une photojournaliste de 31 ans et une étudiante diplômée à la Newhouse School de l’université de Syracuse. En septembre 2015, Maranie Staab a quitté un emploi bien rémunéré mais insatisfaisant pour poursuivre sa passion pour la photographie et la narration d’histoires.
Depuis 2012, Maranie Staab avait commencé à investir dans l’équipement et à apprendre elle-même les subtilités de son métier. Elle avait toujours pris des photos, mais elle s’est aussi rendu compte que de belles photos pouvaient raconter une histoire fascinante. Cette prise de conscience a convergé vers des questions qui préoccupent profondément Maranie Staab, et elle a découvert sa passion. Epoch Times a eu l’occasion de discuter de quelques-uns de ces projets avec elle.
« Ça commençait à se clarifier pour moi, c’est ce que je dirais à ce moment-là », a expliqué Maranie Staab.
La crise des réfugiés
Maranie Staab est naturellement curieuse, et sa curiosité l’a amenée à parcourir le pays et le monde entier. Son désir de mieux comprendre ses intérêts est le moteur de son travail.
« Nos médias ne le couvrent pas vraiment avec le niveau de nuance que j’aimerais voir et comprendre », a développé Maranie Staab.
Maranie Staab s’intéresse aux effets des conflits, en particulier les réfugiés et les personnes déplacées.
C’est cet intérêt qui l’a amenée à se rendre au camp de réfugiés de Zaatari en Jordanie pour couvrir la crise des réfugiés syriens en 2016.
« En général, au sujet des réfugiés à l’heure actuelle, il y a beaucoup de populations marginalisées et ils sont bien conscients qu’ils ne sont pas les bienvenus dans le monde entier », a précisé Mme Staab.
Le camp s’étendait sur près de 5 km2 et comptait environ 100 000 réfugiés qui avaient fui la guerre civile syrienne et Daesch. Trois ans et demi après son voyage, bon nombre des personnes qu’elle a rencontrées demeurent dans le camp. Elle a également pris des photos au camp de réfugiés de Hasansham, juste à l’extérieur de Mossoul.
De retour chez elle, elle a décidé d’inclure les puissantes photos qui représentaient les gens sur le terrain dans une série intitulée Forced From Home [N.t.d. : Éjecté de chez soi].
Le coût de la guerre
En mai et juin 2017, Maranie Staab est retournée à Mossoul, en Irak, et s’est embarquée avec des médecins et les forces d’opérations spéciales irakiennes. Elle a vécu dans un point de stabilisation traumatique, dans une ancienne mosquée, pour couvrir la crise humanitaire à Mossoul, en Irak, alors que les forces de la coalition tentaient d’arracher Daesh à sa dernière place forte dans le pays.
« Ces jours-là m’ont changée », a déclaré Maranie Staab.
Les images qu’elle a décidées d’inclure dans sa série Innocence Lost [N.d.t. : Innocence perdue] datent du 31 mai et du 12 juin 2017. Durant ces journées, Maranie Staab a été témoin d’un afflux de victimes civiles.
Beaucoup de civils étaient des enfants et avaient été grièvement blessés. Certaines n’ont pas survécu à leurs blessures, et elle avait l’impression que l’impact sur les civils avait été largement négligé dans les comptes rendus et l’aide humanitaire.
« Je me souviens de ce que je ressentais et de ce que je ressens encore, et c’était de l’indignation et de la tristesse. Je ne voulais rien de plus que tout le monde comprenne le coût réel de la guerre. Nous ne parlons pas assez souvent de l’impact civil », a précisé Mme Staab.
Pendant son séjour, elle savait qu’il était de sa responsabilité de documenter au mieux ce dont elle était témoin. L’impact émotionnel de ce voyage reste gravé dans sa mémoire.
L’épidémie d’opioïdes vue de près
Maranie Staab couvre également les questions domestiques qui sont importantes pour elle. Elle est originaire de Pittsburgh, où elle s’occupait des sans-abri. Elle a parlé à un ami et lui a dit qu’elle voulait mieux comprendre l’épidémie d’opiacés.
Il l’a présentée à une personne qu’elle avait rencontrée dans un métro. Elle lui a demandé si elle pouvait passer du temps avec lui et un de ses amis pour documenter le quotidien d’une personne ayant une dépendance aux opiacés.
Elle a commencé à documenter leur vie à partir de 2016 dans une série intitulée Spoons and Country [N.d.t. : Des cuillères et un pays], et le projet est toujours en cours.
Maranie Staab a d’abord offert d’essayer de les aider à devenir sobres. Toutefois, les deux personnes ne voulaient pas cesser de fumer ou ne pensaient pas qu’elles en avaient la capacité.
Maranie Staab a eu du mal à composer avec deux sentiments qui étaient en désaccord l’un avec l’autre au moment d’entreprendre cette série.
« L’un de mes rôles était de faire de mon mieux pour rendre justice à leur histoire, mais cela impliquait de les regarder planter des aiguilles dans leurs bras et jouer ainsi avec leur vie. Il y avait donc une partie de moi qui voulait les arrêter ou les emmener dans un centre de traitement », a relaté Maranie Staab.
Rendre personnel les histoires
Maranie Staab détermine où voyager en fonction de ses intérêts, de ses curiosités et des questions qui lui sont chères. Elle se rend également dans des endroits où les problèmes sont sous couvert.
Elle réalise que beaucoup d’opinions ne sont formées que par des bribes d’informations et des extraits sonores. Sur le terrain, elle a appris que la plupart des gens veulent vraiment la même chose.
« Ils veulent tous être en sécurité. Ils veulent tous subvenir aux besoins de leur famille et de leurs enfants », a précisé Mme Staab.
Elle est en train de déterminer le lieu de son prochain voyage, mais elle penche vers l’Amérique latine. Elle n’y est jamais allée auparavant, elle aimerait parler couramment l’espagnol et elle aimerait éventuellement couvrir l’afflux de réfugiés en Colombie en provenance du Venezuela.
Quel que soit l’endroit où elle voyage, elle est en contact avec les gens qu’elle rencontre et les sujets qu’elle photographie.
« Je ne cesse de m’étonner de constater à quel point je peux m’identifier à n’importe qui, où que ce soit », a déclaré Maranie Staab.
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