L’opposant Juan Guaido se rend lundi à Bogota pour plaider en faveur d’une intensification de la pression internationale sur le régime du président Nicolas Maduro, après le blocage aux frontières de l’aide humanitaire destinée aux Vénézuéliens.
Président autoproclamé du Venezuela, reconnu par une cinquantaine de pays, M. Guaido participera dans la capitale colombienne à une réunion du Groupe de Lima, composé de 14 nations du continent majoritairement hostiles à Nicolas Maduro, au pouvoir depuis 2013 et dont ses adversaires jugent la réélection frauduleuse.
La réunion, qui se tiendra en présence du vice-président américain Mike Pence, vise à ce que « tous les pays de l’hémisphère » apportent à Juan Guaido leur « soutien le plus fort, nécessaire à la transition au Venezuela », avait déclaré la semaine dernière le président colombien Ivan Duque.
Pour le député d’opposition Julio Borges qui le représentait jusqu’à présent, Juan Guaido, qui est passé vendredi en Colombie malgré une interdiction de sortie du Venezuela, « sollicitera un renforcement des pressions diplomatiques et l’usage de la force contre Maduro ». « Aujourd’hui le Venezuela se lève avec une crise qui aurait pu s’atténuer hier », a déclaré M. Guaido à son arrivée à Bogota dimanche soir.
Les partisans de l’opposition vénézuélienne s’étaient mobilisés samedi pour exiger le passage d’une aide majoritairement américaine en vivres et médicaments promise par Juan Guaido, mais refusée par le président Maduro, qui dénonce une tentative déguisée d’intervention militaire américaine.
Après l’échec de son opération humanitaire et alors qu’une centaine seulement de membres des forces armées ont fait défection, M. Guaido a appelé samedi la communauté internationale à « envisager toutes les éventualités ». Au total 156 membres des forces de sécurité du Venezuela ont déserté et sont passés en Colombie depuis quarante-huit heures, a annoncé le service colombien des migrations.
Le régime s’est félicité d’avoir bloqué les convois, au prix de violents affrontements qui ont fait au moins deux morts et près de 300 blessés: « Pas une camionnette n’est passée », a lâché, ravi, le président de l’Assemblée constituante Diosdado Cabello. Un cargo d’aide en provenance de Porto Rico a également dû rebrousser chemin sous la menace de la marine vénézuélienne et est arrivé dans la baie de Curaçao dimanche.
Sur CNN, le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo a qualifié le président socialiste de « pire du pire des tyrans » et s’est dit « certain que, grâce aux Vénézuéliens, les jours de Maduro sont comptés ».
La veille, il avait averti que « les Etats-Unis vont passer aux actes contre ceux qui s’opposent à la restauration pacifique de la démocratie au #Venezuela ». « Maintenant, le temps est venu d’agir pour soutenir les besoins du peuple vénézuélien désespéré », avait ajouté M. Pompeo sur Twitter, qualifiant de « brutes » les forces de sécurité vénézuéliennes.
La Haute Commissaire aux droits de l’Homme de l’ONU, Michelle Bachelet, a condamné dimanche « le recours excessif à la force contre des manifestants désarmés ». Egalement « choqué », et face aux risques d’escalade, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a appelé « au calme » et insisté sur la nécessité d’éviter le recours « à la force létale quelles que soient les circonstances ».
Quelques escarmouches ont encore opposé dimanche manifestants et forces de sécurité aux frontières du Venezuela, les premiers réclamant le passage de l’aide humanitaire toujours bloquée en Colombie. « Il nous faut des vivres, des médicaments, on a besoin de tout. J’espère qu’on va continuer à faire pression pour que les militaires comprennent. Eux aussi ils ont une famille », s’indignait José López, 28 ans, sur le pont reliant Urena à Cucuta, en Colombie, théâtre la veille de violents incidents.
Mais face aux lacrymogènes et aux balles en plastique des forces armées, et surtout face aux milices du pouvoir, les redoutés « colectivos », tous se sont repliés. « Je demande (à Guaido) de faire preuve de fermeté parce que nous, on fait tout ce qu’on peut », affirmait Jeffrey Vicuña, 20 ans.
Des dizaines de Vénézuéliens sont bloqués côté colombien par la fermeture des ponts tandis que ceux qui traversent d’ordinaire pour aller travailler en Colombie ou y acheter les produits de première nécessité pour les revendre ont perdu leur gagne-pain.
Le président colombien Ivan Duque, ferme soutien de M. Guaido, s’est rendu dimanche matin à Cucuta sur les ponts Francisco de Paula Santander et Simon Bolivar pour constater les dégâts de la veille. Ulcéré par l’implication de M. Duque, Nicolas Maduro a annoncé la rupture des relations diplomatiques avec « le gouvernement fasciste de Colombie » et prévenu: « Je ne m’inclinerai jamais, je n’abandonnerai jamais ».
En fin de journée dimanche, l’AFP a vu le consul colombien dans la ville de Valencia traverser le pont Simon Bolivar avec ses fonctionnaires pour quitter le pays. Mais pour l’heure l’aide humanitaire reste bloquée aux portes du Venezuela et la population subit de plein fouet de graves pénuries de produits élémentaires en plus d’une hyperinflation qui devrait atteindre 10.000.000% en 2019 selon le FMI.
Depuis 2015, au moins 2,7 millions de Vénézuéliens ont fui vers les pays de la région.
D.C avec AFP
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