Le durcissement des règles sanitaires à Pâques était critiqué de toutes parts: la chancelière allemande Angela Merkel a reconnu mercredi une « erreur » personnelle et demandé « pardon » d’avoir tenté d’imposer ces fermetures aux commerces et offices religieux.
La troisième vague épidémique qui touche l’Allemagne vire au chemin de croix pour la chancelière, dont le parti est en chute libre dans les sondages, au point de rebattre les cartes à six mois des élections qui marqueront la fin de ses seize années aux commandes de l’Allemagne.
Mea culpa de Merkel
Après un sommet anti-Covid chaotique lundi soir, puis une journée de réactions politiques assassines, la chancelière s’est livrée à un mea culpa sans ambiguïté : « une erreur doit être reconnue comme telle et surtout, elle doit être corrigée », a déclaré Mme Merkel dans une allocution solennelle convoquée au pied levé mercredi.
« Cette erreur est uniquement la mienne », a admis la chancelière, demandant « pardon aux Allemands », avant de se rendre au Bundestag, la chambre basse du parlement.
L’idée de cinq jours de restrictions renforcées à Pâques avait, selon elle, « de bonnes raisons d’être mais n’était pas réalisable dans un court laps de temps ».
« This mistake is my mistake alone. »
Chancellor Angela Merkel asks citizens for forgiveness after backtracking on Easter lockdown. pic.twitter.com/QM8OJc0YSp
— DW News (@dwnews) March 24, 2021
Devant les députés, la dirigeante allemande a réitéré ses excuses, tout en assurant avoir la pleine confiance de son gouvernement.
Des voix s’élevaient en effet parmi l’opposition pour que la chancelière pose au Bundestag la question de confiance et s’assure qu’elle dispose toujours d’une majorité, à quelques mois de quitter la scène politique.
Marche arrière
Mme Merkel avait auparavant convoqué dans l’urgence une nouvelle réunion de crise avec les seize Etats-régions, pour faire marche arrière sur les annonces qui avaient cristallisé tous les mécontentements : le gouvernement a finalement renoncé à mettre le pays sous cloche du 1er au 5 avril, avec fermeture de tous les commerces, et des offices religieux organisés par visioconférence.
« La situation est grave, très grave », avait pourtant prévenu la chancelière à l’issue du sommet de lundi, évoquant une « nouvelle épidémie » provoquée par le variant britannique, qui menace de saturer les services de réanimation
L’Allemagne, où le taux d’incidence dépasse la barre des 100, avec 108,1 mercredi, a franchi la barre des 75.000 décès dus au Covid-19 et les semaines à venir ne s’annoncent pas plus favorables malgré les restrictions.
Nombreuses restrictions
Ce sommet avait aussi débouché sur l’interdiction d’effectuer des locations de vacances à Pâques dans tout le pays et prolongé jusqu’au 18 avril les restrictions en vigueur depuis fin 2020 : limitations de participants à des réunions privées, fermeture des magasins non essentiels, des lieux de culture et de loisirs.
Le gouvernement envisage par ailleurs, a indiqué mercredi une porte-parole, de compléter cet arsenal avec la possible interdiction provisoire de certains voyages à l’étranger, à Majorque notamment, destination en Espagne très prisée des Allemands.
Jugé insuffisante par les scientifiques, la « pause » de Pâques était critiquée de toutes parts, des associations de commerçants redoutant ses conséquences économiques aux chrétiens privés de messe de Pâques « en présentiel ».
L’irritation a gagné les rangs du gouvernement. Le ministre de l’Intérieur, le conservateur bavarois Horst Seehofer, s’est ainsi dit « étonné que, de tous les partis, ceux dont le nom comporte un C (pour chrétien) suggèrent que les églises s’abstiennent de célébrer des offices, en particulier à Pâques ».
Scrutin du 26 septembre
La révolte gronde aussi dans les rangs des députés conservateurs CDU-CSU, inquiets de leur éventuelle réélection au scrutin du 26 septembre.
Nombre de députés, y compris de l’opposition, ont toutefois salué la démarche de contrition de la chancelière. Le parti d’extrême droite AfD a fustigé le « chaos » en vigueur selon lui en Allemagne, où « personne ne sait plus quelles règles s’appliquent ».
Ces critiques se traduisent par des sondages alarmants pour le camp conservateur CDU-CSU, auquel la victoire aux élections de septembre était encore promise il y a quelques semaines mais qui a depuis été éclaboussé par des scandales sur l’achat de masques impliquant plusieurs de ses membres.
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