Invoquant « la présomption d’innocence », le Pape François a refusé la démission du cardinal Philippe Barbarin en attendant son procès en appel, au grand dam des victimes pour qui le cardinal français symbolise le silence de l’Église face à la pédophilie.
Le Vatican a confirmé par communiqué que « le Saint-Père n’a pas accepté la démission présentée par le Cardinal Philippe Barbarin », archevêque de Lyon depuis 2002, cardinal depuis 2003, primat des Gaules (titre honorifique conféré à l’archevêque de Lyon depuis le XIe siècle).
Cette annonce a provoqué l’indignation des victimes de pédophilie dans le diocèse de Lyon, qui ont dénoncé « l’erreur de trop ».
Alexandre Hezez : « L’Église n’est plus crédible à mes yeux »
Alexandre Hezez, victime du père Preynat, exprime son découragement après que le pape a refusé la démission présentée par le cardinal Philippe #Barbarin.https://t.co/RlA3jLrh1k pic.twitter.com/Mpoe3GerAH
— La Croix (@LaCroix) 19 mars 2019
« Cela me paraissait improbable que (le pape) puisse faire un telle erreur. C’est incroyable », a réagi François Devaux, cofondateur de l’association de victimes La Parole libérée. « Je crois que cet homme-là va réussir à tuer l’Église, cette décision va avoir des conséquences catastrophiques », précise-t-il.
Il ajoute : « L’humanité entière constate désormais que le Pape n’est pas en phase avec les valeurs qu’il prône… Personne n’y comprend rien », tandis qu’une autre membre de l’association, Pierre-Emmanuel Germain-Thill, fustigeait une décision « choquante » et « un faux-pas de plus » de la part du pape.
D’un côté, le Pape François refuse la démission de Barbarin, invoquant la « présomption d’innocence » alors qu’il a été condamné « pour non-dénonciation d’actes pédophiles ».
De l’autre, La Morandais considère que les enfants victimes de pédophilie cherchent « de la tendresse. » pic.twitter.com/BZ7QpXWbjq— Elodie Jauneau (@ElodieJauneau) 19 mars 2019
Dans une prise de distance singulière, la Conférence des évêques de France s’est dite « étonnée » d’une situation « inédite ». Son président, Mgr Georges Pontier, a dit toutefois comprendre que la décision du pape résulte du « conflit entre deux exigences », celle de « respecter le cheminement de la justice » et celle de « se préoccuper du bien du diocèse de Lyon ».
D’après 20 minutes, « le Pape n’envoie pas un signe fraternel de compassion. La défense de l’Institution l’emporte sur la défense des victimes. Elle ne prend pas à bras-le-corps la question de la pédophilie. Le message envoyé n’est ni chrétien ni évangélique », explique Christian Terras, directeur du magazine chrétien Golias. « À partir du moment où il laisse le cardinal Barbarin sur son siège, il cautionne quelque part les abus du chœur ».
Le repris de justice Barbarin fait honte à toute l’église. Preuve est encore faite qu’il n’a aucune compassion pour les victimes.
— Dieu avec nous (@egabriot) 19 mars 2019
« Les derniers espoirs se sont ainsi effondrés », souligne François Devaux, et de poursuivre : « L’Évangile a enfanté un Alien. Les gens vont commencer à comprendre que l’Église est malveillante, qu’elle ne respecte rien, ni le droit canonique, ni même l’Évangile. À mes yeux, le Pape est coupable. Si les gens ne l’entendent pas, voici une démonstration de plus ».
Mgr Barbarin a été condamné le 7 mars à six mois de prison avec sursis pour ne pas avoir dénoncé à la justice les agressions pédophiles imputées par des scouts au père Bernard Preynat dans les années 1980/1990, et dont il avait été informé par une victime en 2014. Le père Preynat n’a pas encore été jugé.
La décision du pape François est :
-terrible pour les victimes
-mauvaise pour le cardinal Barbarin – qui l’avait demandée.
-mauvaise pour le diocèse de Lyon
-mauvaise pour le pape qui se décrédibilise
-catastrophique pour l’Eglise dont les croyants se détournent #pedophilie https://t.co/0vEtvfmKSG— François Beaudonnet (@beaudonnet) 19 mars 2019
Le cardinal a martelé durant le procès n’avoir « jamais cherché à cacher, encore moins à couvrir ces faits horribles ». Mais le jugement considère qu’il a choisi de ne rien dire aux autorités françaises « pour préserver l’institution » de l’Église, empêchant ainsi « la découverte de très nombreuses victimes d’abus sexuels par la justice ».
Réputé proche de Mgr Barbarin, le pape argentin a longtemps pris personnellement la défense du cardinal français. Lorsque l’affaire avait éclaté en 2016, il avait déjà rejeté une démission du prélat, jugeant qu’elle serait « un contresens, une imprudence », avant l’issue de son procès.
D. S avec AFP
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