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Aurélien Berhneim, co-fondateur du MEJF : « La gauche nous demande de fermer les yeux sur l’antisémitisme existant au sein du Nouveau Front populaire »

juillet 5, 2024 16:32, Last Updated: juillet 5, 2024 22:21
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ENTRETIEN – Pour Aurélien Berhneim, co-fondateur du Mouvement des étudiants juifs français (MEJF), qui ambitionne de redonner ses lettres de noblesse à la tradition du franco-judaïsme née sous Napoléon, une victoire électorale du Nouveau Front populaire au second tour des législatives fait courir une menace existentielle pour les Français de confession juive.

Epoch Times : Pouvez-vous tout d’abord expliquer les raisons qui ont motivé la création du Mouvement des étudiants juifs français ?

Aurélien Berhneim : Trois motivations principales ont animé notre démarche. Premièrement, nous ne nous sentons pas représentés par les institutions juives officielles en France : le CRIF, le Consistoire israélite et l’Union des étudiants juifs de France (UEJF). Ces organisations prétendent parler en notre nom, mais elles ne capturent pas toute la complexité de la population juive, notamment sur le plan politique. Elles persistent à penser que la menace antisémite provient essentiellement de la droite, en particulier du Rassemblement national. À l’inverse, nous estimons que ce sont l’islamisme et l’extrême gauche qui constituent aujourd’hui les plus grands dangers pour les juifs en France.

Deuxièmement, nous aspirons à raviver un mouvement juif patriote, s’inscrivant dans la noble tradition du Franco-judaïsme, qui unit harmonieusement l’identité française et l’identité juive. Ce courant, né au XIXe siècle avec la création du Consistoire par Napoléon Bonaparte, est une véritable déclaration d’amour à la France. Cette interpénétration des identités française et juive se manifeste à travers des figures éminentes telles que Jacques Offenbach, Georges Mandel et, à notre époque, Alain Finkielkraut.

Troisièmement, nous visons à relancer un mouvement sioniste fidèle à la doctrine de Vladimir Jabotinsky, représentant du sionisme de droite, que nous considérons comme le plus cohérent et réaliste concernant Israël. Autrefois, ce sionisme de droite était incarné en France par le Betar, un mouvement de jeunesse aujourd’hui disparu, ses cadres ayant fait leur aliyah, quittant ainsi la France.

En somme, le mouvement des étudiants juifs français ambitionne de conjuguer patriotisme et sionisme, offrant ainsi aux jeunes juifs une voix authentique en phase avec leurs valeurs et leurs convictions.

Quels sont à vos yeux les risques pour les jeunes Français de confession juive si le Nouveau Front populaire parvenait à emporter une majorité absolue à l’Assemblée ?

Tout d’abord, une majorité absolue à l’Assemblée nationale pourrait influencer la politique étrangère française, en cherchant probablement à obtenir la reconnaissance d’un État fantoche. Depuis ses débuts, on tente de nous faire croire que la cause palestinienne est une noble cause, toutefois ponctuellement défigurée par les actions des fanatiques ne représentant pas les Palestiniens dans leur ensemble. Pourtant force est de constater que sa défense se traduit systématiquement par des meurtres de masse antisémites, et ce depuis les pogroms en Palestine mandataire orchestrés par Mohammed Amin al-Husseini, le grand mufti de Jérusalem connu pour sa poignée de main chaleureuse avec Hitler.

Avec une Assemblée nationale sous domination de la France Insoumise, les dérapages pro-palestiniens se multiplieraient, favorisant par la même occasion la violence contre les juifs. Rappelons qu’en 2014, une manifestation pro-palestinienne dans le quartier de la « petite Jérusalem », à Sarcelles, s’est rapidement transformée en pogrom, des jeunes musulmans fanatiques attaquant la synagogue, incendiant les commerces juifs, saccageant le mobilier urbain de cette commune où vit une importante communauté juive. Il existe indéniablement un risque sécuritaire pour les juifs en France.

Depuis le 7 octobre, en raison de la propagande diffusée par la France insoumise, de nombreux étudiant juifs ont déjà fait les frais d’un antisémitisme d’atmosphère à l’université, qui a atteint son point culminant au moment des blocages sur le campus parisien de Sciences Po. Fort heureusement, seuls des étudiants gauchistes ont manifesté contre Israël. Si les jeunes des banlieues étaient venus se joindre à ce bouillonnement protestataire, alors il y aurait eu un haut risque de violences contre les étudiants juifs.

Enfin, il faut souligner le programme de l’alliance d’extrême gauche « totalement immigrationniste », selon les termes employés par Emmanuel Macron lui-même. La politique migratoire insensée de la France des dernières décennies a entraîné une explosion de l’insécurité, dont les juifs sont particulièrement victimes, les poussant à fuir certains territoires comme le département de Seine-Saint-Denis. Dans ces conditions, continuer et accentuer les entrées sur le territoire reviendrait à accepter d’amplifier un phénomène à la racine de la flambée de l’antisémitisme en France.

Au soir du premier tour des législatives, la place de la République était tapissée de drapeaux palestiniens et algériens brandis par des électeurs du Nouveau Front populaire, sans qu’aucun drapeau tricolore ne soit visible. Que cela vous inspire-t-il ?

Au sein du MEJF, nous ne sommes guère surpris par les événements actuels. Ceux qui le sont, ce sont ceux qui ont fermé les yeux pendant des années, découvrant maintenant qu’une nouvelle population sur notre sol préfère brandir le drapeau palestinien, ou encore les drapeaux marocain et algérien, plutôt que le drapeau français.

La place de la République, prise en otage ce soir-là, a été le théâtre d’une manifestation incarnant parfaitement l’islamo-gauchisme, puisqu’elle réunissait d’un côté de jeunes musulmans, et de l’autre, la gauche dans toutes ses tendances, des insoumis aux socialistes en passant par les écologistes. C’est une alliance contre-nature, où se côtoient queers, gays et féministes aux côtés de femmes voilées. Malheureusement, cela finira mal, comme en Iran, ce n’est qu’une question de temps.

La gauche voit aujourd’hui dans les musulmans une nouvelle minorité à défendre, dans la continuité d’un antisémitisme de gauche qui a existé au XIXe siècle, avec des figures comme Wilhelm Marr, où les juifs perçus comme étant membres de la classe capitaliste étaient alors accusés de persécuter les ouvriers. Aujourd’hui, la lutte des classes a été remplacée par la lutte des races, paradigme dans lequel les juifs sont perçus comme des Blancs colonisateurs persécutant les musulmans, que ce soit en Israël ou en France.

Estimez-vous que le Rassemblement national est un parti masquant son antisémitisme, comme l’affirment certains de ses adversaires politiques, à l’instar d’Arié Alimi, qui, dans sa tribune au Monde, évoque un « antisémitisme ontologique » du parti à la flamme à contraster avec un « antisémitisme contextuel » du NFP ?

Il est important de préciser l’identité de l’auteur de la tribune publiée dans Le Monde. Arié Alimi est un militant d’extrême gauche qui se contrefiche totalement du judaïsme. Il utilise son identité juive uniquement dans le but de transmettre un message politique. En prenant à parti les 500.000 juifs en France, il nous demande de fermer les yeux sur l’antisémitisme existant au sein du Nouveau Front populaire, de baisser la tête, et de devenir des juifs dhimmi pour la cause prétendument noble de la créolisation française.

En ce qui concerne le Rassemblement national, il est nécessaire de revenir sur l’antisémitisme historique de la gauche et de l’extrême gauche, notamment au XIXe siècle avec Wilhelm Marr. C’est cette figure de la gauche qui est à l’origine de l’invention du terme antisémitisme au travers de ses discours de haine contre les juifs. Cependant, l’antisémitisme de ce bord politique a, à mon sens, été en quelque sorte blanchi par l’affaire Dreyfus, car c’est une certaine gauche, comme celle d’Émile Zola, qui a pris la défense des juifs. Cela montre que les partis peuvent évoluer. Il est donc intellectuellement malhonnête de prétendre que le Rassemblement national d’aujourd’hui est identique au Front national d’hier.

Par ailleurs, le RN n’a rien à y gagner électoralement en défendant les juifs, car il y a à peine 500.000 juifs en France, qui plus est, divisés politiquement. Bien que cela ait une portée symbolique.

Cela étant, prendre la défense d’Israël est aujourd’hui périlleux, car cela peut vous vouer aux gémonies par les arbitres du politiquement correct. Malgré tout, ils soutiennent l’État juif, ce qui dénote une sincérité de leur part. Même si ce parti ne met pas cette dimension en avant, il défend ainsi un consensus civilisationnel entre Israël et l’Europe chrétienne.

Comment percevez-vous les combinaisons électorales entre le Nouveau Front populaire, la macronie et même une partie de la droite LR visant à faire barrage au RN ?

En faisant alliance avec le Nouveau Front populaire au nom de la lutte contre le RN, le bloc central se montre cohérent, puisqu’il s’allie avec la coalition d’extrême gauche qui exploite électoralement les individus que la macronie fait venir sur le territoire français : 500.000 étrangers par an. Cette porosité entre ces deux blocs est manifeste, comme l’a d’ailleurs démontré l’affaire de l’inscription de l’IVG dans la Constitution, où il a suffi que l’extrême gauche siffle pour que le centre accourt.

Si la forme est différente, ces deux groupes politiques partagent la même vision de fond. Au centre, il s’agit de bourgeois bien articulés et posés qui favorisent une société dépourvue de valeurs et la dissolution du peuple français par le biais d’une politique d’immigration massive. À l’extrême gauche, ce sont des gens à l’élocution parfois approximative et à l’attitude souvent excentrique, mais l’objectif poursuivi est le même, seulement de manière plus rapide et radicale.

Concernant Israël, je ne placerai cependant jamais la macronie et la France insoumise avec ses alliés sur le même plan, puisqu’Emmanuel Macron ne prétend pas que l’État juif commet un génocide à Gaza. Pour autant, le centre fait néanmoins montre d’hostilité envers le peuple juif. C’est bien la France d’Emmanuel Macron qui a adopté, en 2021, une résolution onusienne niant que le mont du Temple, lieu sacré du judaïsme, soit appelé ainsi, préférant le terme esplanade des Mosquées. Un vote à charge contre Israël, niant l’identité du peuple juif et sa souveraineté sur sa terre ancestrale.

Aux Nations unies, la France condamne par ailleurs systématiquement Israël. Cette hostilité s’est également manifestée le mois dernier, avec l’exclusion des Israéliens par le gouvernement au salon de défense Eurosatory. Comme le disait Léon Poliakov, on fait d’Israël le « juif des nations ». Même si le mode opératoire est plus subtil, le centre s’aligne sur le positionnement de la gauche et de l’extrême gauche, qui cherchent à déshumaniser les juifs.

Macron et Mélenchon partagent un point commun : ils adorent les juifs morts durant la Shoah, mais abhorrent ceux qui, aujourd’hui, défendent leur nation, refusent d’être des dhimmis, veulent affirmer leur identité juive et assument leur statut civilisationnel.

« Il faut convaincre que le RN est un parti raciste, corrompu, rongé par le népotisme, truffé de repris de justice… », a lancé Bernard-Henri Lévy sur X au lendemain du premier tour des législatives. Le 15 juin, celui-ci affirmait pourtant sur le même réseau social que « cette gauche prétendument insoumise, celle des Mélenchon et Cie, est soumise, en réalité, aux pires penchants criminels et fascistes de notre époque ». Quelle analyse faites-vous de ces déclarations ?

Il convient d’abord de présenter Bernard-Henri Lévy. Il soutient le nationalisme en Israël et à l’étranger, par exemple en Ukraine, tout en prônant le multiculturalisme en France. À ses yeux, les autres nations ont droit de revendiquer leur identité propre, sauf la France. C’est une position qui manque terriblement de cohérence.

À ces personnalités juives qui donnent pareilles consignes de vote, je leur réponds qu’il faudrait qu’elles se glissent, pendant seulement un mois, dans la vie d’un jeune homme qui est le seul juif de sa classe à l’école et qui, dans son quartier, fait partie d’une minorité vivant dans la peur constante générée par l’insécurité, conséquence de décennies d’immigration en provenance de pays islamiques.

Comme une large partie des élites progressistes en France, Bernard-Henri Lévy manque de compassion envers les Français, victimes d’une violence débridée au quotidien. De là découle la disparition progressive de la nation. Qu’est-ce qu’une nation ? C’est appartenir à la même communauté et se sentir responsable les uns des autres. En fermant les yeux sur la souffrance de ses compatriotes, juifs notamment, en refusant de s’engager dans le projet national, il se sépare du peuple français.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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