Si vous passez devant un réfrigérateur à boissons dans n’importe quel magasin, vous serez attiré par des clignotements de néons et des lettres en gras affichants « Énergie ! ».
Les fabricants de ces boissons promettent que des ingrédients tels que la caféine, les acides aminés et les extraits de plantes vous apporteront une concentration et une motivation surhumaines à chaque gorgée. Pourtant, sous la languette se cache un danger qui pourrait bien l’emporter sur l’effet bénéfique de la boisson. Il est important de se poser la question suivante : « Et si le coût de cette bouffée d’énergie n’était pas seulement de l’argent ? »
L’évolution des boissons énergisantes
À l’origine populaires en Asie, les premières boissons énergisantes ont été commercialisées en Thaïlande au cours des années 1970. Les boissons énergisantes ont été introduites sur le marché européen à la fin des années 1980, date à partir de laquelle a débuté leur succès grandissant à travers le monde.
En 1929, une boisson à base de glucose nommée“Lucozade Energy”, (anciennement Glucozade en 1927) a été introduite au Royaume-Uni en tant que complément nutritionnel pour les patients hospitalisés qui se remettaient d’une maladie, notamment de la grippe.
D’une manière générale, en Europe, les boissons énergisantes ont commencé à faire surface par Dietrich Mateschitz, un entrepreneur autrichien qui a développé le Red Bull, basé sur une boisson thaïlandaise, le Krating Daeng. Toutefois, ce n’est qu’avec les campagnes de marketing massives de Dietrich Mateschitz en Autriche et au-delà, à la fin des années 80-90, que les boissons énergisantes ont réellement pris leur essor au niveau mondial. Red Bull, un mélange de caféine, de taurine, de vitamines B et de sucre, a établi la formule standard des boissons énergisantes que de nombreuses marques imitent aujourd’hui.
Aujourd’hui, le marché mondial des boissons énergisantes et sportives est évalué à plus de 159 milliards de dollars, la France représentant à elle seule près de 200 millions d’euros de chiffre d’affaire annuel .
Outre les adultes, les adolescents sont attirés par ces toniques énergisants pour leurs performances scolaires ou sportives. Certaines écoles ont commencé à interdire les boissons énergisantes en raison de leur teneur élevée en sucre et en caféine, qui peut entraîner une baisse d’énergie, rendant difficile la concentration et l’étude à long terme.
Le côté sinistre de la surconsommation d’énergie
Si les boissons énergisantes peuvent avoir des effets bénéfiques à court terme, tels que la vigilance et la concentration, les recherches indiquent qu’elles peuvent également avoir des effets négatifs sur la santé.
« La quantité et la qualité de la caféine contenue dans les boissons énergisantes donnent une fausse source d’énergie », a déclaré Omar Eliwa, pharmacien agréé dans le Wisconsin, à Epoch Times. « Vous consommez plus que ce que votre cerveau peut supporter. À long terme, cela nuit à la mémoire, au vieillissement des cellules, à l’épuisement des nutriments et vous empêche de manger, ce qui affecte également le métabolisme. »
Comment les boissons énergisantes affectent le cerveau
Les chercheurs en savent de plus en plus sur la façon dont la combinaison des ingrédients contenus dans les boissons énergisantes affecte le cerveau, et le tableau n’est pas encourageant.
1. Troubles neurodégénératifs et vieillissement du cerveau
Les boissons énergisantes contenant de la caféine peuvent provoquer des changements neurodégénératifs dans l’hippocampe, une structure essentielle pour la mémoire à long terme, chez les rats albinos mâles, selon étude de 2020, publiée dans la revue Anatomy and Cell Biology.
Une forte consommation de sucre a également été associée à un risque accru de résistance à l’insuline. La résistance à l’insuline empêche les cellules de tout l’organisme, y compris les cellules cérébrales, d’absorber correctement le glucose. Au fil du temps, l’altération de la signalisation de l’insuline peut contribuer à la neurodégénérescence et à l’accélération du vieillissement du cerveau.
En outre, la résistance à l’insuline contribue à la progression de la maladie d’Alzheimer par le biais de divers mécanismes, notamment l’escalade du stress oxydatif, comme l’indique une étude publiée dans l’International Journal of Molecular Sciences en 2021.
« Les boissons énergisantes sont souvent emballées dans de l’aluminium, une neurotoxine qui a été associée à la maladie d’Alzheimer », a déclaré le Dr Aruna Tummala, psychiatre intégrative à Trinergy Health et fondatrice de Psychiatry 2.0, à Epoch Times.
2. Le TDAH
Les colorants alimentaires tels que le colorant rouge 40, également connu sous le nom de Rouge allura AC, sont courants dans les boissons énergisantes et sportives, et ils peuvent diminuer l’absorption de minéraux tels que le zinc et le fer, nécessaires à la croissance et au développement.
Certaines recherches suggèrent que les colorants alimentaires artificiels comme le colorant rouge 40 peuvent exacerber les symptômes du trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité (TDAH) chez les enfants. En 2007, un essai contrôlé randomisé mené au Royaume-Uni a révélé que la consommation de colorants artificiels et/ou du conservateur largement utilisé, le benzoate de sodium, était liée à des niveaux accrus d’hyperactivité chez les enfants.
Une méta-analyse réaliséée en 2012 a estimé qu’environ 8 % des enfants atteints de TDAH présentent des symptômes associés à la consommation de colorants alimentaires et a mis en évidence les avantages potentiels de l’élimination des colorants artificiels de leur régime alimentaire.
3. Fatigue, insomnie et maux de tête
« L’effondrement dû au sucre et à la caféine est bien réel », a déclaré Aidan Prud’Homme, un lycéen, à Epoch Times. Il consommait une ou deux boissons énergisantes par jour pour rester concentré et plein d’énergie à l’école. Les effets secondaires qui l’accompagnent sont une fatigue prolongée, des maux de tête et des troubles du sommeil.
En tant que diurétique, la caféine contenue dans les boissons énergisantes peut entraîner une déshydratation en augmentant la production d’urine. Une hydratation adéquate est essentielle au bon fonctionnement du cerveau, car les cellules cérébrales sont principalement constituées d’eau. La déshydratation provoquée par les boissons énergisantes peut donc entraîner de la fatigue et un manque de concentration.
Selon le Dr Tummala, les boissons énergisantes peuvent entraîner une insomnie à long terme en raison de la caféine qu’elles contiennent. La caféine favorise l’éveil en augmentant les niveaux d’histamine et de glutamate, des neurotransmetteurs qui perturbent les cycles du sommeil.
L’arrêt de la consommation de boissons énergisantes peut entraîner un sevrage de la caféine, souvent à l’origine de maux de tête, selon le Dr Tummala. À l’arrêt de la caféine, les vaisseaux sanguins s’élargissent, entraînant une augmentation du flux sanguin et une hausse de la pression qui déclenche un mal de tête.7
4. L’anxiété
Les boissons énergisantes peuvent augmenter le taux de catécholamines , des neurotransmetteurs impliqués dans la réponse du corps au stress. Le pic de ces substances chimiques augmente le rythme cardiaque et le flux sanguin, déclenchant une réaction de lutte ou de fuite chez certaines personnes, ce qui entraîne de l’anxiété.
5. Les crises d’épilepsie
Le lien entre les boissons énergisantes et l’augmentation des crises d’épilepsie suscite de plus en plus d’inquiétudes. La caféine contenue dans les boissons énergisantes favorise la libération de glutamate et de dopamine, des neurotransmetteurs excitateurs, et réduit la réactivité au GABA, un neurotransmetteur inhibiteur dans le système nerveux central, abaissant ainsi le seuil des crises, selon un article récent de la revue Nutrition. Les crises ont cessé lorsque les personnes se sont abstenues de consommer des boissons énergisantes.
Comment les boissons énergisantes affectent le reste du corps
Les inquiétudes concernant les effets globaux des boissons énergisantes sur la santé sont de plus en plus vives dans le monde. La Pologne, par exemple, a récemment interdit la vente de boissons énergisantes contenant de la taurine et de la caféine aux moins de 18 ans.
1. Le diabète
La forte teneur en sucre des boissons énergisantes peut entraîner une résistance à l’insuline, ce qui se traduit par une élévation de la glycémie qui peut, avec le temps, conduire au prédiabète et au diabète de type 2.
Les propriétés addictives de la caféine font de ces boissons un sujet de préoccupation majeur pour les enfants.
« Les enfants reçoivent une soudaine poussée de sucre, ce qui jette les bases de la résistance à l’insuline et du diabète de type 2 », avertit le Dr Tummala.
2. Le stress
La caféine et les autres ingrédients stimulants des boissons énergisantes incitent les glandes surrénales à libérer des quantités excessives de cortisol, l’hormone du stress. Avec le temps, les glandes surrénales peuvent être surmenées, ce qui peut entraîner un épuisement des glandes surrénales (pdf), de la fatigue et une altération de la réponse au stress.
3. Problèmes cardiaques
« La teneur élevée en caféine des boissons énergisantes est associée à des arythmies cardiaques et à la mort cardiaque subite », a déclaré le Dr Tummala. La caféine et la taurine affectent le rythme cardiaque et la repolarisation, facilitant ainsi l’arythmie, selon une étude expérimentale réalisée en 2022 sur des cœurs de lapin. Au moins un rapport de cas humain a également établi un lien entre la consommation excessive de boissons énergisantes et l’insuffisance cardiaque aiguë.
Alternatives saines
Après avoir été confronté à des effets secondaires gênants, Aidan, un lycéen, a fini par opter pour des boissons plus saines.
Des alternatives plus saines peuvent fournir une énergie et une concentration soutenues, sans les risques. L’eau pétillante additionnée d’un peu de jus de fruits, par exemple, est une boisson rafraîchissante, semblable à un soda, qui regorge d’antioxydants. Les tisanes comme l’hibiscus et le rooibos contiennent également des antioxydants et des substances phytochimiques bénéfiques.
Mieux encore qu’une boisson, une activité physique telle que la marche, dont il a été démontré qu’elle réduisait le stress, augmentait les niveaux d’énergie et favorisait la santé cérébrale.
Ce type de solution mérite d’être souligné pour les enfants d’aujourd’hui, qui passent plus de temps assis devant des écrans qu’à bouger avec leurs amis, comme le faisaient les générations précédentes.
Les experts en santé soulignent l’importance de la sensibilisation des parents aux choix de boissons des enfants. « L’un des points critiques que je reproche aux boissons énergisantes est leur méthode de commercialisation trompeuse pour le consommateur, qui peut ne pas savoir ce qu’on lui présente », a déclaré Omar Eliwa. « Nous devons faire attention aux petits détails. Vérifiez les étiquettes », a-t-il ajouté. « Nous devons protéger nos enfants.»
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