Bien sûr, les marchés boursiers du monde entier ont été surévalués pour un certain temps et les spéculateurs ont eu recours à un endettement de marge pour acheter des actions. Faut-il pour autant être surpris de cette correction attendue depuis longtemps ? Peut être le plus intéressant est de constater le changement dans le sentiment du marché, du en premier lieu à la Chine.
Au cours de la dernière année, le pays a connu l’éclatement d’une bulle immobilière, un fort ralentissement économique, un krach et une dévaluation inattendue de sa monnaie. Tout bien considéré, avec ce genre d’antécédents, il est surprenant que les marchés mondiaux n’aient pas réagi jusqu’à récemment. La Chine a ainsi du corriger son marché (une baisse de plus de 10%) tout au long de la semaine dernière.
Certains observateurs s’imaginaient peut être, aux vues de la fermeture du système financier chinois, que ce dernier n’exporterait pas sa volatilité interne. Bien sûr, il existe d’autres raisons pour le recul dans les marchés boursiers occidentaux (hausse des taux de la Fed, niveaux de valorisation extrêmes, marge de spéculation, et ralentissement de la croissance).
Cela vaut la peine quand même de jeter un œil sur les connexions de cette baisse mondiale à la situation actuelle de la Chine. Car la deuxième économie du monde pourrait bien danser sur les mêmes charbons ardents que les subprimes, quand celles-ci étaient à leur plus haut niveau durant la dernière crise financière en 2008.
Considérations économiques
Pour que les bourses remontent la pente, le monde a besoin de croissance économique, et les entreprises ont besoin d’accroître leurs bénéfices. Et même si la croissance de la Chine a bénéficié pendant des décennies d’un excédent commercial dans ses affaires avec l’étranger, le pays a aussi acheté plus de la moitié du minerai de fer et de ciment disponibles dans le monde chaque année, afin de l’utiliser dans des projets d’investissements parfois discutables.
Cela a ainsi bénéficié aux exportateurs de matières premières tels que l’Australie, une grande partie de l’Amérique du Sud, le Canada et même les États-Unis. La consommation de 10% du pétrole mondial a également été une aubaine pour les producteurs de pétrole du Moyen-Orient.
Les pays qui n’exportent pas de matières premières ont aussi trouvé un bénéfice indirect par le biais de l’exportation de biens d’équipement – par exemple, dans les mines à ciel ouvert australiennes, on ne voit pas autre chose que des camions Caterpillar de fabrication américaine. Dans une large mesure, les sociétés automobiles, ou l’industrie du luxe ont bénéficié de la hausse du niveau de vie des classes moyennes en Chine ; mais aussi de la corruption endémique qui s’y poursuit.
La fin de la récréation a néanmoins été sifflée depuis que l’indice des produits de base Bloomberg a diminué pour atteindre un niveau jamais vu depuis 1999. Les matières premières constituent un marché où circulent de fort capitaux ; si un des acteurs se fait mal, tout le monde souffre. Dans ce cas particulier, tous ceux qui ont misé leur investissement et leur croissance sur la croissance chinoise sont atteints. On pourrait citer l’exemple de l’industrie minière mondiale, qui a investi 400 milliards de dollars dans des projets d’expansion depuis 2009.
Donc, les perspectives de croissance pour les prochaines années fondent comme neige au soleil pour les quelques industries tenantes de secteurs clés à l’échelle mondiale. Avec en prime, la possibilité de pertes désagréables dues à de mauvais investissements dans la (sur)capacité. Il ne sera pas étonnant de voir les industries de ces marchés durement touchées, ce qui pourrait entraîner dans leur sillon d’autres entreprises.
Considérations financières
Au premier regard, la Chine a adopté une économie au capital plutôt fermé, et les problèmes au sein de son système financier devraient avoir un impact limité sur les marchés mondiaux. En théorie.
Cependant, dans la pratique, la Banque populaire de Chine (BPC) possède encore 3,7 mille milliards de dollars en réserves de change – l’établissement a écoulé plus de 300 milliards dollars au cours des 12 derniers mois pour satisfaire la demande privée de dollars.
Compte tenu de sa taille, toute action entreprise par la BPC a un impact sur le marché et, récemment, ils ont été en position de vente.
En outre, la Chine a des obligations commerciales d’une valeur d’environ 500 milliards de dollars en suspens ; qui sont utilisées par les entreprises pour emprunter des dollars pour acheter des matières premières sur les marchés mondiaux.
» Les entreprises chinoises qui exportent vers les États-Unis (comme Foxconn) ne sont pas les mêmes entreprises qui importent des ressources pour tout ce qui relève de la fabrication et de l’assemblage. Les importateurs doivent emprunter des dollars, soit des banques étrangères situées sur les côtes, soit auprès des banques chinoises indigènes qui elles-mêmes doivent emprunter des dollars « , analyse Jeffrey Snider, de l’Alhambra Investment Partners.
Une grande partie de ce financement du commerce est précisément garantie par les matières premières qui ont été en chute libre (cuivre, acier), conduisant à des pertes pour l’importateur.
Ajoutez à cela le fait que la balance commerciale de la Chine a été assez fortement entamée, et que le débit de dollars a considérablement diminué à l’intérieur du pays : au final, cela mène les importateurs à avoir désespérément besoin de dollars pour le service de leur dette commerciale. Voici une autre raison de la dévaluation surprise du 11 août : la Chine permet aux entreprises d’acheter des dollars sur le libre marché.
Ainsi, le commerce est paralysé, les importateurs chinois liquident leurs positions sur le marché des matières premières (ou cessent d’acheter) pour assurer le service de la dette, ce qui fait baisser le prix. Cette dynamique entraîne les spéculateurs mondiaux endettés à faire de même, le tout ayant pour effet une baisse des prix, tout en accentuant la pression sur les entreprises chinoises : un cercle vicieux bien connu, celui du désendettement de la bulle.
Les pertes dans le secteur marchand obligent les investisseurs à vendre des positions rentables, afin de répondre à des appels de marge.
Les réserves pourraient être rapidement épuisées
Arrivé à ce point, il faudrait évoquer les réserves de change de la Chine. Elles pourraient effectivement être vendues pour réduire la crise de liquidité et certaines l’ont déjà été. Cependant, la plupart de ces investissements sont très peu liquides. Comme le souligne la Fondation du patrimoine, la Chine a versé plus d’1 milliard de dollars en investissements étrangers non liquides, principalement dans le secteur minier et de l’énergie.
En résumé, il s’agit d’investissements sous pression en ce moment, ce qui les rendront difficile à vendre parce que la plupart d’entre eux ne sont pas cotés en bourse.
De même, le pays possède encore de nombreux placements liquides, tels que les bons du trésor américains (1,3 milliard de dollars), mais Jeff Snider avertit sur le fait que ces réserves peuvent s’épuiser plus vite qu’il n’en faut pour prononcer le mot » banqueroute « .
» Les sorties de fonds ont été énormes. Il n’y a aucune garantie pour que cela reste stable, et si les conditions se détériorent, cela pourrait croître de façon exponentielle comme dans une course » affirme t-il.
À un an ou deux de cela, la situation était différente parce que les crédits en dollar étaient facilement accessibles. Cependant, depuis que la Fed a cessé de pomper de l’argent dans les marchés en 2014, la liquidité mondiale en dollars a été considérablement réduite pour tout le monde, pas seulement pour la Chine.
La situation serait déjà assez mauvaise si la Turquie et le Brésil devaient se bousculer pour des financements en dollars, la vente d’actifs, ou encore pour faire baisser les prix des matières premières. Si la Chine entre dans ce petit jeu, cela aurait le même effet qu’un éléphant entrant dans une baignoire déjà remplie de baigneurs. Qu’adviendra t-il à l’eau? Pour être fixé, il n’y a qu’à observer le marché ces derniers temps.
Article original: How the China Crash Influences World Markets
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