Les agriculteurs se mobilisent pour faire monter la pression sur des négociations commerciales avec la grande distribution.
Ce mercredi matin, les agriculteurs se mobilisent et prévoient de se masser aux portes de Paris à l’orée d’une journée de manifestation dans toute la France, pour faire monter la pression sur des négociations commerciales avec la grande distribution, à l’appel des syndicats de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) et Jeunes Agriculteurs (JA).
Cette nouvelle manifestation, c’est « pour l’efficacité des États généraux de l’alimentation, et pour l’arrêt des distorsions franco-françaises », a expliqué Christiane Lambert, présidente de la FNSEA.
Les agriculteurs avancent vers Paris en bloquant de nombreux axes de circulations. #sauvetonpaysan pic.twitter.com/aJIfsemGcr
— Remy Buisine (@RemyBuisine) November 27, 2019
« Un exploitant sur trois est à zéro ou en déficit »
Mathieu Garnotel, qui exploite 130 hectares dans la Marne, est venu avec une vingtaine d’autres agriculteurs rejoindre les convois parisiens, mercredi matin à Coutevroult en Seine-et-Marne, près du péage sur l’A4.
« Actuellement dans la Marne, un exploitant sur trois est à zéro ou en déficit, et l’année précédente nos revenus avaient baissé de 75% par rapport à la moyenne 2010-2014, à cause de la chute des prix, de la suppression des quotas (sucriers, ndrl) et de l’augmentation des charges (matériel et intrants plus chers, augmentation de la redevance pour pollution diffuse et de la taxe sur l’azote), on est pris dans un effet ciseau », explique-t-il.
Mardi soir, une cinquantaine d’agriculteurs de Loire-Atlantique et du Maine-et-Loire ont visé la coopérative Terrena et des grandes surfaces, à Ancenis (Loire-Atlantique), rapporte le quotidien Ouest-France mercredi.
La Loi dite Égalim, issue des États généraux de l’alimentation et mise en place en début d’année, était censée ramener du revenu dans les cours des fermes en rééquilibrant les relations commerciales, mais jusqu’ici les agriculteurs disent ne pas vraiment voir de différence.
Les manifestants veulent donc mettre la pression sur la grande distribution et ses fournisseurs, alors que viennent de commencer les négociations commerciales annuelles qui fixent les prix pour un an.
Comment ne pas être solidaire des #agriculteurs qui convergent ce matin à Paris ?
Avec le libre-échange imposé par l’UE et la passivité des dirigeants français, c’est une véritable guerre à mort qui leur est menée.
Soutien sans réserve !#SauveTonPaysan pic.twitter.com/ThZTJKTcfU
— Jordan Bardella (@J_Bardella) November 27, 2019
Les #agriculteurs en colère se préparent à déferler sur #Paris. Ici autoroute #A10 (91) quelques tracteurs attentent le gros des troupes venant de #SaintArnoultenYvelines (78) pour rejoindre un autre cortège sur l’#A6. pic.twitter.com/iItmj0hUav
— LINE PRESS (@LinePress) November 27, 2019
« L’impression d’être abandonné à la fois par les politiques et par la société »
Plus de 1 000 tracteurs venus des régions Hauts-de-France, Normandie, Ile-de-France, Grand-Est, Centre-Val-de-Loire et Bourgogne-Franche-Comté convergent vers l’avenue Foch, quartier cossu dans l’ouest de Paris. Certains représentants syndicaux, critiques des accords de libéralisation commerciale de l’UE, qui augmentent les importations agricoles et alimentaires en France, ont demandé à rencontrer le président de la République.
« Le principal motif de colère est l’impression d’être abandonné à la fois par les politiques et par la société », déclare Guillaume Moret, 49 ans, exploitant dans le Val d’Oise qui manifestera mercredi dans son tracteur, car « il y a beaucoup de dénigrement des agriculteurs par méconnaissance de notre métier ».
« On veut une agriculture et une alimentation de plus en plus propres, or, on importe de plus en plus de produits traités. Nous, on a du mal à s’y retrouver », déplore pour sa part Quentin Le Guillous, 29 ans, agriculteur à Houdan (Yvelines) qui part lui aussi pour Paris.
En Rhône-Alpes, des agriculteurs de toute la région ont prévu de bloquer les accès autoroutiers de Lyon en trois points : au nord (Limonest), au sud (Ternay) et à l’est (Beynost). À chaque point, une cinquantaine de tracteurs devraient être positionnés, selon la FDSEA et les JA.
Des exploitations laitières incendiées
Dans la nuit de vendredi à samedi dernier, trois incendies ont touché des exploitations laitières dans le secteur de Romans-sur-Isère (Drôme), tuant 30 bovins, selon la gendarmerie. Ces incendies n’ont pour l’heure pas été revendiqués.
Le ministre de l’Agriculture Didier Guillaume a indiqué mardi à l’Assemblée nationale qu’il partageait les inquiétudes des agriculteurs qui « sont malmenés, qui sont montrés du doigt ». « Depuis une dizaine de mois, c’est 50 intrusions dans des exploitations agricoles, dans des bâtiments d’élevage. Ce week-end encore, trois bâtiments ont brûlé, ce n’est pas acceptable ! », a souligné le ministre.
Point route : arrivée prévue des vers 9h30 aux portes de Paris. Actuellement sur l’A6. Les #agriculteurs du Nord de la Seine et Marne et de la Marne convergent sur l’A4. pic.twitter.com/srtIrWGfbf
— GUILLEmette JeaNNoT (@LaGuilleEnParle) November 27, 2019
Action sur l’A71 près de Clermont-Ferrand
En Auvergne, des agriculteurs viendront des quatre départements auvergnats (Cantal, Puy-de-Dôme, Haute-Loire et Allier), mais aussi de la Loire et de la Creuse pour une action dans la matinée sur l’A71 près de Clermont-Ferrand.
Des mobilisations sont également prévues à Toulouse et dans le Vaucluse, qui a prévu une « journée de deuil de l’agriculture vauclusienne ».
« On devait y être, mais ce n’est pas possible, là il y a des gens en détresse. On a au moins 200 agriculteurs qui ont tout perdu, maison, exploitation et leur salaire pour l’année », a expliqué pour sa part Sylvain Audemard, de la FSDEA du Var, deux jours après des inondations catastrophiques qui ont frappé son département.
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