L’un rêvait de départ en Syrie, l’autre glorifiait le nazisme, et tous deux dialoguaient en ligne avec une obsédée des armes désireuse de faire sauter une église.
Les trois comparaissent depuis mardi devant le tribunal pour enfants de Paris pour des projets distincts d’actions violentes entre jihadisme et néonazisme. Les trois jeunes, venant de l’Hérault, Paris ou le Haut-Rhin, avaient 16-17 ans au moment des faits, et ont été arrêtés courant 2021.
Au cœur de ce trio atypique, une jeune fille aux multiples pseudos et à la fascination morbide pour la violence, élève de CAP esseulée et déscolarisée depuis ses 16 ans. Issue d’une fratrie de cinq enfants qui vit dans la précarité, elle reste isolée dans sa chambre, à échanger sur la fabrication d’explosifs TATP ou des vidéos d’exécutions avec des adeptes de l’idéologie islamiste ou des suprémacistes d’ultradroite.
Des enquêteurs retrouveront ses carnets noircis et la mention de « lieux de haine », parmi lesquels un restaurant oriental, un centre culturel juif, une église protestante. « Il y a plus de haine qu’autre chose en moi, et je ne sais pas quoi faire de ma vie », lâchera aux enquêteurs celle qui dit sa « passion » pour les armes à feu.
En garde à vue, elle admet avoir « un peu pensé » à cibler une église à Béziers, et aussi s’être abonnée à la chaîne cryptée Telegram 19HH administrée par un certain « Abdellatif924 », qui lui parle de mariage et d’un départ pour l’Afghanistan, les Maldives ou la Turquie.
L’étudiant de classe préparatoire sous le pseudo « Abdellatif924 »
Derrière ce pseudo, un étudiant boursier qui est alors scolarisé en classe préparatoire dans un lycée prestigieux de la capitale et visait un temps HEC avant de préférer l’hijra (« départ ») en terre d’islam et les vidéos sur le Coran.
L’adolescent, converti vers ses 14 ans, est jugé pour avoir mûri des projets de départ en zone irako-syrienne pour y rejoindre des organisations terroristes, le groupe d’Omar Diaby affilié à Al-Qaïda notamment, ainsi que pour la diffusion de propagande jihadiste.
Le troisième, un amateur de MMA et d’Adolphe Hitler, décrit comme provocateur par ses proches, comparaît pour participation à des projets d’actions violentes, en particulier en recherchant des armes et en s’entrainant physiquement. Il signait sous le pseudonyme @Poutine4555, et manifestait auprès de « ses amis d’internet » son adhésion à la théorie du grand remplacement et sa fascination pour plusieurs auteurs de tueries de masse, dont Dylan Klebold, un des deux assaillants qui avaient tué 13 personnes au lycée de Columbine (États-Unis) en 1999.
Il évoquait sur une messagerie cryptée le projet d’une attaque dans son établissement scolaire qu’il envisageait avec un autre jeune homme, tout juste majeur. Ce dernier sera jugé en mars devant le tribunal correctionnel, tout comme la jeune femme jugée cette semaine devant le tribunal pour enfants et qui comparaîtra une seconde fois pour des faits survenus après sa majorité.
Le procès devant le tribunal pour enfants, à huis clos, est prévu jusqu’à vendredi.
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