Dans le village d’Abishegapakkam, sur le territoire de Pondichéry, sur la côte sud-est de l’Inde, trois frères perpétuent dans une petite clinique la tradition familiale. Ils continuent à traiter les patients à l’aide d’une méthode traditionnelle appelée «puttur kattu» (bandage) sans rayons x, ni antalgiques, ni plâtre.
Les trois frères, Murugappan R., Ayyappan et Kannan sont guérisseurs depuis trois générations. Bien qu’ils vivent dans un petit village d’environ 400 familles, ils sont assaillis par les patients. Un jour de semaine, en janvier, des patients faisaient la queue, alignés le long des murs, debout ou assis, alors qu’une centaine d’autres attendaient à l’extérieur sous un abri en plein air.
La procédure
Les guérisseurs commencent par sentir la zone où s’est produite la fracture, la luxation ou l’entorse. «En touchant les os, Murugappan peut dire quel est le problème» a expliqué Hariharan M., le fils de Murugappan âgé de 18 ans.
Les mouvements sont vifs, même brusques et arrachent des cris de douleurs chez certains patients dont les membres sont abimés. Les mains reboutent rapidement et habilement, montrant les compétences et la pratique des guérisseurs accumulées au fil d’années d’expérience. Leur diagnostic est la première partie de la pratique; l’autre partie est la compresse qu’ils utilisent sur la blessure. Elle est composée d’une herbe appelée séné ou Cassia lanceolata.
La propriété curative de la séné a été découverte, en 1881, par K. Kesava Raj et révélée dans une étude parue dans le Journal of Ayurveda and integrative medecine. Elle explique que cette technique appelée «puttur kattu» est une pratique traditionnelle d’Inde du Sud pour remettre les os en place.
Cette étude précise que Raj a découvert l’herbe en enveloppant un lapin blessé dans ses feuilles, il a alors remarqué qu’il récupérait plus rapidement que prévu.
Les guérisseurs de «puttur kattu» réduisent la plante en fine poudre, la mélangent à d’autres ingrédients et l’appliquent sur et autour de la blessure. Ensuite, ils bandent la partie du corps avec de la gaze et, dans certains cas, maintiennent les os en place avec un bâton de bambou.
Parfois, ils n’utilisent qu’une simple écharpe fabriquée à partir de la même gaze utilisée pour envelopper la partie du corps.
Une tradition familiale
Les frères sont au moins la troisième génération de guérisseurs, bien qu’ils ne savent pas de qui ou comment leur grand-père a appris la pratique.
En Inde, tout comme pour les autres méthodes de guérison traditionnelle, il s’agit plus d’un service à la collectivité que de la rentabilité financière.
«J’ai appris cette technique pour servir les gens», dit Murugappan, le plus vieux des trois frères. Pour le traitement, la famille demande seulement de 75 à 150 roupies (de 1,10 € à 2,20€), une fraction de ce qu’il en coûterait dans un hôpital moderne. «C’est assez pour nous», dit Hariharan. En comparaison, dans une maison de repos appelée Valli Vilas, près de Pondichéry, le traitement de deux os cassés au niveau de la cheville a coûté 35.000 roupies (513€).
Mais il n’y a pas que les pauvres qui visitent ce type de guérisseurs.
L’étude susmentionnée, sur «puttur kattu», a été faite dans une clinique de l’État du sud-ouest de l’Andhra Pradesh sur une période de trois ans et a révélé que 51% des 146 patients interrogés avaient un bon niveau d’instruction.
«L’éducation n’empêche pas d’utiliser ce traitement traditionnel», déduit l’étude qui a révélé que 71% des patients étaient satisfaits de leur traitement, mais davantage de recherches sont nécessaires pour mieux évaluer l’efficacité de la pratique, conclut l’étude. Dans un pays comme l’Inde, où le système de santé publique est mauvais et la médecine traditionnelle perçue comme efficace et bon marché, les guérisseurs traditionnels, comme les trois frères, restent populaires dans toutes les classes de la société.
Version originale:Traditional Bone-Setting Technique in India Uses No X-rays, Painkillers, or Casts
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.