Lilian Dejean, agent municipal au service de propreté de la ville de Grenoble (Isère), est décédé ce dimanche en voulant porter secours à une automobiliste percutée par un autre véhicule. Considéré par ses collègues comme un homme intègre, sa mort laisse un grand vide.
Lilian effectuait son service lorsqu’il a été témoins, ce dimanche 8 septembre aux environs de 7 h 30, d’un accident. Sur le boulevard Jean-Pain, un homme ivre selon le parquet, roulait à vive allure au volant d’une Audi RS3 immatriculée en Pologne. Il a brutalement percuté l’arrière d’un SUV Peugeot arrêté à un feu rouge. L’agent municipal s’est aussitôt précipité pour venir en aide à la femme âgée au volant de ce SUV, celle-ci étant blessée mais hors de danger. C’est en voulant empêcher le chauffard de s’enfuir que ce dernier a sorti une arme de poing et a fait feu sur Lilian à deux reprises, a précisé le procureur de Grenoble Éric Vaillant.
« La personne la plus généreuse »
Ayant reçu deux balles dans le thorax, le fonctionnaire grenoblois est décédé des suites de ses blessures dans l’après-midi, à l’hôpital de Grenoble où il avait été transporté en urgence absolue à la suite de ce drame. Au micro de France Bleu, Gwenn, l’une de ses amies, a décrit Lilian comme « la personne la plus généreuse ». « Il aimait la vie et il aimait aider les gens. Il pensait aux autres avant de penser à lui. Mais c’est ce qui lui a coûté la vie malheureusement, parce qu’il a voulu aider, et il a perdu », a-t-elle déploré. Avec sa carrure de rugbyman, Lilian était « un gros nounours avec un cœur en or », a également confié à France Bleu Marie. « Il va beaucoup nous manquer. On ne s’attendait pas à le voir partir si bêtement », a-t-elle ajouté.
Âgé de 49 ans, Lilian Dejean était originaire de la section Acomat à Pointe-Noire (Guadeloupe), précise France Info. Marié, il était papa de deux enfants, un fils de 8 ans et une fille de 20 ans nous apprend encore France Bleu. « Il a démarré tout en bas de l’échelle. C’était un exemple de gentillesse, de bienveillance. Ça ne m’étonne pas qu’il ait voulu aider. Ça ne devait pas se terminer comme ça », a déploré auprès du Parisien Hassen Bouzeghoub, un ami de la victime. Tous deux étaient militants associatifs dans les quartiers difficiles.
Lilian Dejean avait 49 ans et était père de deux enfants.
C’est l’agent municipal qui est décédé ce matin par balles à #Grenoble.On n’oubliera pas non plus.
Toutes nos pensées , prières et soutien à la famille. pic.twitter.com/UqSlVPPBn3— Jon De Lorraine (@jon_delorraine) September 8, 2024
« Si ce n’est pas un trafiquant de drogue, je ne sais pas qui ça peut-être »
Virgile Comella, un collègue de Lilian, agent municipal depuis vingt ans, n’a pas caché sa colère. « C’est scandaleux. On vient travailler et on se fait tirer dessus. Je pense qu’à un moment, il faut arrêter… On n’est plus en sécurité dans la ville », a-t-il lui aussi dénoncé dans les colonnes du quotidien francilien. Également interrogé par nos confrères, Nathan estime qu’« un gars avec un flingue à 7 heures du matin au volant d’une voiture de sport hors de prix » ne peut être qu’un trafiquant de drogue.
Un point avancé par le maire de la ville, Éric Piolle. « Ça n’a rien à voir avec les règlements de compte liés au trafic de drogue, et pourtant ça à tout à voir à la fois. Car comment se fait-il qu’on soit armé dans la rue, et qu’on soit suffisamment décérébré pour tirer sur quelqu’un à 7 heures du matin, sur quelqu’un qui est venu vous porter secours ? » s’est en effet interrogé l’édile sur le réseau social X, évoquant « un acte inqualifiable, d’une violence extrême, qui a visé l’un de ses agents qui exerçait ses missions municipales ».
Éric Piolle a lui aussi fait l’éloge de cet agent « très engagé, toujours dans le dialogue », soulignant qu’il était « très reconnu » et « éminemment respecté dans le cadre professionnel ». Il a précisé qu’un hommage lui serait rendu ce lundi à 14 heures, à l’arrière de l’Hôtel de Ville, ainsi que nous l’apprend France Info. Le maire a par ailleurs déclaré qu’une cellule de soutien psychologique serait ouverte lundi.
« Victime de cette sauvagerie installée dans la ville »
Outre le maire de Grenoble, plusieurs autres personnalités politiques ont réagi à ce drame. Le président LR Éric Ciotti a dénoncé « un acte inqualifiable, d’une violence extrême » et « qui traduit l’explosion de la violence et le défaut d’autorité dans notre pays. Ce fait divers « révèle la violence aveugle et gratuite subie par tous ceux qui portent la défense de l’intérêt général », a estimé la députée LR du Doubs Annie Genevard.
Dans un communiqué, le groupe d’opposition au maire écologiste de Grenoble a qualifié ce décès de « drame insupportable », exigeant que des mesures soient prises. « Nous sommes effondrés que ce soit un agent communal dévoué à sa tâche, qui a réagi comme citoyen, qui soit la victime de cette sauvagerie installée dans la ville », a ajouté le groupe.
Marine Tondelier, la secrétaire nationale des Écologistes, a quant à elle assuré de tout le soutien de sa famille politique à la famille et aux proches de Lilian, ainsi qu’à « l’ensemble des grenoblois endeuillés ».
Quant au tireur, il est activement recherché par la police. Son identité restait encore inconnue ce dimanche soir, selon le procureur de Grenoble. Le parquet a saisi de l’enquête les policiers du Service local de police judiciaire (SLPJ) de Grenoble. Comme le rappelle Le Parisien, il s’agit du 19e épisode de violence par arme à feu à Grenoble enregistré sur 2024, et du 10e depuis le 30 juillet dernier.
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