« Fondation pour le Logement des Défavorisés » : l’abbé Pierre, accusé de multiples violences sexuelles, disparaît officiellement du titre de la fondation qui portait jusqu’ici son nom, ouvrant « une nouvelle page » pour l’organisation qui compte utiliser cette nouvelle appellation d’ici quelques semaines.
Selon un arrêté du ministère de l’Intérieur publié samedi au Journal officiel, « la fondation dite ‘Fondation Abbé Pierre pour le Logement des Défavorisés’ (…) prend le titre de ‘Fondation pour le Logement des Défavorisés' ».
« Nous ouvrons une nouvelle page de la fondation avec cette autorisation », a affirmé à l’AFP son délégué général, Christophe Robert.
Le changement acté consiste uniquement à retirer le nom du fondateur « pour dire que ce combat qui est le nôtre, sans l’abbé Pierre, reste le même », pour le logement des défavorisés, a-t-il ajouté. En matière de lutte contre le mal-logement, « on sera là », a-t-il martelé.
Une démarche longue pour changer de nom
Après les multiples accusations de violences sexuelles apparues depuis l’été, la Fondation avait déjà annoncé qu’elle comptait changer de nom, mais « pas de combat ».
Une démarche longue : compte tenu de son statut de fondation reconnue d’utilité publique, elle avait besoin de deux votes de son assemblée générale, d’une décision du ministère de l’Intérieur, d’un avis de deux autres ministres avant une décision du Conseil d’État, a rappelé Christophe Robert.
Il faudra également un peu de temps pour que la nouvelle appellation et le futur logo apparaissent sur le site internet et les documents de l’institution, car la fondation doit lancer de multiples démarches auprès des banques, notaires… « Nous devons tout faire simultanément », mais « on espère que cela pourra avoir lieu début mars, mi-mars », a-t-il ajouté.
Une « démarche de reconnaissance et de respect à l’égard des victimes »
Mardi déjà, le mouvement Emmaüs, réuni en assemblée générale extraordinaire, avait décidé de retirer de son logo la mention à l’abbé Pierre, son fondateur mort en 2007.
Un acte s’inscrivant « dans la droite ligne de la démarche de reconnaissance et de respect à l’égard des victimes », avait expliqué Emmaüs.
Au total, l’abbé Pierre, de son vrai nom Henri Grouès, est visé par 33 accusations de violences sexuelles. Elles ont été révélées dans trois rapports différents publiés depuis juillet par le cabinet Egaé, codirigé par la militante féministe Caroline de Haas.
Le cabinet, spécialisé dans l’égalité entre les femmes et les hommes, la lutte contre les discriminations et la prévention des violences sexistes et sexuelles, a été mandaté par le mouvement Emmaüs et la Fondation Abbé Pierre pour faire la lumière sur les agissements du prêtre.
Une baisse des dons de 30% depuis les révélations
Le changement de dénomination de la fondation était aussi nécessaire parce que « les dons ont souffert depuis le début de nos révélations, en juillet », selon Christophe Robert.
« Pour les dons des particuliers, qui représentent un peu plus de la moitié de nos ressources, on a enregistré une baisse de 30% depuis les révélations. On espère qu’il y aura un sursaut », a-t-il expliqué.
« C’est un tsunami qui nous est tombé dessus. Une partie des donateurs nous disaient : on attend que vous changiez de nom, que vous alliez au bout », a-t-il dit, assurant que « la transparence [les] a guidés ».
Quant au futur logo, Christophe Robert n’a pas souhaité donner de précisions. L’organisme est couramment appelé « Fondation abbé Pierre » aujourd’hui. « Il y a des chances que ce soit ‘Fondation pour le logement' » demain, a-t-il jugé.
L’Église catholique favorable à une enquête judiciaire
À la suite des accusations visant l’abbé Pierre, l’Église catholique a demandé le 17 janvier à la justice d’étudier la possibilité d’une enquête sur le prêtre, avec un signalement « pour non-dénonciation de viols et agressions sexuelles sur personnes vulnérables et mineurs ».
Dans le sillage des révélations sur celui qui fut longtemps une icône de la défense des plus démunis et plusieurs fois élu personnalité préférée des Français, Emmaüs a installé une commission d’experts indépendants et l’Église ouvert ses archives sur le prêtre.
La Fondation Abbé Pierre avait de son côté décidé de fermer le lieu de mémoire qui lui était dédié, à Esteville, en Normandie.
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