Une nouvelle étude britannique a révélé que la consommation excessive d’alcool a augmenté pendant les confinements lors de la pandémie du covid et que les coûts accrus pour le NHS England (Service de santé national anglais) vont certainement laisser des traces longtemps.
L’étude élaborée par l’université de Sheffield pour le NHS England a révélé que le confinement et la pandémie du virus du covid pourraient entraîner des milliers d’hospitalisations, de décès et de cas de maladie supplémentaires au cours des 20 prochaines années.
Des milliards pour la consommation supplémentaire d’alcool
L’équipe a examiné cinq scénarios alternatifs concernant l’évolution de la consommation d’alcool à partir de 2022. Dans le meilleur des cas, où tous les buveurs reviendraient cette année à leur niveau de consommation de 2019, il y aurait tout de même 42.677 hospitalisations et 1830 décès supplémentaires dus à l’alcool sur 20 ans.
Dans le pire des cas, ces chiffres atteindraient 972.382 admissions supplémentaires à l’hôpital et 25.192 décès, soit un coût pour le NHS de 5,2 milliards de livres (6,2 milliards €) sur 20 ans.
« Dans notre scénario principal, nous estimons que, au cours des 20 prochaines années, il y aura 207.597 admissions à l’hôpital supplémentaires attribuables à l’alcool et 7.153 décès attribuables à l’alcool, ce qui coûtera au NHS 1,1 milliard de livres sterling [1,3 milliard €] de plus que si la consommation d’alcool était restée aux niveaux de 2019 », a écrit l’équipe.
« Ces effets ne sont pas répartis uniformément dans la population, les gros buveurs et les habitants des zones les plus défavorisées, qui souffrent déjà des taux les plus élevés de dommages imputables à l’alcool, devraient être affectés sans commune mesure », ajoute l’équipe.
Colin Angus, chercheur principal qui a dirigé l’étude de l’Université de Sheffield, précise : « Ces chiffres soulignent que l’impact de la pandémie sur notre comportement en matière de consommation d’alcool est susceptible d’avoir des répercussions durables sur notre santé et de brosser un tableau inquiétant à un moment où les services du NHS sont déjà soumis à une pression énorme en raison des arriérés de traitement. »
Dans une étude distincte, l’Institute of Alcohol Studies (IAS) et HealthLumen, spécialistes de la modélisation, ont constaté que si la consommation d’alcool ne revient pas aux habitudes pré-pandémiques, il y aura d’ici 2035 147.892 cas supplémentaires de neuf maladies liées à l’alcool – telles que la cirrhose du foie et le cancer du sein – et 9.914 décès prématurés supplémentaires. Ils ont prévu que cela coûterait au NHS 1,2 milliard de livres (1,4 milliard €).
Dans l’étude de Sheffield, ils ont calculé qu’il devrait y avoir un peu plus de 124.000 admissions supplémentaires à l’hôpital chez les hommes et 83.000 chez les femmes au cours des 20 prochaines années.
« Si vous creusez vraiment dans les données, par exemple, vous voyez qu’il y a une sorte de bosse particulière dans la consommation d’alcool des femmes au moment où elles étaient le plus susceptibles de faire l’école à la maison pendant le confinement initial », explique Colin Angus.
Richard Piper, directeur général d’Alcohol Change UK, a indiqué par mail à Epoch Times que ces « deux rapports soulignent comment la pandémie de coronavirus a créé les conditions pour que davantage de personnes boivent plus, ce qui les expose à un risque accru de dommages graves dus à l’alcool ».
« Cela pourrait potentiellement conduire à des milliers de décès prématurés supplémentaires avec encore plus de vies écourtées et de familles laissées en deuil », a-t-il ajouté. « Pour éviter cela, nous avons besoin d’un ensemble de politiques urgentes de la part du gouvernement pour lutter contre les méfaits de l’alcool, y compris un financement adéquat et durable des services de traitement, un prix unitaire minimum pour l’alcool, un meilleur étiquetage des boissons et produits alcoolisés et une meilleure réglementation du marketing de l’alcool. Ces politiques feront une énorme différence pour changer et sauver des vies. »
L’alcool pendant la pandémie du virus du covid
L’augmentation de la consommation d’alcool pendant la pandémie a été observée dans de nombreux pays.
L’année dernière, il a été constaté que le nombre de personnes décédées à cause de la consommation d’alcool a atteint son plus haut niveau depuis 20 ans pendant la pandémie du virus du covid, selon les chiffres officiels pour l’Angleterre et le Pays de Galles.
Ce nombre était supérieur de 19,6% à celui de 2019, au cours duquel 6209 personnes ont été tuées par l’alcool. Il s’agissait également du nombre de décès annuels le plus élevé de ces 20 dernières années.
Une enquête menée en septembre 2020 a révélé que deux Australiens sur cinq avaient consommé plus d’alcool que d’habitude depuis le début de la pandémie.
Aux États-Unis, les hôpitaux ont signalé une augmentation spectaculaire des admissions liées à l’alcool pour des maladies graves comme l’hépatite alcoolique et l’insuffisance hépatique.
PA Media et Alexander Zhang ont contribué à cet article.
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