La panique et la pénurie ont duré environ 48 heures dans les grandes surfaces. Immédiatement, l’économie de marché a résolu le problème, les rayons ont retrouvé les marchandises qui manquaient, même le papier hygiénique qui a raflé le prix du produit le plus convoité avec les pâtes et le riz. En revanche, les produits qui seraient d’une utilité vitale ces temps-ci – le gel, les gants, les masques, les tests – ne sont toujours pas disponibles, ou seulement au compte-gouttes. Là où il y a monopole ou intervention de l’État, la pénurie apparaît. L’État manque à ses devoirs, même élémentaires.
Il faudra en tirer les leçons
Dans un ouvrage co-écrit avec Jean-Philippe Delsol et intitulé « Échec de l’État« , nous avions signalé la corrélation entre des dépenses publiques débridées et l’incapacité de la France à se redresser, aussi bien économiquement que socialement. La comparaison avec d’autres pays riches et démocratiques appuyait notre démonstration. La crise actuelle due à la pandémie vient encore l’étayer et si la situation s’aggrave – ce qui est probable, malheureusement – il faudra en tirer les leçons.
Pour les politiques, qui ont sous-estimé l’épidémie, il sera difficile de se justifier. Il est vrai que la Chine a menti et caché la réalité, mais comment expliquer les déclarations d’Agnès Buzyn et d’Olivier Véran qui, respectivement fin janvier et fin février, ont tenu à rassurer la population avec des déclarations incongrues ? Pour Agnès Buzyn, alors ministre de la Santé, le virus n’avait aucune chance d’arriver en France.
Le président Emmanuel Macron est allé au théâtre et a organisé le premier tour des municipales en nous assurant qu’il n’y avait pas de risques majeurs. On a beaucoup raillé les premières déclarations du président Trump mais lui, au moins, a fermé les vols en provenance de Chine deux jours avant la découverte des premiers cas sur le sol américain.
Chez nous, l’un des premiers gestes du ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a été de contrôler les prix et le marché des gels ce qui a, inévitablement, conduit à la pénurie. Tous les politiques, à l’heure qu’il est, invoquent le rôle déterminant de l’État dans la lutte contre le virus ; alors même qu’il est incapable de fournir des masques aux médecins et aux soignants, a fortiori à l’homme de la rue et des transports en commun, incapable de faire respecter le confinement dans les banlieues …
L’État français ne manque pas de moyens
Au contraire, il a trop d’argent et de fonctionnaires. On donne souvent l’exemple de l’Allemagne dans sa gestion de la crise. Elle s’en tire bien mieux que nous avec pourtant 9 points de moins en ce qui concerne les dépenses publiques, et avec 3 millions de fonctionnaires en moins (par rapport à la population). Voir aussi la Corée du Sud : 51 millions et demi d’habitants, 144 décès, soit un taux de mortalité (pour 1.000.000 d’habitants) de 2,8 contre 35,5 en France, presque 13 fois plus ! Cela, malgré un système de santé presque entièrement privé. Ses dépenses publiques se montent à 21.2 % du PIB (2019), soit 31 points de moins que la France, et ses dépenses de santé à 8.1 % du PIB contre 11.5 % en France. Ce pays a pourtant très rapidement enrayé l’épidémie. Voir aussi Taïwan, qui a également tout de suite maîtrisé le virus malgré sa proximité avec la Chine, avec seulement 17.5 % du PIB de dépenses publiques !
L’État français et les politiques ont échoué. Ils n’ont pas réussi à protéger les Français malgré les moyens dont ils disposent, malgré l’exemple des méthodes énergiques, et surtout bien organisées, d’autres pays. Vont-ils comprendre que la responsabilité, la concurrence et le marché sont les meilleures armes dont on dispose pour combattre le fléau ?
Directeur de l’IREF, Nicolas Lecaussin est diplômé de Sciences-po Paris, ancien président de l’iFRAP (Institut Français de Recherche sur les Administrations Publiques), fondateur de l’association Entrepreneur Junior et auteur de plusieurs ouvrages sur le capitalisme, l’Etat et les politiques publiques.
Auteur de plusieurs ouvrages dont : Cet Etat qui tue la France (Plon, 2005), L’absolutisme efficace (Plon, 2008), Au secours, ils veulent la peau du capitalisme ! (First Editions, 2009), A quoi servent les riches, coauteur (Lattès, 2012), L’obsession antilibérale française, Anti-Piketty, coauteur (libréchange, 2015).
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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