Il existe des « nutriments » inattendus dans la vie. Certaines expériences et habitudes qui apportent à l’esprit et au corps un soutien essentiel. Elles améliorent sensiblement notre façon de penser, ressentir et évoluer à mesure que nous prenons de l’âge.
Les facteurs sociaux qui peuvent avoir un impact sur la santé touchent les aspects de la vie quotidienne. Il y a des composantes évidentes, comme le statut économique, à des facteurs moins apparents, comme l’environnement social.
Dans leur ouvrage de 1999 intitulé « Social Determinants of Health », Michael Marmot et Richard Wilkinson présentent des preuves scientifiques quant à l’impact de l’environnement social sur le bien‑être. La précarité, selon eux, n’explique à elle seule les disparités en matière de santé. « Lorsque les gens changent d’environnement social et culturel », écrivent les auteurs, « les maladies auxquelles ils risquent d’être confrontées changent également ».
Quelles sont les implications pour tout ceux qui prennent soin de leur santé et bien‑être ? Cela signifie que l’accès aux soins, dépistages, bilans de santé, etc., tout cela ne constitue qu’une partie du problème. L’environnement social et culturel d’une personne, son entourage, ont également un impact sur sa santé physique et mentale. Voici cinq façons confirmées par la recherche, de tirer parti de son environnement social pour être en bonne santé.
Entretenir les liens sociaux et familiaux
Les liens sociaux, voilà ce qui définit un environnement social. Ces liens sociaux peuvent prévenir le déclin cognitif lié à l’âge. Quels sont les liens sociaux les plus importants ? L’enquête européenne SHARE (Survey on Health, Ageing and Retirement in Europe), une enquête longitudinale [suivi d’une population ou d’un phénomène dans le temps] s’est attelée à explorer cette question. Il s’agissait de mesurer les scores cognitifs en examinant la mémoire immédiate, la mémoire différée et de la flexibilité cognitive à l’aune de cinq types de liens sociaux – conjoint, enfants, proches, amis et bénévolat. Ces liens étaient établis en considération de la liste des sept personnes (au maximum) les plus proches des participants.
Une étude de 2021, s’est proposée de modéliser les données de SHARE pour examiner cinq types de configurations sociales :
‑ Nombre d’amis élevé : le réseau social des participants est globalement constitué d’amis. Les participants y intègrent parfois leurs parents. Ils sont moins susceptibles d’avoir un conjoint. Ils ont généralement de zéro à deux enfants. Ils sont susceptibles de faire du bénévolat.
‑ Cantonnés à la famille proche : le réseau social des participants est constitué par des membres de la famille. Ils sont mariés avec au moins un enfant. Ils sont moins susceptibles de citer des amis ou des parents éloignés. Moins susceptibles de faire du bénévolat.
‑ Liens familiaux pauvres : le réseau social des participants est globalement constitué par des membres de la famille, mais ils n’ont en général pas de conjoint ou d’enfant et sont moins susceptibles d’avoir des amis.
‑ Multirelationnel : les participants citent les parents, la famille et les amis. Il sont susceptibles d’avoir un conjoint, d’avoir de nombreux enfants et de faire du bénévolat.
‑ Liens familiaux riches : le réseau social des participants est globalement constitué par des membres de la famille proche et éloignée. Susceptibles d’avoir un conjoint et un ou deux enfants. Moins susceptibles de citer des amis ou de faire bénévolat.
Les participants du groupe multirelationnel connaissaient un déclin cognitif moins important que tous les autres groupes. Il semble que des liens diversifiés pourraient préserver l’acuité à un âge avancé. Ceux qui avaient un nombre élevé d’ami ou des liens familiaux riches également apporté des avantages par rapport aux groupes de familles restreintes ou cantonnées aux plus proches.
Il y a plus d’une façon d’optimiser son environnement social pour prévenir le déclin cognitifif, ce qui est une bonne nouvelle pour les personnes âgées. Elles ont généralement de forts liens familiaux mais peu d’amis, or un réseau social varié comprenant la famille et les amis est le schéma bénéfique par excellence. Il est possible de renforcer son environnement social en intégrant des amis à tout moment, et cela présente des avantages certains pour la santé.
Le bénévolat
L’étude SHARE révèle que le bénévolat est un attribut de deux des trois groupes les plus susceptibles de contrer efficacement le déclin cognitif.
D’autres études ont examiné l’impact du bénévolat et ont mis en évidence les bienfaits de prêter main forte à la soupe populaire ou au centre social du quartier.
Au delà des seuls avantages cognitifs, le bénévolat est associé à une réduction de l’hypertension. L’hypertension, ou pression artérielle élevée, peut endommager les parois des artères et entraîner un accident vasculaire cérébral ou une maladie cardiaque, deux causes majeures de morbidité.
Une de ces études portait sur des participants âgés d’au moins 50 ans. Il s’agissait de mesurer la tension artérielle de ceux qui avaient fait plus de 200 heures de bénévolat au cours de l’année précédente et de ceux qui n’en avaient pas fait. L’étude a révélé que les personnes qui avaient fait du bénévolat étaient nettement moins susceptibles de développer une hypertension au cours des quatre années suivantes.
Explorer de nouveau modes de vie
Les maisons de retraite constituent depuis longtemps une solution pour les personnes âgées, tandis que la colocation est populaire parmi les jeunes adultes.
Actuellement, la vie multigénérationnelle connaît une résurgence, notamment la colocation multigénérationnelle et la maison familiale multigénérationnelle. Un environnement social multigénérationnel présente de nombreux avantages cognitifs, car à tout âge, les membres ont accès à un réseaux social et familial diversifié.
La colocation multigénérationnelle constitue un modèle unique et audacieux qui permet de vivre dans un environnement social multigénérationnel sans renoncer à l’indépendance de la vie monoparentale. Les avantages en matière de santé mentale ont été mis en évidence pendant la période de confinement du Covid‑19, les gens vivant en colocation ayant signalé des niveaux d’anxiété, de dépression et de stratégies d’adaptation autodestructrices assez faibles. Plusieurs études ont également fait état d’une association avec une meilleure santé physique, bien que d’autres recherches doivent être menées pour corroborer ces résultats.
Il n’a pas encore été établi s’il est plus avantageux pour la santé de vivre dans une maison familiale multigénérationnelle ou en couple. Ce qui est sûr en revanche, c’est que les personnes âgées vivant seules ont tendance à être en moins bonne santé et à présenter de moins bons résultats physiques.
Les enfants qui grandissent dans des maisons multigénérationnelles présentent un meilleur fonctionnement cognitif. C’est probablement en raison des liens forts qu’ils entretiennent avec leurs aînés. D’autre part, il y a des avantages financiers. Enfin une atmosphère de village réduit l’isolement des enfants et allège la lourde tâche de l’éducation pour les jeunes parents.
Rejoindre un groupe social
L’adhésion à un groupe social est un excellent moyen de créer un réseau d’amis et d’intégrer la configuration sociale multirelationnelle. C’est particulièrement important pour les retraités. Lorsqu’on quitte son travail, on perd une source importante de cohésion sociale et de défis cognitifs.
Selon une étude portant sur des retraités britanniques, les participants qui restaient activement engagés dans deux groupes sociaux après leur départ à la retraite couraient un risque de décès de 2% au cours des six premières années de leur retraite. Pour les participants qui ont commencé leur retraite avec deux groupes sociaux mais n’en ont conservé aucun, le taux de mortalité grimpait à 12%. La relation s’inscrivait dans la durée : pour chaque groupe perdu au cours de la première année de la retraite, le participant était susceptible de connaître une qualité de vie inférieure de 10% lors du suivi six ans plus tard.
L’importance des groupes sociaux ne se limite pas à la santé des retraités. La résilience des patients victimes d’un accident vasculaire cérébral a été liée au nombre de groupes sociaux qu’ils avaient avant l’accident, tandis que les personnes souffrant d’une lésion cérébrale sont moins susceptibles de présenter des symptômes post‑traumatiques si elles rejoignent un groupe social après leur accident. De plus, les étudiants qui appartiennent à plusieurs groupes sociaux présentent une meilleure santé mentale et des niveaux de résilience plus élevés.
Le jardinage communautaire
Le jardinage est une tradition séculaire qui incite les gens à être actifs et à sortir. Dans bien des milieux, le jardinage associatif est considéré comme un atout. Outre les bienfaits physiques du jardinage, les personnes qui jardinent collectivement font état d’une sensation de bien‑être, de plus de résilience et d’optimisme. Pour les personnes qui n’ont pas la chance d’avoir un jardin communautaire à proximité, les municipalités débloquent toujours plus de moyens pour initier ce type de projet.
Conclusion
Il existe plusieurs façons de tirer avantage de son environnement social. Ce qui fonctionne le mieux est souvent personnel et dépend des centres d’intérêt et des inclinations de chacun. Si vous n’avez pas de véritable environnement social et qu’aucune option ne semble vous convenir dans votre entourage, sachez que vous n’êtes pas seul et qu’il y a des solutions. Vous pouvez être celui ou celle qui fait le premier pas en créant un club de lecture, en vous lançant dans la colocation ou en initiant un jardin collectif.
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