La droite allemande a décidé dimanche de faire campagne pour une sortie du pays de l’UE « en dernier recours » si le bloc n’est pas réformé de fond en comble, dans une résolution adoptée à quelques jours d’un vote crucial sur le Brexit.
Réunie en congrès à Riesa en Saxe pour adopter son programme en vue des élections européennes de fin mai, l’Alternative pour l’Allemagne (AfD) brise ainsi un tabou dans l’Allemagne d’après-guerre, dont l’ADN est intimement lié à la construction européenne. Jusqu’ici aucun parti allemand n’est allé jusqu’à envisager, même de manière prudente, l’option d’un « Dexit », pour Deutschand, en référence au « Brexit » britannique.
Le texte adopté par une majorité de délégués du mouvement, principal parti d’opposition actuellement à la chambre des députés allemands face aux conservateurs d’Angela Merkel et aux sociaux-démocrates au pouvoir, se prononce en faveur d’un « Dexit » si les demandes de « réformes profondes » de l’UE de la part de l’AfD ne voient pas le jour « dans un délai raisonnable ».
Dans pareil cas, « nous estimons nécessaire, en dernier recours, une sortie de l’Allemagne ou une dissolution de l’Union européenne » et la création à la place d’une simple communauté économique, dit le programme. Cet appel doit prendre pleinement effet avec l’adoption complète du programme du parti en vue des élections européennes, prévue en début de soirée.
Il intervient deux jours avant un vote crucial des députés britanniques concernant le projet d’accord sur le Brexit négocié entre Londres et l’UE. Parmi les demandes de réforme de l’UE du parti figurent notamment la suppression du Parlement européen, de l’euro ou encore la fin de « l’islamisation » de l’Europe.
L’AfD avait envisagé à l’origine un texte encore plus ferme sur le « Dexit », appelant à une sortie à l’issue de la prochaine législature européenne, à savoir 2024, faute de voir les réformes qu’elle souhaite concrétisées. Mais les délégués du parti ont finalement renoncé à fixer une date butoir et contraignante. De nombreux dirigeants redoutent en allant trop loin d’effrayer et de s’aliéner une partie importante de l’opinion, qui reste au vu des sondages majoritairement pro-européenne.
D.C avec AFP
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