Dans son discours sur l’état de l’Union, Joe Biden a réaffirmé sa volonté de mettre en place un « impôt milliardaires ». Le projet de budget de son administration pour 2023, présenté en mars 2022, prévoyait déjà l’application d’un taux d’imposition effectif minimum de 20% sur les revenus des milliardaires, afin de taxer les gains en capital non réalisés, lesquels ne sont pas soumis à l’impôt sur le revenu. Ce sont ainsi les plus-values latentes, c’est-à-dire les plus-values théoriques associées à des titres qui n’ont pas encore été vendus, qui se trouvent être dans le viseur du président américain. Ce qui signifie en clair que Joe Biden entend introduire un véritable impôt sur le patrimoine des grandes fortunes –notamment sur celui des créateurs de start-ups devenus milliardaires, mais qui n’ont pas encore vendu leurs titres. L’Etat accordera-t-il un crédit d’impôt aux riches quand leur portefeuille baissera ?
Certes la faible majorité dont dispose le président américain au Congrès rend peu probable l’adoption, à court terme, d’une telle taxation sur les très riches. L’idée semble néanmoins faire peu à peu son chemin outre-Atlantique : d’après un sondage de 2021, 81 % des démocrates et 57 % des républicains se déclaraient en faveur d’un impôt sur la fortune. Et l’on voit même semble-t-il de plus en plus de milliardaires américains (ainsi Warren Buffett ou Bill Gates) réclamer davantage de taxation des super-riches à des fins de « justice sociale ». En 2011 déjà, Warren Buffett avait publié une tribune remarquée dans le New York Times intitulée « Stop Coddling the Super-rich » – en français : « Arrêtez de choyer les super-riches » -, dans laquelle il appelait à taxer davantage encore ces derniers. Un discours digne de la classe des « riches rebelles » mis en scène par l’activiste écologiste Ralph Nader dans son roman Only the Super-Rich Can Save Us (2009), lesquels s’y opposent par altruisme à la classe des « riches régnants », mus par la quête de leurs propres intérêts. Ce qui était fiction voilà une quinzaine d’année pourrait bien ainsi devenir réalité un jour. Ayn Rand se retournerait certainement dans sa tombe si elle pouvait constater ce regain d’ « altruisme » dans l’Amérique actuelle…
Article écrit par Matthieu Creson. Publié avec l’aimable autorisation de l’IREF.
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