Une délégation du gouvernement malien était en route dimanche pour le village peul du centre du Mali où plus de 130 personnes ont été massacrées samedi par des membres présumés de groupes de chasseurs dogons, a-t-on appris de source administrative.
L’attaque samedi d’un village peul du centre du Mali par des membres présumés de groupes de chasseurs traditionnels dogons a dépassé les 130 morts, selon un nouveau bilan donné par les autorités locales, confirmé par une source de sécurité et une association.
[#MALI ]Au moins 115 morts, des centaines de cases détruites… l’attaque d’un village essentiellement habité par des peuls traumatise le Mali. Une délégation gouvernementale doit se rendre sur les lieux. #Ogossagou #Bankass pic.twitter.com/YZFyR3aPS6
— Le journal Afrique (@JTAtv5monde) 23 mars 2019
« Le nouveau bilan est de 130 morts », a affirmé à Cheick Harouna Sankaré, le maire de la localité proche de Ouenkoro, expliquant que les corps de personnes portées disparues avaient été retrouvés.
Génocide contre les peuls au Mali personne ne parle
— K (@KoumbaMaraj23) 23 mars 2019
D’après Le Monde, un responsable humanitaire malien a dû enjamber les corps et les soulever pour pouvoir les compter. Des scènes d’une horreur qu’il dit n’avoir encore jamais vue. Des corps sans tête, d’autres jetés au fond d’un puits et des amas de chaires noires, brûlées vives. « Ils n’ont épargné personne. Ils ont tout brûlé avec de l’essence et tué tout ce qui bougeait encore avec des armes militaires ».
L’association de défense des droits des populations pastorales Kisal, qui avait auparavant signalé des « exactions perpétrées contre la communauté peule par des hommes armés habillés en chasseurs dans le cercle de Bankass », a annoncé un bilan d’« au moins 130 Peuls tués à Ogossagou-Peul, dans la zone de Bankass », près de la frontière avec le Burkina Faso.
Quel est le fond du problème entre les différentes communautés dans le Centre du MAli et pourquoi les Peuls sont pris pour cible? pic.twitter.com/r4HTi1UXjJ
— Le journal Afrique (@JTAtv5monde) 24 mars 2019
« Ce sont les chasseurs traditionnels qui sont accusés par les rescapés », a souligné le préfet de Bankass, Boubacar Kané.
« Au moins 134 civils, y compris des femmes et des enfants, auraient été tués et au moins 55 blessés » à la suite de l’attaque, a indiqué le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, dans un communiqué samedi soir.
Massacre de 135 Peuls dans le centre du Mali: «un pogrom et rien d’autre» pour le chercheur @YGuichaoua qui parle désormais de «nettoyage ethnique» https://t.co/saQZR6eCpn
— Pierre Alonso (@pierre_alonso) 24 mars 2019
L’association de défense des droits des populations pastorales Kisal a annonce un bilan de « 134 morts dont des femmes, enfants, vieillards, adultes et adolescents », dimanche sur sa page Facebook. Un précédent établi par des sources de sécurité et des autorités locales avait fait état samedi d’au moins 105 civils tués.
C’est l’attaque contre des civils la plus meurtrière au Mali depuis 2012, alors que le nord était tombé sous la coupe de groupes islamistes liés à Al-Qaïda. Ces groupes en ont été en grande partie chassés par une intervention militaire internationale, qui avait été lancée en janvier 2013 à l’initiative de la France, et qui se poursuit.
Massacre de civils peuls à Ogossagou : le Mali sous le choc
– Plusieurs haut-gradés de l’armée limogés, dissolution de la milice dogon Dan na Amassagou, accusée d’avoir mené cette attaque, la plus meurtrière depuis le début de la crise en 2012. #Mali https://t.co/mxh9tjm2kS— Jeune Afrique (@jeune_afrique) 24 mars 2019
L’attaque de samedi, survenue à l’aube, est le fait présumé de chasseurs dogons, selon des sources concordantes. Elle a eu lieu en pleine visite d’une délégation du Conseil de sécurité de l’ONU dans un Sahel en proie à la menace jihadiste.
L’attaque est également survenue six jours après un attentat jihadiste à Dioura, dans la même région mais beaucoup plus au nord, contre un camp de l’armée malienne, qui a perdu 26 hommes, selon un dernier bilan de source militaire.
Solidaires avec le Mali. 130 victimes des massacres dans un village des Peuls.
Que la terre leur soit légère. Les Africains devons prendre conscience que chaque vie compte, que tuer n’est pas une solution au contraire c’est un problème.
RIP— Alice Mutikeys (@mutikeys) 24 mars 2019
Dans un communiqué de revendication vendredi, la principale alliance jihadiste du Sahel liée à Al-Qaïda justifie l’opération de Dioura par les « crimes odieux commis par les forces du gouvernement de Bamako et les milices qui le soutiennent contre nos frères peuls ».
Plus d’une centaine de peuls massacrés froidement dans leur village au #Mali. Chaque jour apporte son lot insoutenable de victimes de la haine et de l’intolérance. Mes pensées vont à ces enfants, femmes et hommes assassinés et à leurs familles.
— Benoît Hamon (@benoithamon) 24 mars 2019
Depuis l’apparition il y a quatre ans dans le centre du Mali du groupe jihadiste du prédicateur Amadou Koufa, recrutant prioritairement parmi les Peuls, traditionnellement éleveurs, les affrontements se multiplient entre cette communauté et les ethnies bambara et dogon, pratiquant essentiellement l’agriculture, qui ont créé leurs propres « groupes d’autodéfense ».
Ces violences ont coûté la vie à plus de 500 civils en 2018, selon l’ONU.
Les Peuls dénoncent des exactions de la part de groupes de chasseurs, tolérées voire encouragées selon eux au nom de la lutte contre les jihadistes, par les autorités ou l’armée, ce que dément le gouvernement.
D. S avec AFP
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