Considéré comme le « ebaka », c’est-à-dire le chef suprême en France d’une organisation criminelle nigériane, Isi Omoijiade, 43 ans, alias « Papa Zion », a été condamné jeudi à la peine maximale de dix ans de prison pour traite d’êtres humains et proxénétisme aggravé.
Isi Omoijiade dirigeait une filière de proxénétisme recrutant et obligeant de nombreuses femmes nigérianes à se prostituer dans des camions ou dans la rue. Officiellement agent d’entretien dans une société de nettoyage, il dirigeait en fait la branche française de la Supreme Eiye Confraternity (SEC), une ancienne confrérie étudiante de l’université d’Ibadan (sud-ouest du Nigeria) devenue, selon la police judiciaire, « un groupe criminel international de type mafieux ».
Un réseau bien organisé
Neuf autres prévenus étaient jugés par le tribunal correctionnel de Marseille. Parmi eux, sept « mamas », d’anciennes prostituées devenues proxénètes, ont été condamnées à des peines de trois à neuf ans d’emprisonnement et pour la plupart à une interdiction définitive du territoire français.
Kate Imarhia, « la mama des mamas » lyonnaises, a quant à elle écopé de neuf ans de prison. Ses relations avec un enquêteur lui avaient permis de racketter les autres femmes proxénètes. En échange d’une rémunération, « mama Marbel » leur promettait que la police les laisserait tranquille.
C’est d’ailleurs la mise en examen de ce policier, notamment pour corruption, qui a entraîné le dépaysement de ce dossier à Marseille, même si l’enquêteur a finalement bénéficié d’un non lieu.
L’organisation criminelle avait divisé la France en sept régions, les écoutes téléphoniques ayant déterminé le rôle d’Isi Omoijiade dans la désignation des responsables régionaux.
« Derrière la vie lambda d’un homme humble qui va chercher ses enfants à l’école », il était « intouchable », avec « le statut hors du commun de ebaka en France », avait insisté la procureure lors de ce procès ouvert depuis le 10 octobre.
Des victimes menacées de représailles si elles parlaient
Le tribunal a également condamné les prévenus à indemniser le préjudice moral des victimes, neuf jeunes femmes nigérianes, à hauteur d’environ 40.000 euros chacune.
Elles étaient recrutées depuis le Nigeria avec la promesse d’un emploi de gardienne d’enfants ou de coiffeuse en Europe. Les jeunes femmes, mises entre les mains des passeurs et des gardiens de camps en Libye, avant une traversée périlleuse de la Méditerranée, devaient ensuite rembourser jusqu’à 60.000 euros à leur « mama ».
« Un an pour rembourser 60.000 euros avec des passes à 20 euros, c’est dire l’exploitation », avait lancé la procureure Alice Mazière, regrettant que les « mamas » aient traité ces jeunes femmes « comme de vulgaires marchandises », « participant ainsi d’un système qui les avait elles-mêmes oppressées ».
Ayant subi les rites initiatiques du « juju », lors duquel on les contraignait au silence en les menaçant de représailles, les victimes avaient promis de ne jamais dénoncer leur proxénète.
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