Municipales à Jérusalem: pour les Palestiniens, le choix du boycott ou du vote

28 octobre 2018 12:40 Mis à jour: 28 octobre 2018 12:44

Les habitants de Jérusalem sont appelés mardi à élire le maire et le conseil municipal, mais les Palestiniens débattent moins de leur choix d’un candidat que du bien-fondé de voter ou non aux municipales israéliennes.  Les Palestiniens de Jérusalem ont un statut de résidents permanents qui leur donne accès aux services israéliens. Ils ne peuvent voter aux élections nationales israéliennes mais le peuvent aux municipales, sans pouvoir devenir maire.

Généralement, ils boycottent largement les élections municipales. Même s’ils représentent environ un tiers de la population, seule vote une infime minorité des quelque 300.000 Palestiniens de Jérusalem tant la chose est mal perçue, et les municipales resteront une affaire essentiellement israélienne. Aujourd’hui, plus de 540.000 juifs et non-Arabes vivent à Jérusalem, selon des statistiques israéliennes, essentiellement à Jérusalem-Ouest et dans les quartiers de colonisation périphériques.

Jérusalem a abondamment fait parler d’elle pendant des mois, avec la reconnaissance par le président américain Donald Trump de la ville comme capitale d’Israël fin 2017, rompant avec des décennies de consensus international.  Mais le bruit causé par la décision unilatérale américaine semble ne guère trouver d’écho dans la campagne. Les favoris israéliens pour le poste de maire considèrent de toute façon Jérusalem comme leur capitale indivisible. Quant aux Palestiniens de Jérusalem, ils estiment largement que la décision américaine ne change pas grand-chose à leur quotidien.

Les Palestiniens paient des dizaines de millions de dollars de taxes à la ville. Malgré les appels d’un petit nombre à utiliser le scrutin pour peser sur la gestion de la ville, seule vote une infime minorité des Palestiniens aux municipales. Aux municipales de 2013, leur participation était inférieure à 1%, selon la Société universitaire palestinienne pour les affaires internationales. Cette fois encore, nulle trace de tracts de campagne dans plusieurs quartiers de Jérusalem-Est, a constaté un journaliste de l’AFP.

Ramadan Dabash est à la tête d’une liste de six candidats arabes au conseil municipal. Fait rare, il a la citoyenneté israélienne. C’est aussi un ancien du Likoud, le parti de droite du Premier ministre Benjamin Netanyahu.  Il dit vouloir entrer au conseil municipal pour défendre les Palestiniens.

« Les Palestiniens paient plus de 400 millions de shekels (110 millions de dollars) de taxes à la municipalité ». L’Autorité palestinienne, embryon de gouvernement palestinien exerçant un contrôle limité sur des fragments de Cisjordanie occupée adjacente à Jérusalem, dénie toute légitimité au vote à Jérusalem-Est. « Qu’est-ce que l’Autorité a fait pour les habitants de Jérusalem ? », riposte Ramadan Dabash, « est-ce qu’ils ont construit des hôpitaux ? »

Aziz Abou Sarah voulait lui aussi tenter sa chance. A la différence de Ramadan Dabash, il n’a pas la nationalité israélienne, mais seulement le statut de résident.  Les Palestiniens doivent « reconsidérer » le boycott, dit-il. Le rejet de la domination israélienne n’a pas empêché environ 200.000 colons israéliens de s’établir à Jérusalem-Est depuis 50 ans, souligne-t-il.  « Nous perdons Jérusalem tous les jours davantage », a-t-il dit pendant sa campagne.

Des Palestiniens et des Israéliens l’ont soutenu. Mais il a aussi reçu des œufs lors d’une réunion. Il a fini par se retirer, a-t-il écrit sur Facebook. Le prochain maire sera israélien. Un candidat doit recueillir au moins 40% des suffrages pour devenir maire. A défaut, les deux premiers se livrent un second tour deux semaines plus tard. Le sortant de droite, Nir Barkat, ne se représente pas et a dit son intention de briguer un siège au Parlement.

Nasser Tamimi, Palestinien qui milite pour de meilleures conditions de vie à Jérusalem, « espère que les habitants iront voter ». Mais Abou Yasser, commerçant de la Vieille ville, reflète un état d’esprit partagé: les Palestiniens iraient voter s’ils « croyaient que ces élections leur apporteraient quelque chose ».

D.C avec AFP

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