Richard Gere comme on ne l’a jamais vu : l’acteur américain joue un homme malade, en fin de vie dans Oh, Canada, film crépusculaire de Paul Schrader en compétition à Cannes.
La voix off du début ne laisse aucune place au doute : on assiste aux derniers instants d’un homme.
Se déplaçant en fauteuil roulant, portant une poche urinaire, les yeux mi-clos par la maladie et la douleur, Richard Gere balaye ici le fantasme des années 80, habillé en Armani d’American gigolo (tourné par le même Schrader), ainsi que l’homme d’affaires de Pretty woman.
« C’était un peu effrayant de se voir vieillir, de me voir tel que je serai dans quelques années. C’est une chose très étrange », a-t-il confié samedi lors de la conférence de presse du film.
« Mon père est décédé quelques mois avant que Paul (Schrader) ne me présente le projet. Il vivait clairement ses derniers jours, et la façon dont son esprit était confronté à de nombreuses réalités différentes, c’est ce qui m’a beaucoup touché dans ce scénario », a expliqué l’acteur de 74 ans.
Plus de 40 ans après leur première collaboration, le cinéaste hanté par la rédemption et l’acteur se sont retrouvés pour ce film en forme de bilan, adapté d’un roman de Russell Banks, décédé l’an dernier.
Oh, Canada, titre d’un chanson de Neil Young, est l’histoire d’un documentariste célèbre, Leonard Fife, qui a fait sa renommée en mettant le doigt sur des scandales et par son engagement politique.
Installé au Canada avec sa femme et ancienne élève jouée par Uma Thurman, il décide, se sachant condamné, de lever le voile sur les lâchetés passées et les blessures qu’il a infligées.
Filmé en gros plan par une équipe qui veut tout savoir de leur mentor, Leonard se livre, se perd, invente peut-être… Il croit se souvenir de ce qu’il a été, jeune (incarné à l’écran par Jacob Elordi, vu dans Priscilla). Dans ce puzzle mémoriel, le passé et le présent s’entrechoquent, le Leonard du présent refait le film de sa vie, se souvient des femmes avec qui il a été.
« Toujours une question »
L’occasion de revenir sur sa décision déterminante de partir au Canada pour éviter la conscription pendant la guerre du Vietnam. « C’est toujours une question difficile, est-ce qu’on va à la guerre ? est-ce qu’on prend une arme ? C’est toujours une question, que la guerre soit juste ou injuste », a estimé Richard Gere.
Hanté par les fautes du passé et la question de la rédemption, Paul Schrader fait de son film une dernière confession. Il avait déjà porté à l’écran un premier roman de Russell Banks, Affliction (1997).
Un succès critique dans une carrière en dents de scie. Scénariste de Taxi Driver et Raging Bull, il est longtemps resté dans l’ombre de Martin Scorsese, avant d’acquérir sur le tard l’aura d’un grand nom du cinéma.
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