« Ras-le-bol d’être maltraités »: plusieurs milliers de retraités ont manifesté jeudi dans une vingtaine de grandes villes pour réclamer une hausse des pensions, en pleine flambée de l’inflation et à deux semaines de l’élection présidentielle.
« Macron, rends les sous ! »: dans le cortège parisien, le message était clair, son destinataire aussi. Selon les organisateurs, 3000 personnes ont défilé dans la capitale en début d’après-midi, pour exiger comme certains un « 13e mois pour les retraités ». Le ministère de l’Intérieur en a dénombré 800 à Paris, 13.200 au total dans une soixantaine de manifestations en France.
Ancien chaudronnier, encarté à la CGT, Alain affirme qu’il « perd des sous tous les mois » quand « tout augmente, l’essence, les pâtes, les patates ». Résultat : « On ne va plus au resto une fois par semaine, on est obligé de se serrer la ceinture ».
Le pouvoir d’achat était au cœur des revendications du « groupe des neuf » syndicats et associations qui appelaient à cette journée de mobilisation, leur douzième depuis le début du quinquennat d’Emmanuel Macron.
Les retraités sont nombreux à Marseille à l’occasion d’une manifestation intersyndicale, ils réclament une hausse des pensions et du pouvoir d’achat. @lamarsweb pic.twitter.com/qdvastxHl5
— Amaury Baqué (@AmauryBaque) March 24, 2022
« Beaucoup sont sous le seuil de pauvreté »
À deux semaines et demie du premier tour de l’élection présidentielle, et en pleine flambée de l’inflation, ils réclament une hausse des pensions et un « rattrapage » de leurs pensions de retraite, qui n’ont déjà pas suivi la hausse des prix ces dernières années.
« On a trop longtemps estimé que les retraités étaient trop payés à ne rien foutre », déplore Gérard Gourguechon, ancien inspecteur des impôts et figure du syndicat Solidaires, dénonçant une « discrimination par l’âge ».
« Les retraités en ont ras-le bol-d’être maltraités », explique Monique Daune, secrétaire parisienne du syndicat d’enseignants retraités Snes-FSU.
Santé, dépendance
Les doléances s’étendent aussi à la présence des services publics dans les zones rurales, au coût des complémentaires santé ou encore à la prise en charge de la dépendance par la Sécurité sociale.
« De plus en plus, on tend à passer de la carte Vitale à la carte bleue », a critiqué Jacques Auffèves, responsable de la CGT-Retraités du Rhône.
À Lyon (Rhône) également, dans une foule de 1400 à 1500 manifestants (respectivement selon la préfecture et la CGT), l’ex-informaticienne Sylvie Touleron regrette que les retraités soient « souvent oubliés, alors que notre niveau de vie ne suit pas », en particulier pour les femmes dont « beaucoup sont sous le seuil de pauvreté ».
Certains vivent même « dans la misère » et « on ne peut pas accepter ce genre de situation au 21e siècle », s’indigne Robert Rutto, ancien employé dans une centrale nucléaire.
Constat identique à Nantes en Loire-Atlantique, où 200 personnes ont manifesté en début d’après-midi, dont Régine Grasset, ancienne vendeuse : « J’ai travaillé 42 ans et aujourd’hui je touche 1100 euros par mois. ‘Parfois, en guettant les promotions au supermarché, je me dis vraiment, tout ça pour ça ?' »
À Lille dans le Nord quelques centaines de « retraités intraitables », selon une pancarte, ont battu le pavé. Venue dénoncer « une paupérisation des retraités », Agnès Hiret, ex-enseignante, juge la dernière revalorisation de janvier « très loin du compte » et demande « que la hausse des pensions suive celle de l’inflation ».
D’autres manifestations ont réuni selon les autorités 700 personnes à Toulouse, ou encore une centaine au Puy-en-Velay en Haute- Loire et 220 à Caen dans le Calvados (350 d’après la CGT) et 700 à 1000 personnes à Marseille dans les Bouches-du-Rhône.
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