Deuxième défaite judiciaire de taille pour Monsanto, condamné mercredi aux États-Unis à verser plus de 80 millions de dollars à un retraité malade d’un cancer qu’il attribue au Roundup, le désherbant vedette du groupe racheté par l’allemand Bayer.
C’est la deuxième fois en quelques mois qu’un jury populaire de San Francisco conclut que le Roundup a causé un cancer et que Monsanto est coupable de n’avoir rien fait pour prévenir des dangers possibles de son produit au glyphosate.
2ème défaite judiciaire de taille pour #Monsanto! Condamné aux Etats-Unis à verser plus de 80 millions de $ à un retraité malade d’un cancer qu’il attribue au #roundup , le désherbant vedette du groupe racheté par l’allemand @Bayer4Crops. #SPAPhttps://t.co/H7dPdgb7Db
— Amis de la Terre FR (@amisdelaterre) 28 mars 2019
Bayer s’est d’ailleurs dit « déçu par la décision du jury » dans un communiqué, mais estime qu’elle « ne change rien au poids de 40 ans de science et de conclusions d’agences de régulation dans le monde entier qui soutiennent que notre désherbant au glyphosate est sûr et qu’il n’est pas cancérigène ».
Le groupe a annoncé qu’il allait faire appel de ce jugement, sans apaiser les craintes des investisseurs face à l’accumulation des procédures : Bayer a perdu plus de 45% de sa valeur boursière depuis le rachat de Monsanto en juin 2018, et lâchait encore 0,71% à 55,93 euros jeudi vers 10H45 GMT.
Edwin Hardeman, 70 ans, avait été diagnostiqué d’un lymphome non-hodgkinien en 2015 avant d’attaquer la firme l’année suivante, estimant que sa maladie était due au Roundup dont il s’est servi pendant plus de 25 ans pour désherber sa propriété en Californie.
Procès Roundup : Monsanto condamné à payer près de 81 millions de dollars à un malade du cancer aux États-Unis. ⚖
Rediffusion de notre module consacré aux premiers lanceurs d’alerte. #glyphosate pic.twitter.com/ZBaOMM3BEo— Ina.fr (@Inafr_officiel) 28 mars 2019
Accueillant le jugement avec un bruyant « ouf » de soulagement, le plaignant, sa femme Mary et ses avocates se sont longuement enlacés dans la salle d’audience, après un procès qui a duré plus d’un mois.
La semaine dernière, les jurés avaient déjà estimé que le Roundup était un « facteur substantiel » dans le cancer de M. Hardeman, qui est actuellement en rémission.
Mercredi, ils ont conclu que Monsanto avait également mis sur le marché un produit ayant un « défaut de conception », que les bidons de Roundup auraient dû mentionner des « avertissements » sur les risques potentiels et que Monsanto avait été « négligent » en ne prévenant pas les usagers de risques de cancer.
Estimant que la direction de Monsanto avait agi « avec malveillance » et avait sciemment négligé la sécurité, le jury a attribué 75 millions de dollars au plaignant en dommages « punitifs », selon le terme juridique américain.
#Glyphosate : Une condamnation de plus contre #Monsanto —> on attend toujours la réaction de #Macron et du @gouvernementFR ! Quand allez-vous protéger les français contre toutes les substances chimiques cancérigènes ? https://t.co/sKlJYhZGIb
— Sylvie Goddyn (@Sylvie_Goddyn) 28 mars 2019
À cette somme s’ajoutent notamment les dommages destinés à compenser les dépenses de santé et les pertes économiques passées et à venir du plaignant ainsi que sa souffrance morale. Au total, ce sont 80,3 millions de dollars que doit débourser Monsanto.
« La science nous montre depuis 40 ans que le Roundup peut causer le cancer. Quand on regarde les documents internes à Monsanto, il est aussi très clair qu’ils le savaient », a aussi dit Jennifer Moore, l’une des avocates du plaignant.
Le #Chlordecone jugé cancérigène aux Etats Unis dès 1979 et pourtant utilisé malgré tout des decennies suivantes aux Antilles. Le #Glyphosate jugé cancérigène aux EU et pourtant le droit en Europe de continuer a empoisonner les gens. L’Europe en retard. https://t.co/ot4hv4w9tA
— younous omarjee (@younousomarjee) 20 mars 2019
L’attitude de Monsanto était « destinée à tromper et malveillante, Monsanto doit changer ses pratiques commerciales dès maintenant », a-t-elle ajouté, remerciant les jurés d’avoir envoyé un message « fort et clair » à une entreprise qui gagne des « milliards » avec son désherbant.
« Nous sommes prêts à continuer à nous battre et à porter ces dossiers devant les tribunaux », a-t-elle encore dit.
Au-delà de ce procès, Bayer fait face à quelque 11 200 procédures similaires rien qu’aux États-Unis.
#glyphosate #roundup : l’action de #bayer continue de baisser suite au procès Hardeman vs #Monsanto et atteint son plus bas niveau depuis 7 ans… #Divest #pesticides ? @FoodRevEU https://t.co/QAZNmBnXFb
— Michèle Rivasi (@MicheleRivasi) 29 mars 2019
Ce jugement « montre que le verdict Johnson (au mois d’août) n’était pas un cas isolé » et « va encourager d’autres » personnes à engager des poursuites contre Bayer, a expliqué Carl Tobias, professeur de droit à l’Université de Richmond.
Monsanto et son propriétaire Bayer avaient déjà été condamnés à verser 289 millions de dollars à un jardinier malade d’un cancer en phase terminale lors d’un procès à San Francisco en août. La somme a ensuite été réduite par une juge à 78,5 millions de dollars. Bayer a aussi fait appel de ce jugement.
Le groupe martèle qu’aucune étude, aucun régulateur dans le monde n’a conclu à la dangerosité du glyphosate ou du Roundup entre sa mise sur le marché au milieu des années 1970 et 2012, date à laquelle M. Hardeman a cessé de s’en servir.
Bayer, fabricant du Roundup de Monsanto, essuie un nouvel échec judiciaire devant un jury fédéral US.
En août, un tribunal californien condamnait Bayer pour avoir « considérablement » contribué au cancer en phase terminale d’un jardinier.
Au même moment, en France… pic.twitter.com/sysNRzZluG
— Le Discord insoumis (@Action_Insoumis) 20 mars 2019
Au contraire, « Monsanto a influencé et manipulé la science » en dissimulant certains résultats aux régulateurs ou en payant des scientifiques pour qu’ils signent des articles en fait directement rédigés par le groupe, avait accusé Aimee Wagstaff, l’autre avocate de M. Hardeman, pendant le procès.
Et pendant ce temps en France
-LREM a repoussé l’interdiction des pesticides à 2025
-Des journalistes comme Patrick Cohen (service public) font du lobbying pour Monsanto
-Tout va bien#Roundup #glyphosate pic.twitter.com/CBtnaFrRDb— Paul Barimo (@paulbarmau) 20 mars 2019
L’association environnementale américaine « Environnemental Working Group » a salué le jugement, estimant dans un communiqué qu’il « place Bayer au pied du mur à mesure que grimpent les coûts des procès tandis que son cours de Bourse s’effondre ».
Bayer a acquis l’américain Monsanto en 2018 pour 63 milliards de dollars. Mais le coût pourrait s’avérer bien plus élevé pour le groupe allemand à mesure que s’additionnent aux États-Unis les procès contre Monsanto, spécialiste des produits phytosanitaires et des semences OGM.
D. S avec AFP
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