La couverture des grands médias de l’invasion ukrainienne par Vladimir Poutine semble parfaite à un sujet près, la réaction de la Chine. Force est de constater que les journalistes occidentaux assimilent sans aucune remise en question les principaux éléments de la propagande de Pékin, à savoir que le Parti communiste chinois (PCC) défend la paix, la souveraineté des États, l’intégrité territoriale et que les politiques de Pékin contrastent en tout avec celles de Moscou.
Mais rien n’est plus éloigné de la vérité. L’histoire du PCC est celle d’occupations militaires continues et sinistres, en commençant par celle du Jiangxi soviétique de 1931‑1934, puis il y eut celles de Yan’an à partir de 1935, de Pékin en 1949, du Turkestan oriental (aujourd’hui Xinjiang) en 1950 et du Tibet en 1951.
De 1964 à 1969, le chef du PCC, Mao Zedong tentait de s’emparer du territoire soviétique, mais était repoussé militairement. En 1974, la Chine livrait une bataille contre le Sud‑Vietnam (alors allié aux États‑Unis) et a prenait les îles Paracels dans la mer de Chine méridionale. Un porte‑avions américain se trouvait à proximité, mais n’a malheureusement pas apporté son soutien. Nous le savons aujourd’hui, si l’expansion chinoise avait été étouffée dans l’œuf, d’interminables conflits auraient été évités.
En 1988, la marine de l’Armée populaire de libération (APL) tuait les soldats de la marine vietnamienne sur le récif Johnson South, en mer de Chine méridionale. Elle entamerait ensuite la construction d’une île artificielle afin d’installer une base militaire. En 1995, le régime chinois occupait le récif Mischief, dans la zone économique exclusive des Philippines, et il y a construit une énorme base militaire, en violant impunément la Convention des Nations unies sur le droit de la mer.
En 2009, alors qu’il s’adressait à tous les États membres de l’ONU, Pékin a verbalement revendiqué la totalité de la mer de Chine méridionale . En 2012, les garde‑côtes chinois se sont emparés du haut‑fond de Scarborough, jusqu’alors zone de pêche philippine.
En 2016, les pêcheurs philippins luttaient encore pour ce bout de mer qui leur appartenait depuis toujours. Certains militants tentaient de nager jusqu’à un rocher du haut‑fond pour y planter un drapeau. Pour les dissuader, la Garde côtière chinoise (GCC) n’hésitait pas orienter ses bateaux à moteurs directement sur les nageurs quitte à les blesser. Les grands bateaux en acier de la GCC s’approchaient également des bateaux de pêche pour créer des remous et les contraindre à partir. Toutes ces méthodes sont documentées.
Désormais, l’APL grignote le Bhoutan, situé dans l’Himalaya à la frontière de l’Inde. Le Bhoutan est un minuscule pays qui compte sur l’Inde pour sa défense. L’Inde a donc tenté de désamorcer les incursions de l’APL tout en évitant le conflit armé, ce qui a donné lieu à des échauffourées à flanc de montagne.
Enfin, la Chine entretient des relations étroites avec les talibans et les groupes terroristes de Birmanie.
La guerre de la Chine contre le Vietnam en 1979
En 1979, le président chinois Deng Xiaoping déclenchait une guerre contre le Vietnam en raison de son invasion du Cambodge et de son alliance naissante avec l’Union soviétique. Le Vietnam a repoussé l’armée chinoise, mais Pékin a réussi à déplacer la frontière un peu plus au sud, prenant certains endroits stratégiques, notamment des hauteurs montagneuses pour lesquelles les deux pays s’étaient battus.
Au Vietnam, finalement, la Chine a conservé deux des trois chutes d’eau de Ban Gioc, ainsi que la colline nord adjacente aux chutes, et un territoire à la frontière de Huu Nghi. La borne frontière se trouve sur le côté sud des chutes.
Le professeur Carlyle Thayer de l’Université de Nouvelle‑Galles du Sud a déclaré par courriel en réponse à une demande d’Epoch Times : « Il y a de petits bouts de terrain que la Chine a conservés pour des raisons tactiques » après la guerre de 1979.
Mais Carlyle Thayer était cependant sceptique quant aux affirmations de certaines sources selon lesquelles la Chine possédait eu une colonie d’environ 3000 personnes au Vietnam de 1975 à 1977. Il l’était tout autant quant aux affirmations selon lesquelles la Chine aurait mis en place un gouvernement parallèle dans le district stratégiquement central de Bao Lac. Mais la Chine adopte un schéma des plus similaire en Birmanie aujourd’hui et ces allégations devraient donc faire l’objet d’une enquête plus approfondie.
Répondant à une demande d’Epoch Times, Alexander Vuving, membre de la faculté du Centre d’études de sécurité de l’Asie‑Pacifique, a écrit par mail : « Après la guerre, les Chinois se sont retirés au nord de la frontière d’avant 1979 dans la plupart des régions. Mais ils ont gagné certains territoires. Il s’agit de plusieurs emplacements stratégiques le long de la frontière, dont la plupart ont été légalisés en tant que territoires chinois dans le traité frontalier terrestre sino‑vietnamien de 1999. »
Selon lui, Ban Gioc et le poste frontière de Huu Nghi « font partie des endroits contestés que le Vietnam a cédés à la Chine dans le traité frontalier de 1999. Je ne vois pas de preuve que la Chine ait occupé militairement ces lieux, mais elle semblait les contrôler après la guerre. Ces deux endroits sont plus symboliques que stratégiques. Il y a plusieurs hauteurs stratégiques le long de la frontière où les deux parties se sont battues pour leur contrôle dans les années 1980. La plupart d’entre elles ont également été cédées à la Chine dans le cadre du traité sur les frontières terrestres. »
Quelle sera la prochaine invasion ?
Il semble que les ambitions territoriales du PCC, depuis sa prise de la province de Jiangxi en 1931 jusqu’à ses dernières prises de territoire dans l’Himalaya, ne connaissent pas de limites. Quelle sera la prochaine cible du PCC ? Les îles Senkaku du Japon ? Tout le territoire de Taïwan ? Tout le Bhoutan ?
Maintenant que l’armée russe est absorbée par la guerre en Ukraine, la Chine pourrait‑elle s’emparer de l’extrême‑orient russe, relativement peu défendu ? En 1964, Mao se serait plaint de l’accaparement de terres par la Russie à l’est du lac Baïkal, une vaste étendue de territoire qui représente environ un tiers de la Russie actuelle. Une telle revendication pourrait‑elle servir de base à une future invasion chinoise ?
Qu’en est‑il de la péninsule coréenne ? En 2017, le dirigeant chinois Xi Jinping a apparemment convaincu Donald Trump, alors président, que les deux Corées appartenaient autrefois à la Chine. Tâtonnait‑il le terrain pour une revendication historique qui pourrait un jour conduire à une invasion ?
Personne ne sait quels territoires la Chine ou la Russie tenteront d’occuper à l’avenir, car leurs dictateurs changent opportunément leurs revendications historiques en fonction de leurs projets. Ce qui est certain, c’est que les Soviétiques dans le passé, et la Chine aujourd’hui, ont des ambitions d’hégémonie mondiale.
Les journalistes occidentaux empêtrés dans la propagande du PCC
Tout connaisseur ou témoin de l’expansionnisme militaire de la Chine, constate avec peine que les journalistes occidentaux des grands médias, dont on attendrait qu’ils soient des experts de la question chinoise, répètent sans aucune mise en garde, perspective critique ou contextualisation, les affirmations du PCC selon lesquelles Pékin défend l’« intégrité territoriale ».
Des exemples récents, montre la complète déconnexion entre la propagande de Pékin qui cautionne officiellement « l’intégrité territoriale » et son soutien silencieux à l’invasion de l’Ukraine par Poutine, qui a commencé par la Crimée en 2014 et se poursuit de manière plus violente et étendue aujourd’hui. Ces exemples, on les retrouve dans les articles fort bien rédigés à ce détail près du New York Times et du Financial Times.
Le 26 février, une journaliste du New York Times a qualifié Pékin de « fervent partisan de l’indépendance souveraine », car la Chine s’est officiellement opposée à l’invasion de la Russie. D’autres journalistes ont repris le même thème le lendemain.
Le 27 février, toujours dans le New York Times, un deuxième journaliste a écrit : « La souveraineté de l’État et l’intégrité territoriale, un principe qui remonte à loin dans la politique étrangère chinoise (…) ».
Le même jour, au Financial Times d’évoquer « la politique de soutien de Pékin à la paix et à la stabilité dans le monde ».
Rien de tout cela n’approche de près ou de loin la situation véritable. L’histoire du 20e siècle, ancienne ou récente nous l’a suffisamment montré. Récemment, Xi Jinping n’a‑t‑il pas préparé le terrain pour soutenir l’invasion russe qu’il savait imminente ? En termes d’impérialisme et d’occupations, Xi Jinping et Poutine sont semblables en tous points. Tous deux ont des ambitions territoriales illégitimes et tous deux cultivent le déni. La Chine a constamment porté atteinte à l’indépendance souveraine, à l’intégrité territoriale et à la paix de ses voisins, de l’Asie et du monde dans son ensemble, tout en se dédouanant systématiquement. Et c’est exactement la même stratégie que suit Poutine en Ukraine.
Il y a toutefois une différence entre les deux, à savoir que Xi Jinping reste légèrement plus puissant et plus méfiant que Poutine. Le PCC prospère en créant ou en tirant profit des conflits entre les autres nations, puis en s’installant là où un vide de pouvoir est apparu.
C’est d’ailleurs ainsi que le PCC a récupéré le contrôle de la Chine en 1949. Il a pu s’imposer une fois que le gouvernement nationaliste chinois s’était épuisé dans la lutte contre le Japon impérial. Les communistes ont attendu sereinement à Ya’nan, avant de prendre Pékin le moment venu.
Xi Jinping pourrait déployer cette stratégie en Russie et après l’avoir encouragée à s’épuiser en Ukraine, profiter de son affaiblissement.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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