Patronat et syndicats ont démarré mardi les négociations autour du futur montant des retraites complémentaires : le régime Agirc-Arrco a les caisses pleines, ce qui laisse « une marge », selon le terme des syndicats, pour améliorer les droits des travailleurs.
Géré paritairement, ce régime verse chaque année plus de 87 milliards d’euros de pensions à 13 millions de retraités. Le dernier accord-cadre, conclu en 2019, arrive à échéance, et syndicats et patronat disposent d’un délai resserré d’un mois pour définir les règles qui s’appliqueront dès le 1er novembre, pour la période 2023-2026. Cinq réunions sont prévues, jusqu’au 4 octobre.
Contrairement au régime général, l’Agirc-Arrco dégage ces dernières années de copieux excédents : 2,6 milliards en 2021 et plus de 5 milliards en 2022. Le système a par ailleurs 68 milliards d’euros de « réserve », soit largement de quoi respecter sa « règle d’or », qui impose de disposer d’au moins six mois de versements d’avance, sur un horizon de 15 ans.
22 milliards d’euros supplémentaires sur 15 ans
Selon plusieurs syndicats, la réforme des retraites, avec le décalage de l’âge légal de départ de 62 à 64 ans, devrait aussi apporter – selon un scénario moyen parmi plusieurs étudiés – quelque 22 milliards d’euros supplémentaires au régime sur les quinze prochaines années.
« Ces milliards-là doivent revenir aux retraités et aux salariés », qui « payent » le coût de la réforme, a estimé Michel Beaugas (FO), en sortant de la réunion. « On a les moyens » d’améliorer leurs droits, a jugé pour la CGT Denis Gravouil. Yvan Ricordeau (CFDT) voit, lui, des « marges financières pour négocier ».
Mais le patronat nuance : la réserve actuelle représente « neuf mois » de versements, relève la cheffe de file de la délégation patronale, Diane Milleron-Deperrois. « Ce n’est rien » face aux « engagements » du régime envers les retraités actuels et futurs, qui totalisent 3200 milliards d’euros, selon elle. En 2022, l’institution avait revalorisé les pensions de 5,12%. « Il n’y a pas de cagnotte », insiste la représentante du patronat, et « toute évolution devra s’inscrire dans une logique d’équilibre financier ».
Suppression du « malus » en priorité
Tous les syndicats s’accordent sur une « priorité », qu’ils devraient obtenir : la suppression du « malus » (ou coefficient de solidarité) entré en vigueur en 2019. Ce mécanisme, instauré dans une période de vaches maigres pour renflouer les caisses, visait à inciter les salariés à travailler un an de plus – soit à l’époque jusqu’à 63 ans – alors même qu’ils remplissaient déjà les conditions pour partir à taux plein. À défaut, ils voyaient leur pension complémentaire amputée de 10% pendant trois ans.
Après la réforme, cette décote n’a plus de sens, plaident les syndicats. Sa suppression coûterait 500 millions d’euros par an, c’est-à-dire « 7 milliards sur 15 ans », a noté Christelle Thieffine (CFE-CGC). « Aucune organisation n’a fermé la porte » mais « il y aura une discussion dure » sur les modalités de cette suppression, car le patronat envisage qu’elle soit « progressive », a résumé Yvan Ricordeau (CFDT).
Revalorisation des pensions
Les syndicats planchent aussi sur une revalorisation des pensions, pour mieux prendre en compte l’inflation. Un sujet plus sensible s’est glissé à la table : l’idée de « contribuer » à la revalorisation des petites pensions, prévue par la réforme des retraites. « L’Agirc-Arcco doit prendre sa part », a estimé Éric Chevée, négociateur de la CPME (confédération des petites et moyennes entreprises), chiffrant cette participation « entre 350 et 420 millions d’euros » annuels. « Le gouvernement s’est engagé a le faire, c’est à lui de mettre l’argent », a répliqué M. Beaugas (FO).
Enfin, les partenaires sociaux réfléchissent à un mécanisme permettant de revaloriser les retraites de ceux qui continuent de travailler en touchant leur pension, sur le modèle de ce qui a été créé par la réforme des retraites pour le régime général. Un débat « ouvert », selon la CFDT, et loin d’être tranché.
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.