Député Rassemblement national de la 2e circonscription du Loir-et-Cher, Roger Chudeau est bien décidé à préserver l’institution scolaire de l’offensive islamiste, mais aussi à faire barrage à l’influence grandissante de l’idéologie woke en son sein. Depuis son arrivée au Palais-Bourbon, cet ancien haut responsable du ministère de l’Éducation nationale, devenu pilier de son groupe politique au sein de la commission des Affaires culturelles et de l’Éducation, multiplie en ce sens les projets de loi sur les questions éducatives. Dernière en date, une proposition de loi visant à exclure les élèves radicalisés islamistes des établissements ordinaires. Dans cet entretien, l’ex-haut fonctionnaire en expose les grands axes, analyse le phénomène croissant de l’ultra-violence à l’école et présente la stratégie du RN pour « reconstruire l’école de la République ».
Epoch Times : Vous venez de déposer une proposition de loi visant à exclure définitivement des établissements ordinaires les élèves radicalisés islamistes. Quel est l’état de la progression du phénomène islamiste au sein de l’école française et quelles sont les grandes lignes de cette législation qui vise à l’enrayer ?
Roger Chudeau : L’école française est depuis la fin des années 1990 l’objet d’une tentative de déstabilisation orchestrée par l’islamisme radical de tendance frériste (« Frères musulmans »). Cette entreprise vise à soustraire autant que possible les enfants de « l’Oumma » (la communauté musulmane) à l’influence des valeurs, des principes et des mœurs de la France. Les islamistes radicaux : Frères musulmans, wahabistes, salafistes, refusent absolument le principe de laïcité qui considère que la religion est une affaire privée qui n’a pas sa place dans les établissements publics de l’État.
Il ne passe pas de jour sans que des incidents éclatent dans nos écoles, collèges et lycées : refus d’ôter le voile islamique (interdits par la loi dans les établissements d’enseignements publics depuis 2004), refus d’écouter ou de participer à certains cours considérés par l’islamisme comme « haram » (impurs) : musique, arts, littérature, histoire. Dans le domaine de l’histoire notamment, refus d’étudier la Shoah, les croisades, etc., refus d’observer une minute de silence à l’occasion de l’assassinat de professeurs par des terroristes islamistes, police du vêtement et du comportement dans les cours de récréation.
Le Premier ministre a parlé de « guerre de religion » et a dénoncé la semaine dernière la « charia » dans les écoles de la République. Des dizaines de milliers de professeurs s’autocensurent durant leurs cours pour ne pas être agressé verbalement ou physiquement par des élèves islamistes ou leurs parents. Ma proposition de loi vise à exclure définitivement les élèves radicalisés des établissements ordinaires qu’ils perturbent gravement. Après une procédure disciplinaire, ces élèves seront affectés dans des centres de réinsertion et d’orientation professionnelle (CROS) pour la durée de leurs études obligatoires, jusqu’à l’âge de 16 ans. En cas de refus, de fugues ou de nouvelles perturbations, le procureur de la République sera saisi. L’objectif est double : protéger les établissements scolaires et punir l’élève radicalisé.
Le Premier ministre s’est rendu jeudi dernier dans la ville de l’Essonne, choquée par la mort de Shemseddine, un jeune de 15 ans passé à tabac près de son collège. Gabriel Attal a déploré « une forme de violence débridée », et égrener un certain nombre de mesures visant à lutter contre la violence des mineurs, notamment des travaux d’intérêt général pour les parents défaillants et la possibilité d’envoyer en internat les enfants susceptibles de sombrer dans la délinquance. Que vous inspirent ces mesures et quel est votre jugement sur l’action du gouvernement face au fléau de l’insécurité qui s’est infiltré jusque dans l’enceinte des établissements scolaires ?
Le Premier ministre tente désespérément de faire oublier qu’au bout de sept ans de mandat, le bilan éducatif d’Emmanuel Macron est désastreux. La violence s’est répandue partout dans la société, et dans l’école en particulier. Les mesures annoncées sont en décalage complet avec la vigueur des propos du Gabriel Attal.
Annoncer un « sursaut d’autorité » et dire que « la République contre-attaque » est dérisoire lorsque l’on regarde les mesures envisagées : l’inscription d’une mention « fauteur de trouble » sur le bulletin scolaire et sur le dossier Parcoursup, qui permet l’inscription à l’université, n’a pas de sens pour les voyous qui terrorisent leurs camarades et les professeurs au nom de l’islam.
Ces jeunes ne feront évidemment pas d’études supérieures. Ils sont souvent déjà dans la rue. L’affectation en internats demande l’accord de la famille, ce qui sera très rare dans ce milieu. Les travaux d’intérêt général pour les parents sont une plaisanterie, car que fera l’État en cas de refus ? Tout cela est de la communication et non de l’action.
De manière plus globale, depuis l’arrivée du Rassemblement national à l’Assemblée nationale, comment votre groupe politique s’est-il investi sur le chantier de la question éducative ?
Le groupe Rassemblement national considère que la question éducative est de nature stratégique et vitale pour le devenir de notre pays. L’Histoire montre que les pays dont le système éducatif est défaillant perdent leur puissance et leur liberté d’action. Le risque d’une fracturation durable de la société en raison de la faillite de notre école est réel. C’est pourquoi la question éducative sera au cœur du projet présidentiel de Marine Le Pen.
« La maison Éducation nationale brûle », affirmez-vous. Un désastre qui prend sa source dans la destruction par l’intérieur de l’Éducation nationale par la gauche pédagogiste et syndicale. Pourquoi l’idéologie déconstructiviste est-elle responsable selon vous de la dégringolade du niveau scolaire des écoliers français que nous constatons aujourd’hui ?
La gauche, qui a historiquement créé l’école de République, avait pour ambition de former des citoyens français capables d’exercer leur libre arbitre, bien instruits, acteurs du contrat social et aptes à s’insérer dans une économie moderne. Cet idéal a été abandonné par la gauche pendant les années 1970.
Son idéologie d’aujourd’hui consiste à considérer les minorités : immigrés, LGBT, etc., comme le nouveau « prolétariat ». Elle considère désormais que l’école doit s’adapter à toutes les « diversités ». Le pédagogisme considère que l’élève doit construire lui-même ses apprentissages, ce qui réduit le professeur à n’être plus qu’une sorte de médiateur entre la connaissance et l’élève.
Il s’ensuit une baisse très sensible du niveau d’exigence académique et une déconstruction radicale du principe d’autorité sans lequel il n’y peut y avoir d’éducation. Le wokisme s’est imposé comme l’idéologie dominante de la gauche politique et syndicale, ce qui a des conséquences désastreuses sur l’enseignement.
Vous appelez de vos vœux « une résurrection de l’école de la République ». Quelle est la stratégie du RN pour y parvenir ?
Pour le RN, reconstruire l’école de la République est un devoir national et une urgence politique. Le programme de Marine Le Pen pour 2027 proposera aux Français des mesures visant à reprendre le contrôle de l’action éducative : nouvelle formation des maîtres, retour de l’autorité du professeur, toilettage des programmes scolaires réécrits autour des priorités éducatives : maîtrise des fondamentaux, développement de l’esprit scientifique, connaissance de l’histoire de France, connaissance de la culture française par les arts et la littérature. L’école sera aussi débarrassée des influences sociétales et idéologiques qui la polluent : journées mémorielles de toutes sortes, écologisme militant, genrisme…
Notre stratégie consiste à combattre, au Parlement comme dans les médias, la politique du gouvernement et à proposer sur chaque sujet une solution alternative. Nous enregistrons de premiers succès dans le milieu éducatif et chez les intellectuels. Il nous reste trois années pour convaincre le plus grand nombre.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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