Indexation des salaires sur l’inflation, hausse du Smic, abrogation des réformes de l’assurance chômage et des retraites… : des responsables de la gauche unie sous la bannière « Nouveau Front Populaire » ont dévoilé vendredi matin les premières mesures de leur programme commun.
Les mouvements de gauche ont décliné leur programme commun en trois parties : quinze premiers jours de « rupture » avec notamment des mesures « d’urgence sociale » ; un « été des bifurcations » avec la présentation de plusieurs lois (pouvoir d’achat, santé, éducation) qui s’étalera sur les 100 premiers jours ; puis un volet de « transformations » sur les mois suivants.
Ce programme, fruit de quatre jours d’intenses tractations, ne mentionne pas le nom du potentiel Premier ministre de cette coalition, un autre point de dissensions entre les différentes familles politiques. Ce volet programmatique doit s’accompagner d’un accord sur les investitures dans les 577 circonscriptions.
Des mesures sur le pouvoir d’achat
Parmi les premières mesures en cas de victoire aux législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet, la coalition de gauche promet de « bloquer les prix des biens de première nécessité dans l’alimentation, l’énergie et les carburants par décret », d’« augmenter les salaires par le passage du SMIC à 1600 euros net (1398,69 euros actuellement), par la hausse de 10% du point d’indice des fonctionnaires » ou encore de « décréter un moratoire sur les grands projets d’infrastructures autoroutières ».
Rétablir l’ISF
Le Nouveau Front Populaire a promis également de « rétablir un impôt de solidarité sur la fortune (ISF) renforcé avec un volet climatique » en cas de victoire aux législatives anticipées, via un projet de loi de finances rectificative dès « le 4 août ».
L’alliance de la gauche affiche sa volonté d’« abolir les privilèges des milliardaires » : outre l’ISF, remplacé en 2018 par l’IFI par Emmanuel Macron, elle veut notamment « rétablir l’exit tax », une mesure de lutte contre l’exil fiscal des contribuables, et supprimer la « flat tax », un taux de prélèvement forfaitaire unique sur les revenus du capital ; et, au niveau européen, de « taxer les plus riches » et « généraliser la taxation des superprofits ». Elle envisage également de réformer l’impôt sur l’héritage en instaurant « un héritage maximum ».
Le programme propose une « taxation renforcée des transactions financières » et de « soumettre à cotisation (pour les retraites) les dividendes, la participation, l’épargne salariale, les rachats d’action, les heures supplémentaires », en plus de « créer une surcotisation sur les hauts salaires ».
Au niveau européen, les mouvements de gauche, de Place publique aux Insoumis en passant par les Écologistes, le PCF et le Parti socialiste, se sont accordés pour « taxer les plus riches » et « généraliser la taxation des superprofits ».
Environnement : pas d’accord sur le nucléaire
L’alliance de gauche compte mettre en place un plan climat visant la neutralité carbone en 2050.
Le Nouveau Front Populaire s’engage également à « faire voter une loi énergie-climat » dès l’été et à « conditionner les aides aux entreprises au respect de critères environnementaux, sociaux et de lutte contre les discriminations au sein de l’entreprise » dans les mois suivants.
Elle veut également la « reconnaissance du crime d’écocide » et soutient la création d’un « tribunal international de justice climatique et environnementale ».
Elle promet des moratoires sur « les grands projets d’infrastructures autoroutières » et les « méga-bassines » et s’engage à œuvrer pour « renforcer la structuration de filières françaises et européennes de production d’énergies renouvelables (de la fabrication à la production) ».
Le programme ne mentionne en revanche pas le nucléaire, sujet historiquement clivant, qui ne fait pas l’objet d’un accord au sein de l’alliance pour l’instant.
L’alliance veut aussi « augmenter les réserves des banques pour faire face aux risques climatiques » et réduire à zéro le « financement des banques pour les énergies fossiles », en « commençant par les nouveaux projets ».
Le Nouveau Front populaire veut « engager un plan de reconstruction industrielle pour mettre fin à la dépendance de la France et de l’Europe dans les domaines stratégiques » dans des domaines comme les super-conducteurs, les médicaments ou les voitures électriques. Il veut instaurer un « diagnostic préalable des ressources naturelles avant implantation industrielle ».
Refus du pacte de stabilité budgétaire
L’alliance de gauche compte « refuser le pacte de stabilité budgétaire », qui impose un déficit public sous les 3% de PIB, une dette sous les 60%, ainsi que des trajectoires de retour à l’équilibre pour les États qui ont dépassé ces limites.
Elle veut aussi « mettre fin aux traités de libre-échange » (le Ceta, entre l’Union européenne et le Canada, et l’accord UE-Mercosur), réformer la politique agricole commune (PAC) et « instaurer un protectionnisme écologique et social aux frontières de l’Europe ».
Le Nouveau Front populaire veut subordonner « les aides aux entreprises au respect de critères environnementaux, sociaux et de lutte contre les discriminations » et « réserver au moins un tiers des sièges dans les Conseils d’administration » aux salariés, dont le « doit d’intervention » sera « élargi ».
« Encadrer la sous-traitance, garantir la responsabilité du donneur d’ordre et mettre en place des quotas de sous-traitants issus du tissu de TPE-PME et de l’artisanat local », fait également partie des propositions.
Abroger la réforme des retraites
Dans le volet de « transformations » est intégrée l’affirmation d’un « objectif commun » du droit à la retraite à 60 ans et un engagement à se diriger vers une VIe République avec la fin du 49.3 et l’instauration de la proportionnelle.
« La lutte contre le racisme » « au cœur » du projet
« La lutte contre le racisme » et « l’antisémitisme », sera « au cœur » du projet du Nouveau Front Populaire pour les législatives, a promis vendredi le secrétaire national du PCF Fabien Roussel, lors d’une conférence de presse commune avec les principales forces de gauche.
Sur la question de la lutte contre l’antisémitisme, qui a suscité de vives tensions à gauche pendant la campagne des européennes, « on a tous fait, je trouve, des pas incroyables en un temps absolument record », a également salué Aurore Lalucq eurodéputée Place publique, proche de Raphaël Glucksmann.
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