Promettant « une nouvelle ère » socialiste à son pays, dont il a brossé le tableau jusqu’en 2050, le président chinois n’a laissé aucun espoir de libéralisation du régime, dans un discours dépassant trois heures, devant le symbole géant de la faucille et du marteau sur fond de drapeaux rouges.
« Chacun d’entre nous doit en faire davantage pour défendre l’autorité du parti et le système socialiste chinois et s’opposer résolument à toute parole et action de nature à les saper », a martelé le président chinois, devant les quelque 2.300 membres réunis pour la grand messe quinquennale du parti au pouvoir.
Presque tous en costume sombre et cravate rouge, les délégués du « plus grand parti du monde » (89 millions de membres) écoutaient religieusement le discours de M. Xi dans le cadre ultra-sécurisé du Palais du peuple à Pékin, après avoir applaudi comme un seul homme lorsqu’il a fait son entrée, souriant, aux côtés de ses deux prédécesseurs, les anciens présidents Jiang Zemin et Hu Jintao.
En direction du reste du monde, M. Xi a assuré que son pays allait « s’ouvrir encore davantage » et promis un traitement « équitable » aux entreprises étrangères.
Matches de foot interdits, boîtes de nuit fermées, police omniprésente: la capitale est sous haute surveillance pour assurer un déroulement sans accroc du grand rendez-vous quinquennal du pouvoir chinois, qui doit durer une semaine.
Le XIXecongrès devrait donner sans coup férir un nouveau mandat de cinq ans à M. Xi en tant que secrétaire général, voire lui permettre d’envisager un règne encore plus long. La limite d’âge de 68 ans imposée aux membres du bureau politique, l’instance de 25 membres qui dirige la Chine, pourrait en effet disparaître à point nommé pour Xi Jinping, qui aura 69 ans lors du prochain congrès en 2022.
Xi Jinping « cherche à se poutiniser » en restant au pouvoir indéfiniment, observe le sinologue Jean-Pierre Cabestan, de l’université baptiste de Hong Kong en référence au président russe Vladimir Poutine, avec qui le numéro un chinois semble partager une certaine nostalgie de l’ère soviétique et une défiance de l’Occident, servie par l’essor économique phénoménal de son pays.
Depuis son arrivée au pouvoir fin 2012, Xi Jinping, considéré comme le plus puissant dirigeant chinois depuis le fondateur du régime Mao Tsé-toung et le réformateur Deng Xiaoping, a placé des fidèles aux postes-clés, aidé par une campagne anti-corruption qui a sanctionné plus de 1,3 million de cadres.
S’il n’est pas revenu sur le passage à « l’économie de marché socialiste », son pouvoir s’est accompagné d’un retour de l’idéologie marxiste et d’une répression tous azimuts sur l’internet, les avocats des droits de l’homme, les dissidents ou les croyants.
« Cela ne plaît pas à tout le monde en Chine. Il y a des gens qui sont contre l’idée qu’il reste plus de 10 ans », relève M. Cabestan, qui estime que « le retour à la maoïsation suscite la perplexité dans le pays ».
En luttant contre la corruption, frappant jusqu’au sommet de l’armée et au sein du bureau politique, Xi Jinping « s’en est pris à des intérêts acquis », observe le sinologue. « Tout ça lui attire beaucoup d’inimitiés. Il a pris des risques qu’il a réussi à braver jusqu’à présent ».
Signe de l’influence de Xi Jinping, son nom pourrait faire son entrée dans la charte du parti, un honneur réservé jusqu’à présent à Mao et à Deng.
M. Xi a évoqué lui-même dans son discours une « pensée sur le socialisme aux couleurs de la Chine pour une nouvelle ère » qui pourrait lui valoir une telle distinction.
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