D’après un indice élaboré par S&P Global en s’appuyant sur des sondages d’entreprises, l’activité du privé en France a connu son « plus fort repli » depuis novembre 2020. La tendance est plus marquante dans le secteur manufacturier. Il s’agit d’un phénomène européen particulièrement inquiétant en Allemagne.
Les activités économiques du secteur privé en France ont connu en juillet leur plus forte contraction « depuis 32 mois », après s’être fortement dégradées en juin, selon l’indice PMI « Flash » publié lundi 24 juillet par le cabinet S&P Global et la Hambourg Commercial Bank (HCOB). Cet indice — calculé sur la base de sondages d’entreprises — est très suivi sur les marchés. Une valeur supérieure à 50 signale une expansion d’activités, tandis qu’un chiffre en deçà renvoie à une contraction.
En France, l’indice PMI « Flash » s’est établi à 46,6 en juillet, en repli par rapport au mois précédent (47,2). Cela met « en évidence un ralentissement sensible de l’économie, signalant notamment la plus forte baisse mensuelle de l’activité globale depuis celle observée en novembre 2020, laquelle avait été le prélude d’un repli du PIB », selon Norman Liebke, économiste à la HCOB.
Une contraction d’activités à la fois dans le secteur manufacturier et dans celui des services
Pour l’expert, cette tendance obtenue des « données recueillies du 11 au 20 juillet » s’explique principalement par le recul des activités « dans le secteur manufacturier comme dans celui des services au cours du mois ». En effet, l’indice PMI de l’activité de services en France s’est replié à 47,4 en juillet (48,0 en juin), « un plus bas de 29 mois ». Celui de l’industrie manufacturière française a quant à lui atteint son plus bas niveau « depuis 38 mois », en s’établissant à 44,5 en juillet contre 46,0 en juin.
Malgré la contraction d’activités économiques tricolores en juillet, Norman Liebke souligne que « l’optimisme des entreprises françaises s’est renforcé » par rapport à juin dans le secteur des services, et cela, « sur un récent renforcement de leurs effectifs pour soutenir leurs volumes d’activité future ».
En revanche, « le degré de confiance est bien plus limité » dans le secteur manufacturier. Les fabricants français ont en effet anticipé, « en moyenne, un recul de la production dans les douze prochains mois », après avoir connu une « contraction du volume global des ventes à l’export » qui s’est « accélérée par rapport à juin ».
Une tendance européenne
La contraction des activités économiques du secteur manufacturier est un phénomène récurrent depuis quelques années maintenant à l’échelle européenne. L’indice PMI « Flash » de l’industrie manufacturière de la zone euro s’est replié à 42,7 en juillet, alors qu’il était de l’ordre de 43,4 en juin. Il s’agit de son plus bas niveau depuis 38 mois.
Dr. Cyrus de la Rubia, chef économiste à la HCOB, a qualifié le secteur manufacturier de « talon d’Achille de la zone euro ». Pour lui, les perspectives ne sont « pas encourageantes » dans l’industrie manufacturière européenne, en raison des « fortes baisses des nouvelles commandes et des arriérés de production enregistrés en juillet suggérant le maintien d’un taux de contraction élevé au cours des prochains mois ».
La situation est encore plus inquiétante en Allemagne
En juin, la plus grande économie de la zone euro était entrée en récession, après avoir enregistré des reculs de produit intérieur brut (PIB) durant deux trimestres consécutifs. La décroissance économique de l’Allemagne s’explique en grande partie par la contraction d’activités du secteur manufacturier, moteur de son économie. Or, les commandes passées à l’industrie outre-Rhin ont chuté beaucoup plus que prévu en mars dernier, diminuant de 10,7% par rapport au mois précédent, selon l’office fédéral des statistiques (Destatis).
Cette tendance baissière s’est amplifiée davantage en juillet selon les observations du cabinet S&P Global et la HCOB. À 38,8, l’indice PMI « Flash » pour le secteur manufacturier de l’Allemagne a atteint son plus bas niveau depuis 38 mois. Cela « montre en effet que la demande de biens industriels est en forte baisse, et que la production diminue significativement, notamment pour les biens intermédiaires et de consommation et, pour la première fois depuis cinq mois, pour les biens d’équipement », poursuit le Dr. Cyrus de la Rubia.
Le seul pays du G7 à connaître la récession en 2023
En raison d’« un manque de nouveaux projets », les entreprises outre-Rhin ont continué à « réduire leurs arriérés de travail » en juillet. La « diminution de la réserve de travail en cours » a, à son tour, contribué à « l’affaiblissement des prévisions d’activité des entreprises, qui sont devenues négatives ». Par secteur, « l’optimisme prudent observé en juin dans les services a été remplacé par un léger pessimisme », tandis que « les perspectives des entreprises manufacturières sont devenues encore plus sombres ».
Parallèlement à la diminution des flux de nouveaux emplois et à la détérioration des prévisions, le rythme de croissance de l’emploi dans le secteur privé allemand « s’est fortement ralenti en juillet ». En effet, le taux global de création d’emplois a été « le plus faible depuis près de deux ans et demi », en raison d’« un ralentissement des embauches dans le secteur des services » et de « la première baisse – bien que marginale – des effectifs de l’industrie manufacturière » depuis janvier 2021.
« Il y a une probabilité accrue que l’économie [allemande] soit en récession au second semestre » a averti le chef économiste à HCOB. « En effet, notre prévision du PIB pour le troisième trimestre, qui tient compte de ces derniers chiffres de l’indice PMI HCOB, indique une croissance négative ».
Ce constat est partagé par la dernière actualisation des données sur la croissance du Fonds monétaire international (FMI). Publiée mardi dernier, celle-ci prédit que l’Allemagne devra être le seul pays du G7 à connaître la récession en 2023. La tendance récessive de l’économie outre-Rhin semble d’ailleurs de plus en plus inévitable et un peu plus marquée qu’attendu en avril, pour le FMI, qui table désormais sur un repli de 0,3%, contre seulement 0,1% en avril.
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