L’association a été créée il y a 2 ans par Nadège et Pierre Pauwels, deux bénévoles. Ils achètent les poules aux éleveurs entre 1 et 1,50 euro. Elles sont ensuite adoptées par des familles pour 3 euros. De quoi financer l’équipement de leur camionnette.
L’air est frais et le soleil vient de se lever, 500 poules d’un élevage près de Maubeuge (Nord) sont prêtes à embarquer dans la camionnette de l’association « les ch’tites cocottes de réforme » qui les sauvent de l’abattoir pour les faire adopter.
Les poules se réveillent, il faut les déplacer sans perdre de temps, « sinon elles s’énervent », explique l’éleveur Luc Lemaire, qui les a sorties du poulailler la veille, au coucher du soleil.
Luc Lemaire est contraint par les normes sanitaires de se séparer de ses 3 500 poules lorsqu’elles ont 75 semaines et travaille avec l’association pour la deuxième fois.
Un moyen « plus rentable » que l’abattoir qui ne les rachète qu’entre « 5 et 20 centimes le kilo ». « C’est plus contraignant -il doit préparer les poules en amont- mais on en tire plus de bénéfices », explique-t-il.
Après une heure de travail collectif, la camionnette et sa remorque sont pleines et les volailles, un peu déplumées, prennent la route. Direction le premier point de rendez-vous, à quelques kilomètres de là.
Pierre y distribue les poules, pendant que Nadège vérifie les noms sur la liste des réservations et fait signer les conditions d’adoption. Les familles s’engagent notamment « à ne pas les manger ».
Une poule s’échappe, plusieurs personnes se lancent à sa poursuite et finissent par la récupérer, sous les rires et regards amusés.
Nadège annonce les sauvetages sur le groupe Facebook de l’association et, en fonction des réservations, les Pauwels mettent en place des points-relais dans le Nord, le Pas-de-Calais et à la frontière belge.
Déjà militants de l’association de défense des animaux L214, le couple lit en 2017 « une publication au sujet d’un sauvetage », et décide d’en organiser un dans la région. Depuis la création de l’association, le couple a sauvé près de 10 000 poules – dont 950 ce week-end d’août.
À Valenciennes, une file indienne se forme : « on passe ici à chaque sauvetage, la demande est importante », s’enthousiasme Nadège. Cages pour lapins, boîtes en carton trouées, paniers en osier… chacun a sa technique pour transporter les poules.
Frédéric Debruyne en possède déjà quelques unes, mais « préfère passer par cette association pour sauver ces animaux qui ont vécu dans des conditions difficiles ».
Isabelle Gabet et son fils viennent, eux, adopter des poules de réforme pour la deuxième fois. « Les dernières étaient dans un mauvais état, mais elles se sont bien remises ! ».
Au fil du temps une relation se créée « elles répondent même à leur prénom ! », s’amuse Isabelle qui a choisi d’adopter des poules « pour apprendre aux enfants la nature ». Comme d’autres, récupérer des œufs n’est pas sa motivation première même si elle apprécie cette opportunité.
La démarche n’est parfois pas totalement comprise. À la fin de la distribution, Nadège annonce ainsi sur le groupe Facebook qu’il reste « une dizaine de poules à adopter en urgence », car les personnes qui les avaient réservées « ne les trouvaient pas belles ».
Le projet des « ch’tites cocottes » ne s’arrête pas là. Nadège vient en effet de quitter son poste d’éducatrice spécialisée et va se former en « médiation animale » pour créer à la fin de l’année, une structure qui permettra à des enfants, des personnes âgées et des personnes en situation de handicap d’être en contact avec des « animaux issus de sauvetage ».
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