De Hong Kong à Macao sur le plus long pont maritime au monde

24 octobre 2018 14:37 Mis à jour: 24 octobre 2018 14:45

De premiers voyageurs enthousiastes ont commencé mercredi, smartphone en main, à emprunter dans des navettes le plus long pont maritime au monde, colosse reliant Hong Kong, Macao et la Chine continentale par-delà l’estuaire de la Rivière des Perles. Merveille d’ingénierie pour certains, projet pharaonique excessivement coûteux pour d’autres, l’ouvrage qui défie les superlatifs a été inauguré mardi par le président chinois Xi Jinping.

Il se compose sur 55 km d’un long pont autoroutier serpentant au-dessus des eaux grises de l’estuaire et d’un tunnel sous-marin. Il permet, au moyen notamment d’îles artificielles et d’échangeurs gigantesques de connecter, à l’est, l’île hongkongaise de Lantau avec, à l’ouest, l’ancien comptoir portugais de Macao et la ville de Zhuhai, dans la province du Guangdong.

Mercredi matin, des passagers et des groupes de touristes étaient rassemblés au terminal routier du côté hongkongais, où des compagnies d’autocars autorisés à emprunter le pont distribuaient gratuitement des pâtisseries chinoises. « Je veux essayer le pont et voir s’il est pratique », explique Angie Cheng, 58 ans. « Je veux aussi admirer la vue. Après tout, c’est un projet d’ingénierie historique », ajoute-t-elle avant de grimper à bord du deuxième bus partant pour Macao.

Le chantier pharaonique, qui avait débuté en 2009, a été marqué par de nombreux retards, des dépassements de coûts, des poursuites pour corruption, mais aussi le décès d’ouvriers. Pour les autorités, ce pont-tunnel doit permettre de doper les échanges commerciaux en rapprochant de façon spectaculaire les deux rives du détroit.  Mais pour les adversaires hongkongais du projet, il s’apparente à un « éléphant blanc » (projet démesuré qui s’avère finalement plus onéreux qu’utile) et une tentative de plus de Pékin d’accroître sa mainmise sur l’ancienne colonie britannique, qui bénéficie sur le papier d’une très large autonomie en vertu du principe « Un pays, deux systèmes ».

Offrant d’impressionnantes vues sur l’océan, les montagnes et les écueils parsemant l’estuaire, le pont était partiellement noyé dans la brume matinale quand une équipe de l’AFP l’a emprunté à bord d’un car. Ce qui n’empêchait pas d’enthousiastes voyageurs de filmer sur leur smartphone l’intégralité du voyage vers l’ex-colonie portugaise. Le trafic était extrêmement limité sur l’ouvrage, rappelant les critiques de certains Hongkongais au sujet des restrictions drastiques mises en place pour les automobilistes.

« Toutes les grandes infrastructures ont généralement un faible volume de passagers et un trafic limité après leur lancement », relativisait le secrétaire hongkongais aux Transports Frank Chan. « Il faut du temps pour que cela se mette en place. » Seuls 10.000 permis ont été accordés aux Hongkongais souhaitant conduire leur véhicule jusque Zhuhai, et ce en fonction de critères très restrictifs, parmi lesquels leurs éventuelles fonctions officielles en Chine continentale ou le fait d’avoir fait des dons à des organismes caritatifs en Chine.

Des lors, la plupart des trajets se font à bord de cars agréés. M. Chan n’a pas donné d’estimation quant au nombre de Hongkongais qui pourraient prendre le pont mercredi, mais estimé que 30.000 habitants de Chine continentale pourraient faire la traversée dans la journée.

Le gouvernement avait auparavant tablé sur un trafic quotidien de 29.000 véhicules à l’horizon 2030. Le pont réduit de façon spectaculaire le temps de trajet par la route. Il ne faut désormais que 45 minutes pour se rendre à Zhuhai, contre quatre heures auparavant du fait du long détour par le Nord. Pour aller s’encanailler dans les casinos de Cotai, à Macao, il faut compter une heure par le pont depuis Hong Kong, soit à peu près autant qu’à bord des ferrys assurant des rotations presque continues aux heures de pointe.« Ça prend autant de temps que le ferry, mais c’est plus confortable, quand on est comme moi un peu malade en bateau », se félicitait Angie Cheng.

Cette colossale infrastructure s’inscrit dans le projet du gouvernement chinois de « Grande Baie » (Greater Bay Area) dans la zone.  Ce schéma prévoit l’intégration des deux « régions administratives spéciales » de Hong Kong et Macao dans une gigantesque conurbation de plus de 75 millions d’habitants incluant aussi neuf villes du Guangdong, la plus dynamique des provinces chinoises, parmi lesquelles Canton et Shenzhen. Un des autres éléments phares de ce projet global est la nouvelle liaison ferroviaire à grande vitesse entre Canton et Hong Kong, qui a débuté en septembre.

D.C avec AFP

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