Parcourue de tensions depuis sa naissance, l’alliance des partis de gauche Nupes multiplie ces derniers mois les crises révélatrices de ses lignes de fracture, à la fois sur les valeurs, la stratégie et le leadership.
L’accord électoral leur a permis de rebondir aux législatives, mais les membres de la Nupes partent en ordre dispersé aux prochains scrutins. Pour les sénatoriales de septembre, écologistes, socialistes et communistes ont trouvé un accord partiel. Laissant de côté des Insoumis qui enragent de rester absents de la chambre haute.
Pour les européennes, EELV et PCF ont déjà désigné leurs chefs de file. Manière d’affirmer une « vision de l’Europe » différente, justifie la patronne des Verts Marine Tondelier. D’autant plus que les sondages prédisent davantage de sièges avec quatre listes qu’une seule. Sauf qu’à ce jeu-là, LFI risque d’être surclassée par ses partenaires. Alors que les mêmes oracles donnent une liste commune en tête, devant la majorité et l’extrême droite. « Un formidable point d’appui » pour la conquête du pouvoir, estime Manuel Bompard, fustigeant des alliés qui « organisent la désunion ».
Le clivage n’est pas nouveau
Le clivage n’est pas nouveau. Déjà, en 2021, la présence d’Olivier Faure, Fabien Roussel et Yannick Jadot à une manifestation de soutien à la police avait exposé des divergences profondes, entre mais aussi au sein des partis de gauche. Les récentes émeutes, provoquées par la mort du jeune Nahel lors d’un contrôle de police, ont ravivé la discorde quand Jean-Luc Mélenchon a dénoncé « l’escalade sécuritaire » du pouvoir, sans appeler au calme. Position désavouée par M. Faure, « en profond désaccord », et M. Roussel, qui s’en est « désolidarisé ».
En retour, les Insoumis reprochent aux socialistes le « permis de tuer » accordé aux policiers avec la loi Cazeneuve de 2017, dont ils réclament l’abrogation. La gauche pourra encore compter ses divisions sur le sujet le 23 septembre, lors de la marche « contre les violences policières » organisée par LFI et EELV, à laquelle PS et PCF n’iront pas. Auréolé de son soutien au mouvement contre la réforme des retraites, le rappeur est l’invité vedette de la rentrée de la gauche : des journées d’été des Verts jeudi, aux Amfis des Insoumis samedi, puis à la Fête de l’Huma en septembre.
Soutien à un artiste controversé
Mais l’artiste controversé a relancé des accusations récurrentes d’antisémitisme en s’attaquant à l’essayiste Rachel Khan, petite-fille de déportée qualifiée de « resKHANpée » dans un tweet. Il n’en fallait pas plus pour réveiller la querelle chez les écolos, dont plusieurs ténors ont manifesté leur malaise, de Julien Bayou à Sandrine Rousseau, jusqu’à Noël Mamère. Le chef des sénateurs socialistes Patrick Kanner, s’en est mêlé en affirmant que « la gauche ne doit jamais cultiver l’ambiguïté sur les valeurs ».
Les Insoumis, eux, ont évacué le problème : « Médine n’est pas raciste », a tranché Jean-Luc Mélenchon, jugeant les autres partis de gauche « soumis au qu’en-dira-t-on des hypocrites ». Jamais avare d’un tweet, le triple candidat à la présidentielle apparaît comme le dynamiteur en chef de l’union qu’il a portée sur les fonts baptismaux. Comme lorsqu’en plein débat parlementaire sur les retraites, il intime à ses troupes de ne pas « précipiter » un vote sur l’article clé des 64 ans, que ses alliés espéraient pourtant remporter.
La semaine dernière encore, il s’en est pris à M. Faure, coupable selon d’un « incorrigible double langage » entre appel à l’union et « choix sectaires » pour les prochaines élections, et l’invitant à manifester contre la « loi permis de tuer » qu’il n’a « toujours pas reniée ». Figure du commandeur, « en retrait mais pas en retraite » depuis l’été 2022, M. Mélenchon a beau affirmer qu’il n’est « pas candidat à sa succession », certains le soupçonnent de se préparer pour 2027. Quitte pour cela à se débarrasser d’une Nupes devenue un obstacle.
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