La chambre basse du Parlement indien a adopté dans la nuit de lundi à mardi un projet de loi sur l’attribution de la citoyenneté aux ressortissants de minorités religieuses des pays voisins, qui en exclut les musulmans.
Le projet d’amendement sur la citoyenneté, adopté par 311 voix contre 80, stipule que les hindous, sikh, bouddhistes, jains, parsis et chrétiens qui fuient les persécutions auxquelles ils sont confrontés en Afghanistan, au Bangladesh et au Pakistan – trois pays à majorité musulmane – peuvent se voir attribuer la citoyenneté indienne.
« Ce texte correspond à la tradition séculaire indienne d’assimilation et de respect des valeurs humanitaires », a déclaré le Premier ministre Narendra Modi dans un message sur Twitter, ajoutant être « ravi » de cette adoption.
Mais les organisations musulmanes et les défenseurs des droits de l’Homme voient dans ce texte un des efforts du Premier ministre nationaliste hindou pour marginaliser la minorité musulmane de l’Inde. M. Modi et son gouvernement démentent.
Delighted that the Lok Sabha has passed the Citizenship (Amendment) Bill, 2019 after a rich and extensive debate. I thank the various MPs and parties that supported the Bill. This Bill is in line with India’s centuries old ethos of assimilation and belief in humanitarian values.
— Narendra Modi (@narendramodi) 9 décembre 2019
« Ce n’est pas un texte discriminatoire », a déclaré le ministre de l’Intérieur Amit Shah. « C’est un texte qui donne des droits, pas un texte qui en retire à quiconque », a-t-il ajouté.
Une deuxième tentative
Le gouvernement de Narendra Modi avait échoué à faire passer cette loi durant son premier mandat, le parti nationaliste hindou Bharatiya Janata Party (BJP) et ses alliés ne disposant pas d’une majorité à la chambre haute.
Le parti au pouvoir a cependant remporté une large victoire aux dernières élections d’avril-mai, qui doit lui permettre de faire adopter le texte par les deux chambres.
Le projet de loi vise à amender la législation sur la citoyenneté de 1955, qui interdit aux migrants illégaux de demander la nationalité indienne.
India’s Parliament opened debate on a bill that would establish a religious test for migrants’ eligibility to become citizens, solidifying Prime Minister Narendra Modi’s Hindu-nationalist agenda https://t.co/3e8s5Jqljg
— The New York Times (@nytimes) 9 décembre 2019
Sous le gouvernement de Narendra Modi, plusieurs villes dont le nom était perçu comme musulman ont été renommées, et des livres d’école ont été modifiés pour atténuer la contribution des musulmans à l’histoire du pays. En août, le gouvernement a révoqué l’autonomie de la région himalayenne du Jammu-et-Cachemire, la seule du pays à être à majorité musulmane.
« Ce texte n’a rien à voir avec les musulmans dans ce pays. Les musulmans vont pouvoir continuer de vivre dans ce pays avec dignité », a déclaré le ministre de l’Intérieur Amit Shah.
Le projet de loi sur la citoyenneté a par ailleurs entraîné des protestations dans les États indiens du nord-est, où les habitants craignent un afflux de réfugiés hindous venant du Bangladesh voisin.
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