Taïwan est confrontée à une menace plus imminente d’une éventuelle invasion chinoise que la plupart des gens ne le pensent, a déclaré l’amiral américain John Aquilino lors d’une audition concernant sa nomination au poste de commandant du Commandement des États-Unis pour l’Indo-Pacifique (INDOPACOM) le 23 mars.
John Aquilino, qui, si cela se confirme, succédera à l’amiral Philip Davidson en tant que commandant des forces américaines dans le Pacifique, a été interrogé sur le commentaire récent de Philip Davidson selon lequel Pékin pourrait envahir Taïwan dans les « 6 prochaines années », lors de l’audition de la commission des services armés du Sénat.
En réponse, John Aquilino, le commandant de la flotte américaine du Pacifique, a refusé d’approuver l’estimation, disant qu’il y avait « beaucoup de chiffres en circulation » allant « d’aujourd’hui à 2045 », mais a averti de la menace imminente contre l’île autonome.
« Mon opinion est que ce problème est beaucoup plus proche de nous que la plupart ne le pensent », a affirmé M. Aquilino. « Nous devons nous attaquer à ce problème et mettre en place de toute urgence et à court terme certaines capacités de dissuasion comme la PDI. »
L’initiative de dissuasion du Pacifique (PDI), a été créée dans le cadre de la loi d’autorisation de la défense nationale de 2021, le projet de loi de dépenses annuelles du Pentagone, et vise à garantir des capacités militaires avancées pour dissuader les menaces militaires de la Chine dans la région indo-pacifique. L’IPD s’apparente à l’initiative de dissuasion européenne (pdf), qui a été lancée en 2014 pour améliorer la préparation militaire américaine en Europe.
L’INDOPACOM a proposé au Congrès de doter la PDI d’environ 27 milliards de dollars de dépenses supplémentaires de 2022 à 2027, dont 4,6 milliards de dollars pour l’exercice 2022. L’argent serait consacré à de nouvelles armes telles qu’un système de défense antimissile sur Guam et à la collaboration avec les alliés dans la région.
Selon M. Aquilino, le régime chinois a les yeux rivés sur Taïwan, qui, selon Pékin, fait partie de son territoire.
« Ils la considèrent comme leur priorité numéro un. La réactualistion du Parti communiste chinois est en jeu », a déclaré M. Aquilino.
Taïwan est un pays indépendant de facto qui possède ses propres représentants élus démocratiquement, son armée, sa constitution et sa monnaie. À l’heure actuelle, Washington n’a pas de liens diplomatiques officiels avec Taïpei, mais a maintenu une relation solide avec l’île en vertu de la loi sur les relations avec Taïwan, qui autorise les États-Unis à fournir à Taïwan des équipements militaires pour la défense de l’île.
Cependant, les États-Unis maintiennent depuis longtemps une politique d’« ambiguïté stratégique » – c’est-à-dire qu’ils ne disent pas clairement si le gouvernement américain viendrait défendre Taïwan en cas d’attaque chinoise.
M. Aquilino a laissé entendre que l’armée américaine ne resterait pas les bras croisés dans une telle éventualité, car cela aurait « un impact sur la crédibilité des États-Unis en tant que partenaire dans la région ».
Si le régime chinois devait s’emparer de Taïwan, M. Aquilino a déclaré que cela aurait « un impact négatif » sur la position des États-Unis dans la région et sur leur capacité « à opérer librement dans cette zone ».
En outre, le commerce mondial serait affecté en raison de la position stratégique de Taïwan, selon M. Aquilino.
En ce qui concerne l’autodéfense de Taïwan, M. Aquilino a félicité l’île pour avoir investi dans le système de missiles Harpoon.
« Je suis encouragé par leurs compétences dans leurs investissements, localement pour leur défense. L’exemple que je vous donne est le système Harpoon. Je pense que c’était très réfléchi et que c’était la bonne solution », a déclaré M. Aquilino.
Le système de défense côtière Harpoon faisait partie d’une vente d’armes américaine à Taïwan d’un montant de 2,37 milliards de dollars approuvée par l’administration de Donald Trump en octobre de l’année dernière.
Le vice-ministre de la Défense de Taïwan, Chang Che-ping, a déclaré lors d’une conférence de presse le 27 octobre 2019 que les missiles Harpoon permettraient aux militaires de l’île de détruire la moitié de toute force d’invasion chinoise, selon les médias taïwanais.
La vente de missiles Harpoon est l’une parmi plus de 10 ventes d’armes à Taïwan approuvées par l’administration de Donald Trump. En novembre de l’année dernière, elle a approuvé la vente à l’île d’un ensemble de drones perfectionnés pour un montant de 600 milliards de dollars.
C’est au printemps que Taïwan serait le plus vulnérable à une invasion chinoise. Selon M. Aquilino, le printemps serait le meilleur moment de l’année pour une invasion par les militaires chinois, compte tenu de la lumière, du temps et des conditions maritimes.
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