Le Parlement du Nicaragua a décidé mercredi à l’unanimité de dissoudre la Croix-Rouge nicaraguayenne, accusée d’avoir dérogé à son obligation de neutralité durant les manifestations anti-gouvernementales de 2018, et de la remplacer par un organisme public.
Les députés, tous favorables au gouvernement du président Daniel Ortega, ont voté une résolution pour annuler le décret qui avait fondé la Croix-Rouge le 29 octobre 1958. Avant sa reconnaissance officielle, elle opérait dès 1931 pour porter assistance aux victimes d’accidents et de catastrophes.
Accusée d’avoir violé les lois régulant des associations
Les députés ont accusé la Croix-Rouge nicaraguayenne d’avoir violé les lois régulant des associations sans but lucratif ainsi que le principe de neutralité de la Fédération Internationale de la Croix-Rouge et Croissant Rouge, basée à Genève où elle a été fondée en 1863 et qui regroupe 192 sociétés nationales. Les manifestations du printemps 2018, qui réclamaient la démission du président Ortega et de son épouse et vice-présidente Rosario Murillo, sont considérées par le gouvernement comme une tentative de coup d’État fomentée par Washington. Leur répression a fait plus de 300 morts, selon l’ONU.
Depuis, plus de 2000 organisations et associations, dont des organisations patronales et des universités catholiques, ont été privées d’existence juridique sous l’accusation d’avoir violé les lois, notamment celle sur les « agents étrangers ».
Un nouvel « organisme autonome décentralisé »
« Durant les événements de 2018 (…) des filiales (de la Croix-Rouge) ont agi en contradiction avec ses principes (de neutralité) et de (ses) propres statuts », selon l’exposé des motifs de la résolution. Selon les milieux de l’opposition, la dissolution de la Croix-Rouge nicaraguayenne est motivée par les soins que ses secouristes ont apporté à des manifestants blessés.
Le texte voté par les députés dispose que la Croix-Rouge sera remplacée par un « organisme autonome décentralisé » conformément « au cadre juridique international défini par les conventions de Genève », a indiqué le député Wilfredo Navarro devant le Parlement.
« Tout le patrimoine, les biens et les actions qui appartiennent aujourd’hui à l’association nationale appelée Croix-Rouge nicaraguayenne deviendront la propriété de l’État et seront gérés par la (nouvelle) Croix-Rouge nicaraguayenne », a-t-il ajouté.
Pas encore de commentaires du Comité International de la Croix-Rouge
« Nous avons connaissance de la décision de l’Assemblée nationale du Nicaragua concernant la Croix-Rouge Nicaraguayenne. Comme il s’agit d’une situation en développement qui est en cours d’analyse, nous ne pouvons pas faire de commentaires », a déclaré dans un court message à l’AFP le bureau du Comité International de la Croix-Rouge (distinct de la Fédération) pour le Mexique et l’Amérique centrale.
Avec ses 28 filiales, la Croix-Rouge nicaraguayenne était présente dans tout le pays grâce à 2000 volontaires et avec 63 ambulances.
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