Les Américains ont quitté Kaboul, où ont résonné les tirs victorieux des talibans

Par Epoch Times avec AFP
31 août 2021 06:45 Mis à jour: 31 août 2021 06:47

L’armée américaine s’est totalement retirée d’Afghanistan dans la nuit de lundi à mardi, un départ salué par des tirs victorieux à Kaboul et des critiques véhémentes à Washington, qui met fin à vingt ans de guerre contre les talibans, l’ennemi désormais maître du pays.

Accompagnant ce moment historique, douloureux pour le président Joe Biden, des coups de feu victorieux ont éclaté à Kaboul, les talibans célébrant leur prise de contrôle de l’aéroport de la capitale afghane.

« Nous avons écrit l’Histoire », s’est félicité Anas Haqqani, un responsable du mouvement fondamentaliste, une fois parties les dernières forces américaines après deux semaines d’opérations d’évacuations précipitées, voire chaotiques.

« Le dernier avion (de transport militaire) C-17 a décollé de l’aéroport de Kaboul le 30 août » à 19H29 GMT, juste avant minuit à Kaboul, a déclaré à Washington le général Kenneth McKenzie, qui dirige le commandement central américain dont dépend l’Afghanistan.

Les combattants des forces spéciales taliban Badri arrivent à la porte d’entrée principale de l’aéroport de Kaboul le 31 août 2021, après que les États-Unis ont retiré toutes leurs troupes du pays. Photo de Wakil KOHSAR / AFP via Getty Images.

Le retrait militaire américain s’est donc achevé 24 heures avant la fin de la journée du 31 août, date butoir fixée par le président Biden. Le président s’adressera mardi à ses concitoyens, nombreux à se demander à quoi auront finalement servi ces deux décennies d’engagement en Afghanistan.

« Des Américains à la merci de terroristes »

Le Pentagone a reconnu lundi n’avoir pas pu faire sortir d’Afghanistan autant de personnes que voulu.

De vives critiques de l’opposition républicaine ont suivi l’annonce de cet échec.

Le président a abandonné « des Américains à la merci de terroristes », a ainsi déclaré le chef des républicains à la Chambre des représentants Kevin McCarthy.

Washington continuera à « aider » tous les Américains qui veulent quitter l’Afghanistan, a assuré lundi soir le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken. Les Etats-Unis « travailleront » avec les talibans s’ils tiennent leurs engagements, a-t-il ajouté. « Les talibans veulent la légitimité et le soutien internationaux. Notre message est que la légitimité et le soutien doivent se mériter », a-t-il encore dit.

Des avions sur le tarmac de l’aéroport de Kaboul le 30 août 2021, quelques heures avant la date limite des États-Unis du retrait  d’Afghanistan. Photo de -/AFP via Getty Images.

De 100 à 200 Américains seraient encore en Afghanistan, selon M. Blinken, qui a annoncé un transfert à Doha, au Qatar, des activités diplomatiques et consulaires de l’ambassade des Etats-Unis à Kaboul.

L’armée américaine a par ailleurs indiqué avoir détruit des aéronefs, des véhicules blindés et un système de défense anti-missiles avant de quitter l’aéroport de Kaboul.

Gigantesque pont aérien

Depuis le 14 août, sur une période de 18 jours, les avions des Etats-Unis et de leurs alliés ont évacué par un gigantesque pont aérien plus de 123.000 civils de l’aéroport international Hamid Karzai, selon le Pentagone.

Ces opérations risquées ont été endeuillées le 26 août par un attentat-suicide, revendiqué par l’Etat islamique au Khorasan (EI-K), qui a fait plus d’une centaine de morts, dont les 13 militaires américains.

L’urgence dans laquelle s’est opéré le retrait américain –ainsi que le rapatriement des diplomates et des ressortissants de nombreux pays– s’explique par le fait que les talibans ont pris de court l’Occident dans une offensive éclair pour reprendre possession de l’Afghanistan.

Le gouvernement central et l’armée régulière de ce pays, instable depuis des décennies, se sont effondrés en une dizaine de jours. Kaboul est tombée le 15 août. Washington a admis ne pas avoir anticipé cette débâcle.

Mi-août, victoire des talibans

Les forces américaines étaient entrées en Afghanistan le 7 octobre 2001 pour chasser du pouvoir les talibans, en raison de leur refus de livrer le chef d’Al-Qaïda, Oussama Ben Laden, après les attentats du 11 septembre. Même si l’objectif de supprimer Ben Laden a été réalisé le 2 mai 2011, elles sont restées, notamment pour former une armée afghane finalement mise en déroute.

Mi-août, la victoire des talibans et la fuite du pays du président Ashraf Ghani avaient provoqué la panique à Kaboul. Des milliers d’Afghans avaient envahi le tarmac de l’aéroport de Kaboul pour fuir, certains s’agrippant follement à des avions militaires en train de décoller, pour tomber dans le vide quelques minutes plus tard.

Le retour des islamistes au pouvoir a obligé les Occidentaux à évacuer aussi les Afghans susceptibles de subir des représailles, notamment pour avoir travaillé pour les forces étrangères.

L’armée américaine, qui a dit avoir déjoué dimanche un attentat à la voiture piégée et contré lundi des tirs de roquettes sur l’aéroport de Kaboul, est restée très discrète sur la fin du retrait, par souci de sécurité. Le dernier appareil américain a décollé en pleine nuit, loin des caméras.

Déplorent quelque 2.500 morts

Le président Biden avait dû, pour ces évacuations, renvoyer des milliers de soldats dans la capitale afghane.

Il a continué à justifier sa décision de retirer les troupes américaines par son refus de faire perdurer plus longtemps cette guerre.

Les Etats-Unis déplorent quelque 2.500 morts et une facture de 2.313 milliards de dollars en 20 ans, selon une étude de la Brown University. Ils ressortent de cette guerre avec une image encore plus écornée par leur incapacité à prévoir la rapidité de la victoire talibane et par leur gestion des évacuations.

Lors de leur précédent passage au pouvoir entre 1996 et 2001, les talibans avaient imposé une version ultra-rigoriste de la loi islamique. Les femmes ne pouvaient ni travailler ni étudier, voleurs et meurtriers encouraient de terribles châtiments.

Les islamistes se sont efforcés depuis leur retour au pouvoir d’afficher une image d’ouverture et de modération qui laisse néanmoins sceptiques de nombreux pays et observateurs.

 

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