Les BRICS vont compter six membres supplémentaires. Comme le souhaite la Russie, ce changement va dédollariser le monde. La dédollarisation du monde financier est quasiment impossible, à n’en pas douter, vu l’écrasante domination du dollar américain. Ce que les BRICS considèrent comme possible, c’est la dédollarisation du commerce extérieur. Bien que le commerce extérieur concerne les biens et les services, ces derniers sont pour l’essentiel absents dans de nombreuses économies émergentes. Ces pays exportent principalement des ressources naturelles (énergie fossile) ou des produits bon marché à forte intensité de main d’œuvre.
Parmi les onze membres des futurs BRICS, la Chine est le seul candidat potentiel à « internationaliser » sa monnaie grâce au commerce. Il existe plusieurs mesures relatives au partage des devises, notamment les transactions bancaires (par la Banque des règlements internationaux) et les réserves des banques centrales (par le Fonds monétaire international), mais seule celle de la Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunication (SWIFT) est pertinente pour le commerce extérieur et est la plus favorable. Le membre suivant sur cette liste est l’Afrique du Sud, dont le rand (nom de code ZAR) se classe 21e avec une part de seulement 1,3%.
Si la Chine « internationalisait » sa monnaie au sein de ce camp, elle devrait au moins importer de manière (nettement) substantielle des dix autres pays pour les payer en yuans. Mais cette condition préalable n’est pas remplie. Comme le montre le graphique ci-joint, seuls cinq des onze membres des BRICS figuraient parmi les 20 premiers (en fait les 30 premiers) partenaires d’importation de la Chine en 2022, et deux d’entre eux (en bleu) ne l’ont toujours pas rejoint. Ces cinq partenaires ne représentent que 15% des importations totales chinoises. Ceux-ci totalisent 380 milliards de dollars et représentent moins de 1 % du M2 déclaré fin 2022.
En effet, toutes les importations chinoises en provenance de ces pays n’ont pas été réglées en yuan ; en fait, il est probable que seule une infime partie l’ait été. Ainsi, la marge potentielle d’« internationalisation » du yuan dans le camp des BRICS grâce au commerce extérieur (essentiellement les importations) est faible.
Reprenons l’examen des principaux partenaires pour les importations. Les quatre premiers et l’Allemagne appartiennent au camp occidental et n’accepteront certainement pas le yuan. Les candidats suivants, dont la Malaisie, le Vietnam, l’Indonésie et la Thaïlande, sont, en théorie, des membres potentiels qui pourraient accepter l’accord. Toutefois, aucun de ces pays d’Asie du Sud ne prévoit de rejoindre les BRICS. En outre, la Chine a délocalisé massivement sa production vers ces pays. L’acceptation du yuan pourrait refléter ce type d’activité autrefois menée en Chine.
Il appartient en dernier ressort aux entrepreneurs de décider si une transaction doit être réglée dans une devise ou une autre. Même si la plateforme existe, les décisions commerciales dépendent principalement de facteurs réalistes comme les perspectives en matière de taux de change et de taux d’intérêt et tout risque potentiel lié à la souveraineté ou au pays. Les réponses sont déjà en suspens depuis la crise du Covid-19, puis depuis la crise de la dette chinoise avec la dévaluation persistante du yuan et les baisses des taux d’intérêt. Voilà qui explique pourquoi les BRICS et les pays d’Asie du Sud représentent une part importante des échanges commerciaux chinois, alors que le yuan ne représente que 3% des paiements SWIFT, ce qui constitue déjà une part record.
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