Pour la première fois en France, une exposition est consacrée à cette dynastie qui a régné sur l’Angleterre entre 1485 et 1603. L’exposition bénéficie du prêt exceptionnel d’une vingtaine d’oeuvres phares de la collection de la National Portrait Gallery de Londres.
Après les Borgia au musée Maillol, le musée du Luxembourg expose une autre famille royale dont les intrigues, les vengeances, les amours interdits, les trahisons et les meurtres étaient affaires courantes.
Les Tudors comme les Borgia ont fait également l’objet de romans, de pièces de théâtre, d’opéras, de films et de séries télévisées.
Les ingrédients qui séduisent les téléspectateurs attirent également les visiteurs des musées, les amateurs d’art, les amateurs d’histoire et les simples curieux.
L’exposition pose un regard critique sur l’iconographie royale inventée par les Tudors comme outil de propagande.
Le musée du Luxembourg met en lumière plusieurs approches pour aborder la fameuse dynastie et ses portraits : une connaissance de la famille royale et à travers elle, la Renaissance anglaise ainsi que les grands événements qui ont marqué la dynastie. Elle montre aussi la relation des Tudors avec la France et la représentation de la dynastie dans les arts à partir du XVIIe siècle – la construction d’un mythe en Angleterre mais aussi en France avec la découverte de Shakespeare et de Walter Scott.
Le portrait comme outil de promotion
L’exposition pose un regard critique sur l’iconographie royale inventée par les Tudors comme outil de propagande. À cette fin,
l’exposition réunit les portraits les plus emblématiques des cinq Tudors : Henri VII (le fondateur de la dynastie), Henri VIII qui rompt avec l’Église catholique pour épouser Anne Boleyn, Edouard VI (l’enfant roi), Marie Ire « Bloody Mary »(Marie la sanglante) qui plonge le pays divisé entre catholiques et protestants dans un bain de sang, et enfin Elisabeth Ire (la reine vierge) qui mènera l’Angleterre à son âge d’or.
Henri VII met fin à trente ans de guerre civile. Avec lui, les Lancaster l’emportent sur le roi Richard III et sur les York. Il unit les deux familles rivales et crée une nouvelle dynastie, les Tudors.
De ce fait, la nouvelle dynastie doit s’imposer et rendre visible le pouvoir.
Les portraits d’Henri VIII introduisent une personnalité dominatrice, mature et sûre d’elle-même donnant une impression de stabilité et de force. Il suffit d’une posture pour incarner ces caractéristiques et Henri VIII la trouve.
Quant à ses relations avec la France sous le règne de François Ier, Henri VIII est tenté de réactiver ces anciennes querelles.
Mais dans l’ensemble, les deux royaumes s’efforcent de maintenir une paix durable. Les deux souverains, proches par leur âge, rivalisent de splendeur, chacun tentant d’impressionner l’autre. Cette compétition atteint son comble en 1520, lorsqu’ils se rencontrent au Camp du Drap d’or pour célébrer le traité de paix universelle signé à Londres deux ans plus tôt.
La renommée d’Henri VIII est indissociable de sa vie amoureuse scandaleuse et de ses multiples mariages. Catherine d’Aragon, répudiée. Anne Boleyn, exécutée. Jeanne Seymour, morte en couches. Anne de Clèves, éconduite à peine épousée. Catherine Howard, décapitée. Seule Catherine Parr tire son épingle du jeu en apportant à Henri un peu de stabilité.
Marie Ire, fille d’Henri VIII, ne cache pas son âge dans les portraits. Au contraire, elle s’en sert pour transmettre une maturité et une légitimité à son pouvoir, exhibant sur sa poitrine le bijou offert par son père.
En revanche, la reine Elisabeth, sa demi-sœur qui lui succèdera, garde une « façade » jeune tout au long de ses 45 années de royauté, peut-être pour passer le message à son peuple que « tout est en ordre dans le royaume », alors qu’elle n’a pas de successeur.
Une reine dans un royaume dominé par les hommes
Fille d’Henri VIII et d’Anne Boleyn, Élisabeth monte sur le trône à l’âge de vingt-cinq ans, après la mort de sa demi-soeur Marie en 1558. La jeune reine sait s’entourer de conseillers habiles, tels que William Cecil, qui l’aident à rétablir l’Église d’Angleterre. Au cours de ses longues années de règne, le royaume devient une grande puissance maritime et connaît en littérature un essor qui marque pour toujours la culture anglaise. Elisabeth mourra sans nommer de successeur.
Dans le portrait de son couronnement, Elisabeth, femme dans un monde dominé par les hommes, tient de la main droite la main de justice et de la gauche un globe, montrant ainsi sa souveraineté. Elisabeth présente tantôt une image féminine tantôt une image qui joue entre le masculin et le féminin entre le roi et la femme, une sorte de « roi-femme » comme le stipule l’historien Bernard Cottret.
Dans une autre peinture, elle est présentée en blanc sur la carte du monde. Le blanc suggère la virginité, la reine est donc à la fois la mère de l’Angleterre et vierge, ce qui lui confère une légitimation divine et une image iconique. « Elisabeth est vierge, comme l’Angleterre est île », déclarait Victor Hugo.
Dans son livre La Royauté au féminin, Elisabeth Ire d’Angleterre, Bernard Cottret explique comment la reine a engendré consciemment son propre mythe, à travers poètes, écrivains, peintres, hommes de guerre et courtisans dans cet âge d’or épris de littérature, de théâtre et d’épopée.
La légende à travers les siècles
Au XIXe siècle, la famille royale a connu un grand succès qui persiste encore aujourd’hui.
Dans l’histoire du cinéma, le premier long-métrage à porter les Tudors à l’écran est une création française de 1912, d’Henri Desfontaines, Louis Mercanton et Gaston Roudès : Les Amours de la reine Élisabeth avec Sarah Bernhardt qui voyait là, de son propre aveu, une chance unique de passer à la postérité. Plus d’une vingtaine d’œuvres ont été créées en l’honneur des Tudors dans le Paris du XIXe siècle. Parmi elles, on retrouve les plus noms de la littérature française et de l’opéra italien : Victor Hugo avec Amy Robsart (1828) et Marie Tudor (1833), Alexandre Dumas avec Catherine Howard (1834), Gioachino Rossini avec Elisabetta et Gaetano Donizetti, le premier inventeur d’une série sur les Tudors.
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