La régénération du cerveau est possible : voici comment faire

Autrefois considérée comme impossible, la régénération du cerveau est aujourd'hui un phénomène bien étudié

Par Sayer Ji
25 avril 2022 20:12 Mis à jour: 25 avril 2022 20:12

Qui ne souhaiterait pas régénérer les cellules cérébrales sacrifiées pendant ses années d’études à l’université ? Qui ne redoute le déclin de son cerveau pendant la vieillesse ? La science médicale est en train d’être réécrite pour montrer que nous pouvons réparer notre cerveau et que c’est quelque chose que tout le monde peut faire.

Une idée fausse très répandue veut que le cerveau soit irrécupérable. Même le corps médical a longtemps affirmé qu’une fois les cellules du cerveau tuées, elles disparaissent à jamais. Le fait est que le cerveau peut se réparer lui‑même et, comme la science le prouve aujourd’hui, il existe un réel avantage à adopter des pratiques simples qui peuvent aider à garder notre cerveau vif et élastique tout au long de notre vie.

Réécrire l’histoire de la santé du cerveau

Le domaine des neurosciences cognitives est relativement récent – il n’a qu’un siècle environ – et il n’est donc pas surprenant que nous parvenions constamment à mieux comprendre comment les circuits neuronaux du cerveau humain contribuent à son fonctionnement général.

Pendant la majeure partie de ces cent dernières années, on a cru qu’une fois endommagé, le cerveau ne pouvait pas se régénérer. Les cellules cérébrales étaient limitées, et toute perte ou lésion était ressentie comme une déficience pour le reste de la vie de la personne concernée. Cela a créé une fausse croyance selon laquelle le cerveau est globalement dans un état de déclin perpétuel.

Bien que des preuves irréfutables du contraire aient été présentées dès 1960, le dogme médical était (et est toujours) lent à changer. Ce n’est que dans les années 1980 que les recherches de Fernando Nottebohm à l’université Rockefeller ont clairement indiqué que la neurogenèse – la production de nouvelles cellules nerveuses, ou neurones – avait lieu dans le cerveau des vertébrés adultes.

La prochaine grande étape de cette évolution scientifique allait prendre plus de 30 ans. Cependant, le rythme de notre compréhension de la façon dont le cerveau est connecté était sur le point de faire un bond en avant.

La neuroplasticité

La croissance de nouveaux neurones dans un cerveau adulte de mammifère a été observée pour la première fois en 1992, lorsque des scientifiques ont isolé des cellules‑souches neurales de souris dans une boîte de Pétri. Cette régénération a ensuite été reproduite des milliers de fois dans diverses études publiées au cours des 25 années suivantes.

Il est désormais admis dans la communauté scientifique médicale que le cerveau adulte est capable de produire de nouveaux neurones et de nouvelles cellules gliales, ce que la communauté médicale ne croyait pas auparavant. Le cerveau est désormais considéré comme résilient, modulable et plastique.

Le terme « neuroplasticité » fait référence à la capacité du cerveau à se « reconstruire » par la pratique de la compétence souhaitée. C’est la combinaison de nouvelles cellules et d’un nouvel apprentissage qui crée cette magie. Lorsque de nouvelles cellules nerveuses sont bien stimulées (c’est‑à‑dire entraînées par des exercices d’apprentissage spécifiques), elles établissent de nouvelles connexions. En d’autres termes, elles deviennent des cellules cérébrales saines qui contribuent à l’apprentissage et au développement de nouvelles compétences.

Tout comme les muscles du corps, lorsque le cerveau est bien nourri et stimulé par des exercices appropriés, il guérit et se développe. Et avec des soins et une alimentation appropriée, cette étonnante régénération du cerveau peut se produire tout au long de la vie.

GreenMedInfo a dressé une liste simple des moyens pour préserver la santé du cerveau, de stimuler la croissance de nouvelles cellules cérébrales, et même de guérir le cerveau.

Faire beaucoup d’exercices physiques

Lorsqu’on entend l’expression « entraîner son cerveau », on ne pense pas spontanément à soulever des poids. Pourtant, il s’avère que l’exercice physique est une des meilleures choses à faire pour le corps mais aussi pour le cerveau.

Les avantages de l’exercice pour le cerveau sont doubles. Tout d’abord, le cerveau est un consommateur vorace de glucose et d’oxygène, sans possibilité de stocker l’excédent pour une utilisation ultérieure. Un apport continu de ces nutriments est nécessaire pour maintenir un fonctionnement optimal.

L’exercice physique augmente le flux sanguin vers le cerveau, délivrant un supplément d’oxygène et de glucose frais aux cellules cérébrales affamées. Une étude de 2014 a montré que 30 minutes seulement de cardio modéré (i.e. un exercice qui accélère le rythme cardiaque) suffisaient à stimuler le fonctionnement cognitif du cerveau d’adultes de tout âge.

Mais les bienfaits ne s’arrêtent pas là. L’exercice stimulerait la neurogenèse hippocampique : la croissance de nouvelles cellules dans la région du cerveau associée à la mémoire à long terme et aux émotions. Une croissance cellulaire saine dans cette région est importante pour le cerveau vieillissant et contribuerait à prévenir le déclin cognitif associé à la maladie d’Alzheimer et à la démence.

Utiliser des techniques de réduction du stress

Notre monde moderne fonctionne au stress, il est donc facile de comprendre le besoin de se détendre. Ce que beaucoup ignorent, c’est à quel point une immersion continue dans les hormones de combat ou de fuite du stress peut être dommageable pour le cerveau.

Le stress est un des principaux facteurs de déclin cognitif lié à l’âge. C’est pourquoi s’engager dans des activités de loisirs régulières n’est pas seulement une chose amusante à faire, mais une étape importante pour assurer une santé cérébrale optimale.

Il n’y a pas besoin de chercher bien loin pour trouver des moyens de déstresser. Il faut se laisser guider par ses centres d’intérêt. La clé pour choisir des passe‑temps sains pour le cerveau est d’éviter les activités passives comme regarder la télévision et de choisir plutôt des passe‑temps stimulants qui sollicitent le cerveau par des schémas, des énigmes et la résolution de problèmes.

Une étude publiée en 2011 dans le Journal of Neuropsychiatry a révélé que des activités telles que les jeux, la lecture de livres et l’artisanat, comme le matelassage et le tricot, réduisaient jusqu’à 50 % les taux de déficience cognitive.

La pratique de l’art figure également en bonne place sur la liste des passe‑temps favorables à la santé du cerveau. Les études prouvent qu’une fois encore, il ne suffit pas d’être un observateur passif. Pour que le cerveau soit stimulé, il faut s’engager.

Dans une étude allemande publiée dans la revue PLOS One, des chercheurs ont étudié deux groupes : un groupe qui observait l’art et un groupe qui en produisait. L’étude a conclu que, par rapport à ceux qui observaient l’art, les producteurs d’art faisaient preuve d’une plus grande interactivité entre le cortex frontal et pariétal du cerveau. Cette connectivité cérébrale accrue se traduit par une meilleure résilience psychologique dans le groupe des producteurs d’art. En d’autres termes, leur capacité à résister aux effets négatifs du stress est optimisée.

Mais il existe des moyens plus simples de se détendre. Écouter de la belle musique ou s’asseoir pour contempler le calme ? Il a été démontré que la méditation permet d’abaisser la pression artérielle, de réduire l’inflammation, et même de renforcer la résistance aux sentiments d’anxiété et de dépression. Et si l’écoute de la musique peut sembler être une activité passive, la recherche suggère que l’acte d’écouter des rythmes musicaux facilite la neurogenèse du cerveau.

Méditer et écouter de la musique, voilà deux activités qui influent sur la sécrétion d’hormones clé qui renforcent la plasticité cérébrale, modifiant ainsi la manière même dont nous réagissons au stress. C’est ce qu’on appelle une bonne médecine !

Prendre des suppléments stratégiques

Curcuma

Nous avons tous dans notre entourage une personne qui s’émerveille des bienfaits du curcuma. Cette racine d’un orange profond est considérée comme une panacée, un remède pour tout, du soulagement des douleurs articulaires et de l’inflammation à la réduction du risque de maladie cardiaque. Nous sommes de plus en plus conscients des bienfaits de cette plante médicinale.

Le curcuma est un exemple de composé remyélinisant, c’est‑à‑dire une substance ayant des effets prouvés sur la régénération des nerfs.

Les composés remyélinisants agissent de sorte à réparer la gaine protectrice qui entoure le faisceau nerveux, appelée myéline, une zone souvent endommagée dans les troubles auto‑immuns et vaccinaux. La recherche montre que même de petites doses de ces substances réparatrices peuvent produire une régénération nerveuse significative.

Le modèle occidental d’intervention pharmaceutique a créé une culture qui cherche à identifier et à isoler le « principe actif » d’une substance organique. Or, cela ne tient pas compte du fait que les composés organiques agissent souvent comme un tout : les isolats peuvent à manquer d’un élément essentielle qu’un autre élément végétal fournit.

La curcumine est le principe actif isolé du curcuma, mais de nouvelles recherches montrent qu’un autre élément présent dans le curcuma possède des propriétés pharmaceutiques qui lui sont propres.

Dans une étude particulièrement intéressante publiée dans la revue Stem Cell Research & Therapy, des chercheurs ont découvert qu’un composant peu connu du curcuma, l’ar‑turmérone, pourrait constituer « un candidat prometteur pour favoriser la régénération dans les maladies neurologiques ».

L’étude a révélé que lorsque les cellules du cerveau étaient exposées à l’ar‑turmérone, les cellules‑souches neurales augmentaient en nombre et en complexité, ce qui indique qu’un effet de guérison était en cours. Cet effet a été reproduit chez les rats, qui, exposés à l’ar‑turmérone, ont connu une augmentation de la production de cellules‑souches neurales et la génération de nouvelles cellules cérébrales saines.

Le thé vert

Un article de 2014 étudiant les composés actifs du thé vert (connus sous le nom de catéchines, une catégorie principale de micronutriments), a déterminé que les catéchines du thé vert ne sont pas seulement antioxydantes et neuroprotectrices, mais qu’elles stimulent réellement le cerveau à produire plus de neurones.

En raison de cet effet thérapeutique sur les régions endommagées du cerveau, le thé vert s’est révélé avoir des implications très intéressantes dans le traitement des troubles neurodégénératifs « incurables » tels que les maladies d’Alzheimer, de Parkinson et de Huntington. Cela a incité les chercheurs à déclarer que les catéchines du thé vert constituaient « une approche complémentaire très utile » dans le traitement des maladies neurodégénératives.

D’autres recherches sur le thé vert ont examiné une combinaison de myrtille, de thé vert et de carnosine, et ont constaté qu’elle favorisait la croissance de nouveaux neurones et de cellules‑souches cérébrales, dans un modèle animal de maladie neurodégénérative.

Ginkgo biloba

Le ginkgo biloba est considéré comme un produit phare de la pharmacopée des plantes médicinales, et ses effets sur la santé du cerveau sont tout aussi puissants. Le ginkgo a démontré au moins 50 avantages distincts pour la santé, et sa valeur médicinale est documentée dans le traitement de plus de 100 maladies différentes.

Il existe de nombreuses études sur la capacité du ginkgo à stimuler les niveaux d’une protéine cérébrale essentielle appelée BDNF (brain‑derived neurotrophic factor). Cette protéine affecte la guérison des régions endommagées du cerveau et est essentielle à la régulation, la croissance et la survie des cellules cérébrales, ce qui la rend particulièrement importante pour la mémoire à long terme.

Le ginkgo est si efficace qu’un article publié en 2006 dans l’European Journal of Neurology a montré qu’il était aussi utile dans le traitement de la maladie d’Alzheimer que le médicament vedette, le donépézil.

Récemment, un nouveau mécanisme à l’origine des propriétés de guérison du cerveau du ginkgo biloba a été mis en lumière par la publication d’un article dans Cell and Molecular Neurobiology. Les chercheurs ont déterminé que le ginkgo est efficace, en partie, grâce à sa capacité à moduler les cellules souches neurales (CSN) pour en faire le type de cellule nécessaire à la région spécifique du cerveau où les protéines BDNF sont actives.

Les cellules souches neurales (CSN) sont des cellules multipotentes. Elles ont l’étonnante capacité de se transformer en l’un des nombreux phénotypes de cellules qui composent le cerveau. Le Ginkgo stimule la croissance du phénotype cellulaire approprié pour la région du cerveau affectée, donnant à notre cerveau exactement ce dont il a besoin, là où il en a besoin. Voilà une médecine intelligente !

Manger des légumes

Pour ceux qui veulent stimuler la régénérescence des cellules cérébrales en mangeant, il faut ajouter du brocoli fraîchement cuit à la vapeur dans l’assiette !

La science a ajouté une substance appelée sulforaphane, que l’on trouve dans les légumes riches en soufre comme le brocoli, à la liste croissante des substances neurogènes qui ont été documentées pour stimuler la croissance des nerfs dans le cerveau.

L’étude, publiée dans la revue Genesis, révèle que le sulforaphane, en plus de stimuler la croissance de nouveaux nerfs, a démontré d’importantes propriétés curatives en tant qu’antioxydant et agent anti‑inflammatoire, ainsi que la prévention des maladies et de la mort des neurones sains.

Pour ajouter à l’excitation entourant ces résultats, les chercheurs ont observé l’effet bénéfique sur les cellules‑souches neurales qui entraîne leur différenciation en types de neurones spécifiques et utiles, apportant un soutien puissant à l’hypothèse selon laquelle le sulforaphane stimule la réparation du cerveau.

Les légumes contenant du sulforaphane sont le brocoli, les choux de Bruxelles, le chou, le chou‑fleur, le raifort, le chou frisé, le chou‑rave, les feuilles de moutarde, le radis, le navet, le cresson et le bok choy. Pour un bénéfice thérapeutique, essayez de consommer au moins trois tasses par jour, crues ou cuites.

Employer l’apprentissage continu

Le vieillissement est souvent associé au déclin cognitif, que ce soit dans les recherches ou dans les témoignages anecdotiques. Cependant, un nombre croissant d’ouvrages montrent que pour conserver un cerveau vif et lucide, il ne faut jamais mettre à la retraite son esprit critique.

La nécessité de remettre continuellement en question et d’élargir notre pensée a été démontrée dans l’étude susmentionnée de 2011 publiée dans le Journal of Neuropsychiatry. Dans cette étude, les activités de loisirs d’un groupe d’adultes âgés (de 70 à 89 ans) ont été surveillées afin de déterminer leur effet sur la déficience cognitive légère (DCL).

L’étude a déterminé que le niveau de complexité de l’activité était la clé de son efficacité dans la prévention des troubles cognitifs légers. Le travail à l’ordinateur, la lecture de livres et les activités associées à des schémas et à la résolution de problèmes ont contribué à une diminution significative de la probabilité de développer une DCL. Les activités moins stimulantes n’ont montré aucun effet statistique. Cela souligne l’importance de se sentir mis au défi et stimulé par les activités que nous pratiquons en vieillissant.

Ces résultats ont été renforcés par une étude menée en 2014 auprès sur près de 3 000 volontaires, sur une période de plus de dix ans. Cette étude a examiné les avantages potentiels à long terme de l’entraînement cognitif chez les personnes âgées. Les résultats ont montré que les participants ont démontré une amélioration de leur vitesse de traitement cérébral et de leurs capacités de raisonnement jusqu’à 10 ans après la fin de l’entraînement.

Ces avantages cérébraux tangibles se sont répercutés dans la vie quotidienne et ont été mesurés dans la capacité des participants à accomplir des tâches quotidiennes normales, telles que les finances personnelles, la préparation des repas et les soins personnels. L’étude a révélé que les environnements stimulants contribuent à accroître la complexité du cerveau.

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