Longtemps favori pour succéder à Boris Johnson et devenir le premier chef de gouvernement non-blanc du Royaume-Uni, Rishi Sunak, ex-ministre des Finances à l’ascension politique météorique, peine à convaincre dans la dernière ligne droite.
Candidat préféré des députés, ce riche ancien banquier hindou de 42 ans, petit-fils d’immigrés indiens, est distancé par la cheffe de la diplomatie Liz Truss dans les sondages au sein des quelque 200.000 adhérents du Parti conservateur, chargés de les départager d’ici début septembre.
Accusé d’avoir trahi Boris Johnson en claquant la porte du gouvernement début juillet, jugé trop lisse, trop centriste ou trop timoré dans sa prudence budgétaire face à une concurrente qui promet des baisses massives d’impôts, la tâche est rude pour Rishi Sunak, malgré la popularité acquise quand il distribuait des milliards de livres d’aides publiques pendant la pandémie de Covid-19.
N’a pas réussi à inverser la tendance
Malgré ses facilités oratoires qui lui donnaient l’espoir de remonter la pente lors de la campagne, ce partisan du Brexit de la première heure n’a pas réussi à inverser la tendance. Pire, il a semblé condescendant lors du premier duel télévisé, coupant sans arrêt la parole à Liz Truss et semblant lui faire la leçon.
Face au choc fiscal proposé par la cheffe de la diplomatie, qualifié de « conte de fées », il oppose la prudence budgétaire et la nécessité de maîtriser l’inflation historique qui plombe les ménages britanniques. Sous pression, il a cependant fait volte-face en promettant des baisses de TVA sur l’énergie et s’est lancé dans une surenchère de propositions séduisantes pour l’aile droite des « Tories », sur l’immigration par exemple.
Mais en période de crise du coût de la vie, sa fortune, amassée lors de sa carrière dans la finance et via son mariage à Akshata Murty, fille d’un multimilliardaire indien, passe mal. Les alliés de Liz Truss ont moqué ses costumes onéreux et chaussures Prada portées pendant la campagne. Il a aussi récemment vu resurgir une vidéo de jeunesse où il confessait ne pas avoir d’ami issu de la classe ouvrière.
Face à ces critiques, ce fan de la saga Star Wars renvoie son histoire familiale, comme une success story comme les conservateurs les aiment.
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— Courrier inter (@courrierinter) August 1, 2022
Né le 12 mai 1980 à Southampton, sur la côte sud de l’Angleterre, Rishi Sunak est en effet l’aîné de trois enfants et le fils d’un médecin généraliste du système de santé public et d’une pharmacienne. Nés en Inde, ses grands-parents ont émigré en Afrique orientale britannique dans les années 1960.
Rappeler le parcours de Margaret Thatcher
« Ma famille a émigré ici il y 60 ans. (Ma mère) tenait la pharmacie locale de Southampton. C’est là où j’ai grandi, dans la boutique, livrant les médicaments. J’ai travaillé comme serveur au restaurant indien au bout de la rue », a-t-il souligné lors d’un rare moment des débats où il s’est attiré les applaudissements. « Je suis ici grâce au dur labeur, au sacrifice et à l’amour de mes parents ».
Une manière aussi de rappeler le parcours de Margaret Thatcher, la « Dame de fer » aux réformes libérales, fille de commerçants dont les candidats se disputent l’héritage et qui est souvent citée en modèle par Liz Truss.
Rishi Sunak a cependant très vite accédé à l’élite en fréquentant le Winchester College, un très chic pensionnat pour garçons. Il a ensuite étudié la politique, la philosophie et l’économie dans les prestigieuses universités d’Oxford, en Angleterre, et de Stanford, aux Etats-Unis.
Parcours d’élite
Avant d’entrer en politique, il a travaillé dans la finance, en particulier chez Goldman Sachs, et fondé sa propre société d’investissement.
Ce père de deux filles prête serment sur la Bhagavad Gita, un texte sanskrit, quand il est élu député du Yorkshire (nord de l’Angleterre) en 2015. A peine cinq ans plus tard, il accède à 39 ans au poste très convoité de ministre des Finances, peu avant le début de la pandémie.
Rappelant le travailliste Tony Blair, il bâtit une véritable marque « Rishi Sunak » sur Twitter et Instagram. Connu pour ne pas boire d’alcool et son goût du détail, on l’y voit en train de travailler en sweat à capuche ou en visite sur un chantier. Avec parfois des retours de flamme, comme lorsqu’il a été raillé pour la très onéreuse tasse connectée trônant sur son bureau.
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