L’ancien numéro trois de la gendarmerie nationale estime que la « société de vigilance » à laquelle a appelé le chef de l’État est indispensable pour lutter de manière efficace contre la menace terroriste, la criminalité et la délinquance en France.
À travers un billet publié sur son compte Facebook, le général Soubelet est revenu sur le discours adressé par Emmanuel Macron lors de l’hommage aux quatre fonctionnaires de la préfecture de police de Paris ayant été tués par le terroriste islamiste Mickaël Harpon.
Un discours pendant lequel le président de la République avait notamment appelé les Français à faire preuve de « vigilance » et à signaler les comportements suspects pour lutter contre « l’hydre islamiste ».
« La sécurité de la France passe par chacun de nous. Être attentiste, penser que l’État va tout régler, ne pas se sentir concerné, voilà l’état d’esprit qui mine la France », écrit l’ancien numéro trois de la gendarmerie nationale.
« Le ‘meilleur’ ne viendra pas tout seul avec des incantations ou des critiques permanentes. Il se construit patiemment au quotidien en refusant l’indifférence et en participant à la régulation sociale », poursuit l’auteur de l’ouvrage Tout ce qu’il ne faut pas dire : Insécurité, Justice : un général de gendarmerie ose la vérité.
« L’indifférence ouvre la voie aux excès et à ceux qui ne respectent rien ni personne. Sachons les rappeler à l’ordre par notre exemple et signaler les comportements déviants avant les débordements, car après il est trop tard et intervenir présente trop de danger.
Remettons au cœur de la vie de la cité cette notion incontournable mais dévoyée, malmenée et marginalisée : la responsabilité », ajoute le haut gradé.
« Rien de plus qu’un appel au civisme »
En guise de conclusion, Bertrand Soubelet partage le lien d’une tribune publiée dans les colonnes du Figaro le 28 octobre revenant sur les déclarations d’Emmanuel Macron et la « société de vigilance » à laquelle il a fait allusion.
Parmi les signataires, dont le général Soubelet fait partie, une quinzaine de magistrats, de militaires, de préfets et de réservistes membres du groupe de réflexion Synopia.
Pour les signataires de cette tribune, si les propos du chef de l’État ont pu alimenter «les débats sur la participation des citoyens aux actions de sécurité », l’implication de chaque Français ne doit toutefois pas « être assimilée à une forme de collaboration, avec toute la charge négative que ce mot revêt depuis les années 1940 ».
Cette participation des citoyens ne doit ainsi pas être confondue « avec la surveillance ou l’espionnage qui ne sont bien évidemment pas du ressort de la population ».
« Si la sécurité est une mission régalienne, cela n’implique pas que les citoyens soient totalement désengagés et passifs. La société de vigilance à laquelle appelle le président Macron ne doit pas s’apparenter à une société de délation, mais doit inciter les citoyens à être davantage responsables de leur sécurité et de celle de leur entourage, en étant plus attentifs à leur environnement, et de participer ainsi à la sécurité collective », observent les personnalités ayant rédigé la tribune.
« Car aujourd’hui la collecte de signaux faibles d’une menace terroriste potentielle se situe au niveau infralégal, une zone où, en démocratie, l’action régalienne ne peut intervenir. Ce n’est finalement rien de plus qu’un appel au civisme », ajoutent-ils.
« La sécurité de nos concitoyens ne se fabriquera pas sans eux »
Et les signataires de mettre en avant l’exemple de différents pays étrangers ayant développé une coopération fructueuse entre les forces de police et la population.
« La participation des citoyens est ainsi à la fois une garantie d’efficacité et une exigence démocratique. […] Les pays anglo-saxons (Canada, Royaume Uni), mais aussi les pays scandinaves, la Belgique et l’Espagne ont acquis une solide expérience en la matière. »
« Ces expériences étrangères nous le disent : la première chose à faire, c’est d’instaurer au plan local, un dialogue avec la population. Ce dialogue possède deux vertus: la première, évidente, est que les services de sécurité bénéficient ‘en direct’ des informations sur les besoins de sécurité ; la seconde est que les citoyens prennent ainsi l’habitude d’échanger et de coopérer avec les agents. »
« La sécurité de nos concitoyens ne se fabriquera pas sans eux. Le combat singulier des services de sécurité contre les délinquants, sous le regard passif de la population, correspond à une vision dépassée. C’est en associant les citoyens, actifs et responsables, à la mise en œuvre de leur propre sécurité, que délinquance et criminalité pourront être mieux jugulées », concluent les auteurs.
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