L’Acat (Action des chrétiens pour l’abolition de la torture) a déposé jeudi un recours en urgence au tribunal administratif de Paris pour empêcher le départ du Havre (nord-ouest) d’un cargo saoudien chargé d’armes qui pourraient, selon l’association, être utilisées dans la guerre menée au Yémen par l’Arabie.
La France a reconnu mercredi qu’un navire saoudien qui mouille pour le moment au large du Havre, allait effectuer un chargement d’armes, mais assure qu’elle ne disposait d’« aucune preuve » permettant d’affirmer que des armes françaises étaient utilisées au Yémen.
Sur la chaîne BFMTV et la radio RMC, la ministre française des Armées Florence Parly n’a aucunement précisé la nature des armes qui seront chargées ni leur destination. « À la connaissance du gouvernement français, nous n’avons pas d’éléments de preuve selon lesquels des victimes au Yémen sont le résultat de l’utilisation d’armes françaises », a-t-elle déclaré.
« Il y aura chargement d’armes en fonction et en application d’un contrat commercial », a-t-elle conclu.
Selon le site d’investigation Disclose, le navire doit prendre livraison de « huit canons de type Caesar » que l’Arabie saoudite pourrait utiliser dans la guerre qu’elle livre au Yémen aux rebelles houthis, minorité chiite soutenue par l’Iran, grand rival de Ryad.
D’après une source gouvernementale, « il ne peut pas s’agir de canons Caesar puisqu’il n’y a aucune livraison de Caesar en cours ».
Cette dame, Florence Parly, ministre de la défense de France, reconnaît vendre des armes à l’Arabie Saoudite et aux E.A.R. pour faire la guerre au Yemen. Sauf que selon elle, aucune arme framçaise n’a jamais blessé, encore moins tué un yéménite. Et on appelle ça un « MINISTRE ». pic.twitter.com/s4BeMjoj1u
— Ona Ndong Roland (@ona_roland) 8 mai 2019
Pour l’avocat de l’Acat, Joseph Breham : « L’État français ne peut ignorer que ces armes peuvent servir à commettre des crimes de guerre au Yémen, où plus de 400 000 civils sont potentiellement sous le feu ».
L’association a déposé un « référé-liberté », un recours en urgence visant à protéger une liberté fondamentale menacée, qui devrait être examiné dans la journée, selon l’avocat.
« Cela pose problème que la France ait des partenariats privilégiés, notamment en matière d’armement, avec des pays comme l’Arabie saoudite. Ce pays soutient, finance et arme des factions islamistes, et mène une guerre abjecte contre le Yémen. » @franceinfo #InstantPolitique pic.twitter.com/Y6XotR4UvV
— Nicolas Bay (@NicolasBay_) 9 mai 2019
L’Acat conteste la décision de la Direction générale des douanes d’autoriser le cargo Bahri Yanbu battant pavillon saoudien « à procéder à un chargement, exportation et transfert au sens de l’article 6 du Traité sur le Commerce des Armes, de matériels de guerre et matériels assimilés, dans le port du Havre, à destination finale Djeddah en Arabie Saoudite ».
Suite aux propos de la ministre des Armées, Bénédicte Jeannerod, directrice France de Human Rights Watch a commenté : « Cela montre de nouveau l’obstination de la France à poursuivre ses transferts d’armes à ce pays malgré le risque indéniable et parfaitement connu des autorités françaises qu’elles soient utilisées contre des civils ».
Un référé lancé par @ACAT_France et Ancile Avocats pour bloquer le départ d’un cargo saoudien chargé d’#armes françaises. A lire sur @Mediapart @Reuters #Yemen #ArabieSaoudite pic.twitter.com/VnvMrPB9JM
— ACAT (@ACAT_France) 9 mai 2019
Le mouvement de la paix et la Ligue des droits de l’Homme appellent à un rassemblement jeudi à 18h00 au Havre, non loin du quai où doit accoster le Bahri Yanbu, « afin de dénoncer ces ventes d’armes (…) qui ont bien servi à tuer quantité de civils au Yémen ».
D. S avec AFP
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