Les institutions européennes marquent un parti pris outrancier dans le conflit israélo-palestinien, argumente l’avocat et essayiste Gilles-William Goldnadel.
Le moins que l’on puisse écrire, c’est que le président de l’Autorité palestinienne, qui se présente devant l’Assemblée générale des Nations unies n’aura pas été à la hauteur du défi, peut-être insurmontable, qui lui aura été lancé par une histoire cruelle.
Derrière sa bonhomie pateline, Mahmoud Abbas, qui ne bénéficie plus de mandat électif depuis longtemps, n’a rien d’un modéré, en dépit de la réputation flatteuse qui lui a été faite par une idéologie médiatique européenne acquise depuis longtemps au récitatif palestinien.
En se montrant parfois plus palestinienne que les Palestiniens eux-mêmes, en dépit de leurs méthodes, l’indulgence européenne aura encouragé ces derniers dans leur irrédentisme constant et agressif à l’égard des Juifs d’Israël. C’est ainsi que les médias européens auront attendu bien longtemps, comme l’observait le 4 mai 2018 le correspondant du Figaro, avant que de reconnaître qu’Abou Mazen, comme on surnomme Mahmoud Abbas, était coutumier des saillies antisémites. Le 30 avril, celui-ci suggérait notamment que «les persécutions subies à partir du Moyen Âge par les communautés d’Europe n’étaient pas causées par la haine antisémite mais par leurs fonctions sociales liées à la banque et à l’usure».
Auparavant, mais dans l’indifférence générale, le président palestinien avait déclaré qu’il fallait empêcher les juifs qui prétendaient vouloir venir prier sur le Mont du Temple de «souiller de leurs sales pieds l’esplanade des Mosquées».
La presse européenne omet souvent de signaler dans la biographie de Mahmoud Abbas sa thèse révisionniste produite à l’université de Moscou et minimisant la Shoah.
La presse européenne omet souvent de signaler dans la biographie de Mahmoud Abbas sa thèse révisionniste produite à l’université de Moscou et minimisant la Shoah.
Plus généralement, cette cécité médiatique est incapable de voir l’antisémitisme fondamental du mouvement politique et religieux national palestinien qui va continûment du grand mufti de Jérusalem, allié d’Hitler, à son raïs actuel.
Cet aveuglement idéologique, largement explicable par son prisme inconsciemment anti-occidental, aura empêché les Arabes de Palestine d’effectuer le travail critique nécessaire pour arriver à un compromis historique.
Il est bien possible qu’aujourd’hui les actuels dirigeants israéliens, résignés, se satisfassent trop facilement de cette situation pour justifier l’immobilisme et les implantations.
Mais à la lecture de ce qui précède, le lecteur aura compris que l’auteur de ces lignes, à rebours de la doxa médiatique européenne hypercritique, ne leur fait pas porter la responsabilité principale de l’impasse actuelle.
Cette même lecture biaisée du dossier souhaiterait à présent que l’Europe politique s’impose davantage dans une tentative d’un règlement transactionnel entre les deux parties. Elle reproche sévèrement à l’actuelle administration américaine son parti pris pro-israélien qui le disqualifierait de vouloir jouer les honnêtes et objectifs courtiers. Un tel argument serait autrement plus recevable, si les Européens pouvaient se targuer de l’objectivité requise. Malheureusement, la liste des exemples qui vont suivre, et qui n’a rien d’exhaustif, montre combien on en est loin.
Contrairement aux Américains, les Européens demeurent quasiment mutiques sur la pratique de l’Autorité palestinienne d’indemniser les familles des terroristes. Pourtant, une partie de l’argent utilisé ne peut venir que des subventions versées par l’Union européenne. On peut comprendre que certains contribuables européens puissent s’émouvoir de cette situation.
Le même mutisme est à constater à l’égard de l’éducation à la haine des enfants de Palestine encouragée dans les écoles gérées par l’Autorité palestinienne. Le nouveau programme scolaire continue de prodiguer les vertus de la violence et du sacrifice de la vie dans le cadre d’une martyrologie antisémite et antisioniste inchangée. («Rapport Impact-se», 20 septembre 2018.)
L’Union européenne, qui condamne théoriquement de sa main droite la mise à l’index de l’État juif, continue de verser de la main gauche des subsides à des ONG qui soutiennent le boycott d’un État d’Israël dont elles contestent l’existence. («Rapport Im Tirtsou», 25 mai 2018.)
Par la voix de sa représentante, Federica Mogherini, la Communauté européenne a dit sa «préoccupation», au regard du droit des minorités, lors du vote par la Knesset d’une loi fondamentale proclamant Israël, comme l’État-nation du peuple juif. Une telle immixtion dans un processus législatif qui ne faisait finalement qu’entériner la décision onusienne de 1947 a ulcéré de très nombreux Israéliens, de toutes tendances. Ils ne se souviennent pas des protestations européennes à l’égard de l’Autorité palestinienne programmant un État de Palestine arabe et musulman, ou à l’égard de l’ensemble des États arabes qui proclament uniment la religion musulmane religion d’État, quand ils n’appliquent pas la charia.
Dans les aréopages internationaux, de nombreux États européens (à l’exception notable du groupe de Visegrad) apportent leurs voix aux résolutions systématiquement et radicalement anti-israéliennes. L’ancien secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon, à son départ, avait déploré un tel systématisme et une telle outrance. Certains pays européens, dont la France, se seront mêmes égarés à l’Unesco en niant les liens historiques entre Jérusalem et le peuple juif. Plus récemment, à l’ONU, certains auront refusé de condamner les errements du Hamas terroriste à Gaza.
Enfin, et en dehors même du drame complexe de la Palestine, le silence européen à l’égard de l’agressivité d’une République islamique intolérante qui inscrit «Israël sera détruit» sur ses missiles et qui vient de se voir accordée en août par l’Union européenne une aide financière de 18 millions d’euros est considéré par les Israéliens de toutes obédiences comme un abandon pur et simple.
À notre époque où les peuples européens eux-mêmes s’inquiètent de l’idéologie mortifère d’une Europe politique multiculturaliste, il n’est pas interdit de craindre que, dans l’abandon d’Israël, c’est l’Europe qui s’abandonne.
Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Gilles-William Goldnadel.
Fondateur et président de l’association Avocats Sans Frontières, et président de l’Association France-Israël, Gilles-William Goldnadel se déclare « hostile à toutes formes d’antisionisme et d’antisémitisme indépendamment de leur orientation politique » (Le nouveau bréviaire de la haine) et dénonce l’émergence d’un « nouvel antisémitisme » d’une certaine partie de la gauche.
Outre son engagement en faveur de l’État d’Israël, il est reconnu comme proche des milieux de droite (Une idée certaine de la France), et assez loin de l’extrême droite.
Publications : Le Blognadel (2009) aux Editions de Passy Conversation sur les sujets qui fâchent avec Alexandre Adler (2008) chez Jean-Claude Gawsewitch Les Martyrocrates (2004) chez Plon Le Nouveau Bréviaire de la haine (2001) chez Ramsay Une idée certaine de la France (1998) France-Empire
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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