Les frappes israéliennes ont tenu les Palestiniens de Gaza éveillés toute la nuit dans l’appréhension d’une nouvelle guerre dévastatrice, tandis qu’à quelques kilomètres, de l’autre côté de la frontière, des dizaines de milliers d’Israéliens se sont réfugiés dans les abris fuyant les roquettes.Les avions de combat israéliens ont continué à frapper sporadiquement Gaza mardi, tandis qu’au sol les bulldozers déblayaient les décombres des bombardements qui ont résonné toute la nuit dans l’enclave palestinienne, réduisant à un tas de ruines des immeubles de plusieurs étages.
« Vous voyez, il n’y a plus d’épiceries, plus de pharmacie, plus de bureaux, plus de murs, plus de bâtiment ! », se désole Abou Aymane Lemzeni, un voisin des locaux d’Al-Aqsa TV, la chaîne de télévision du Hamas, le mouvement islamiste qui contrôle l’enclave. « C’était un tremblement de terre », ajoute-t-il. Devant lui, deux paraboles émergent de pans de murs déchiquetés et d’un tas de ferraille : c’est tout ce qu’il reste du bâtiment, pulvérisé par les frappes aériennes israéliennes.
Les éclairs de feu des bombardements suivis de puissantes explosions se sont succédé à un rythme soutenu depuis le crépuscule lundi soir. « Les enfants ont peur, ils sont terrorisés », raconte à l’AFP Jamal Mourtaja. « Nous n’avons pas goûté au sommeil, ni la nuit dernière ni à l’aube ». Beaucoup n’ont eu que quelques instants pour fuir leurs maisons, se retrouvant dans la rue faute d’abris sécurisés.
« Dès qu’on a vu les missiles, on a couru hors de la maison. Nous sommes des civils, nous n’avons pas d’armes ni de roquettes », dit Mohammad Aboud, qui habite en face de l’hôtel al-Amal, dans le centre de la ville de Gaza. La bâtisse, qui abrite le siège de la sécurité intérieure du Hamas depuis un an, a été détruit par Israël la nuit dernière. A une vingtaine de kilomètres de là, de l’autre côté de la barrière, les plus de 128.000 habitants de la ville côtière israélienne d’Ashkelon ont aussi passé la nuit sous le feu des roquettes.
« Les filles sont traumatisées, c’est insoutenable », confie Meir Edery, père de trois enfants. Il montre l’immeuble en face duquel il habite, le dernier étage éventré par une roquette qui a tué un travailleur palestinien et blessé gravement une Israélienne. Lui et sa famille s’étaient déjà réfugiés dans un abri sécurisé. Selon le porte-parole de la police, les Israéliens n’ont guère plus de trente secondes pour courir vers un endroit sûr une fois l’alerte donnée.
« Nous exigeons du gouvernement de pouvoir élever nos enfants en sécurité, c’est notre droit le plus élémentaire ! », ajoute M. Edery. Derrière lui, des voisins appellent à « détruire le Hamas ». Le long du port, les magasins ont presque tous les rideaux fermés. Sous le ciel bleu azur, Nissim Arzoane, 65 ans, est venu jeter son hameçon dans la mer, comme tous les jours. « Il faut leur montrer qu’on n’a pas peur », juge-t-il.
Attablé à l’un des rares cafés ouverts, David Cohen appelle l’armée à réagir, « sans crainte ». « Ils ne nous briseront pas », affirme le quinquagénaire. Les autorités israéliennes ont ordonné la fermeture des écoles et des jardins d’enfants et beaucoup ont déserté les rues. Betty Calvo, 63 ans dont près de 40 années dans le sud d’Israël, n’a pas fermé l’œil de la nuit. A son petit-fils Nahman, 9 ans, qui vit dans une localité proche de la bande de Gaza, elle conseille au téléphone de « courir à l’abri dès que la sirène retentit ».
Il lui raconte avoir vu « des roquettes passer dans le ciel ». « Vous trouvez ça normal qu’un enfant de cet âge raconte ce genre de choses à sa grand-mère? », demande-t-elle. Elle craint que l’escalade ne se poursuive. A Gaza, certains des bâtiments détruits lors de la guerre de 2014 avec Israël n’ont toujours pas été reconstruits. L’enclave, soumise à un sévère blocus et durement éprouvée par les trois guerres que se sont livrées le Hamas et Israël depuis 2008, craint un nouveau conflit dévastateur.
Les rues de la ville de Gaza, d’ordinaire animées et bruyantes, étaient désertées mardi matin. La veille au soir, de longues files d’attente se sont formées devant les boulangeries et les épiceries, les habitants espérant stocker quelques biens de consommation courante. « Nous n’avons pas oublié la dernière guerre de 2014, les traces sont toujours là », rappelle à l’AFP Mohamed Boulboul, qui habite dans le sud de la ville de Gaza. « Les gens sont fatigués des guerres, ça suffit ! »
D.C avec AFP
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