Des centaines de personnes ont rendu hommage vendredi à Quito à Fernando Villavicencio, un des favoris de la présidentielle en Équateur, tué par balles mercredi à la fin d’un meeting électoral.
Tard dans la soirée de vendredi, le corps de M. Villavicencio a été inhumé au cimetière de Monteolivo, au nord de la capitale, lors d’une cérémonie privée à laquelle peu de personnes ont assisté. Auparavant, le cercueil de l’ex-journaliste avait reposé dans un palais des congrès, situé dans le nord de Quito.
« Mon pouvoir est dans la Constitution »
Sur les murs étaient accrochées d’immenses banderoles à l’effigie de ce centriste de 59 ans, abattu mercredi par un commando de tueurs colombiens appartenant au crime organisé, selon les autorités. « Mon pouvoir est dans la Constitution » pouvait-on lire sur une écharpe présidentielle symbolique, posée sur le cercueil recouvert du drapeau de l’Équateur. Un écran géant diffusait des vidéos du candidat, qui figurait en deuxième position des intentions de vote au premier tour de la présidentielle le 20 août.
Six Colombiens ont été arrêtés après cet assassinat. Un septième assaillant, également colombien, avait été abattu par les forces de sécurité. « Avant-hier, ils ont criblé la démocratie de balles, avant-hier, ils ont mutilé une partie de la lutte contre la corruption », a déclaré Antonio Lopez, son directeur de campagne, lors de la cérémonie d’hommage.
Farouche pourfendeur de la corruption, M. Villavicencio, ancien député, briguait pour la première fois la présidence du pays. « Je me battrai jusqu’à ce que j’identifie (les coupables) et je ne laisserai pas cela impuni », a assuré son ami Christian Zurita, un journaliste avec lequel il avait mené une enquête qui a conduit l’ex-président de gauche Rafael Correa (2007-2017) sur le banc des accusés. Réfugié en Belgique, M. Correa avait été condamné par contumace à huit ans de prison pour corruption.
M. Villavicencio était en deuxième position en intentions de vote au premier tour (13,2)%, derrière l’avocate Luisa Gonzalez (26,6%), proche de M. Correa. Il a été député au sein de l’Assemblée nationale dissoute en mai par le président Guillermo Lasso pour mettre fin à une grave crise politique.
Un « accord pour la sécurité et la paix »
Après cet assassinat qui a choqué le pays, M. Lasso a instauré l’état d’urgence pour une durée de 60 jours afin de garantir la tenue du scrutin. Le premier tour, le 20 août, a été maintenu. Le président a également décrété trois jours de deuil national et a accusé le « crime organisé » d’être à l’origine de cet assassinat.
Les candidats à la présidentielle Yaku Perez, Xavier Hervas, Otto Sonnenholzner et Bolivar Armijos ont signé un « accord pour la sécurité et la paix », dans lequel ils demandent « des mesures urgentes » afin de garantir le bon déroulement du processus électoral. Ils ont également demandé que l’enquête sur l’assassinat soit menée de manière « rapide, transparente et rigoureuse ».
Une vague de violence liée au trafic de drogue
La semaine dernière, M. Villavicencio, qui était sous protection policière, avait fait état par deux fois de menaces contre lui et son équipe. Ces dernières années, l’Équateur est confronté à une vague de violence liée au trafic de drogue qui, en plein processus électoral, a déjà entraîné la mort d’un maire et d’un candidat au Parlement.
Le pays, situé entre le Pérou et la Colombie – plus grands producteurs de cocaïne au monde – était autrefois un havre de paix. En 2022, l’Équateur a enregistré un taux de 26 homicides pour 100.000 habitants, un record pour ce pays de 18,3 millions d’habitants.
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