Un an après sa mort, la tombe du chanteur français Johnny Hallyday à Saint-Barthélemy, dans les Antilles, a reçu un peu plus de visiteurs que d’habitude, mais le pèlerinage reste confidentiel, à 7.000 km de Paris. Sous le soleil des Caraïbes, Robert Ferrer, 70 ans, accomplit le rêve qui l’anime depuis un an: verser sur la tombe du rocker un peu de sable de sa ville, Valras-Plage (sud). « Le savoir là, près de moi, ça me fait mal », explique Robert, croix autour du cou. « Pour moi, il est toujours là. Je me réveille avec Johnny, je dors avec Johnny… Depuis 1960, je l’ai suivi partout où il est passé ».
Ce fan du chanteur français de père belge, décédé d’un cancer le 5 décembre 2017 à 74 ans, a entraîné toute sa famille dans sa passion. « On envoie régulièrement des fleurs depuis la métropole », raconte sa fille, Cathy Manzanares, qui l’accompagne et espère croiser Laeticia Hallyday, présente actuellement sur l’île. « Je fais partie d’un groupe Facebook 100% Laeticia », dit-elle. « Il ne faut pas parler de ça », coupe son père, voulant éviter tout propos sur les conflits d’héritage qui secouent la famille Hallyday.
Quant au choix de Johnny de s’être fait inhumer dans cette île lointaine où il avait une villa, il assure le comprendre. « C’est là où il vivait en paix, il n’était pas accosté toutes les cinq minutes ».
Pour financer son séjour onéreux sur l’île, Roger a pu compter sur sa famille. Tout comme Jean-Pierre et Michelle Mathieu, tout juste arrivés de l’aéroport de « Saint-Barth ». « Nous passons seulement la journée ici et les vacances en Guadeloupe (île également française juste à côté, ndlr). C’était le cadeau de mes 70 ans », explique Jean-Pierre, qui a vu Johnny à 14-15 ans, « quand il faisait ses tournées sous chapiteau ».
Le fan détaille les centaines de messages laissés sur la tombe. « On la voyait dans les reportages. Je ne pensais pas que ça allait se réaliser de venir jusqu’ici. Ça fait un gros budget ». La sépulture de Johnny, blanche comme toutes celles du cimetière, n’est pas plus imposante mais toujours entièrement recouverte de compositions florales, peluches, bougies et petits mots laissés sur des cailloux par des anonymes.
Un nouveau groupe s’approche: deux femmes venues rendre visite à une troisième, habitante de l’île. « Nous ne sommes pas spécialement fans, mais Johnny était une icône, il a marqué plusieurs générations », explique l’une d’elles. « C’est devenu le passage obligé », admet la résidente. À l’approche du premier anniversaire de la mort du chanteur, les visites autour de la tombe se font plus nombreuses, par groupes de deux ou trois personnes. Mais pas d’effet de masse. La courte piste d’atterrissage de l’aéroport ne peut accueillir que des avions de 20 passagers, et le coût et la disponibilité de l’hébergement restent prohibitifs.
Du côté des autorités, hormis un portrait de l’idole à l’hôtel de la Collectivité, pas d’événement commémoratif, pas de consignes pour les fans, ni de « circuit Johnny »: les visiteurs se renseignent directement auprès des habitants. « Nous sentons actuellement un certain frémissement », commente le président du Comité du tourisme (CTTSB), Nils Dufau. « Il y a déjà sur notre île des personnes venues de loin en l’honneur de Johnny. Néanmoins, nous ne pensons pas qu’il y aura de flux supplémentaires au vu de cette commémoration ».
« Le phénomène est complètement exagéré », confirme Jean-Claude Latournerie, patron de la compagnie maritime Voyager, assurant la navette entre Saint-Martin et Saint-Barth. « Depuis un an, je n’ai eu qu’une seule demande pour un groupe d’une soixantaine de personnes. Pour ses 75 ans, j’ai transporté trente personnes tout au plus. Et pour l’anniversaire de son décès, on n’a même pas prévu de faire un aller-retour ».
Pour lui, si la présence de fans est permanente sur l’île, les visites se font au compte-goutte. « Il y a un petit impact, mais à l’échelle de Saint-Barthélemy. Confidentiel ».
D.C avec AFP
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