ÉCONOMIE

Gaz: après une année inédite, le terminal GNL de Fos-sur-Mer tourne encore à plein régime

août 11, 2023 14:10, Last Updated: août 11, 2023 14:26
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Parti d’Algérie, le vaisseau s’approche des côtes françaises, rejoint par deux remorqueurs : le Lalla Fatma N’Soumer déchargera bientôt 130.000 m3 de gaz liquéfié (GNL) sur la jetée du terminal de Fos Cavaou (Bouches-du-Rhône). Après une année 2022 inédite, le site est encore très sollicité pour faire le plein de gaz avant l’hiver.

Dans le tanker, long de 250 m et visible de loin avec ses quatre cuves sphériques, il y a assez de gaz pour couvrir « la consommation annuelle d’une ville comme Montpellier », explique Arnaud Catoire, directeur du terminal. Derrière lui, un labyrinthe de canalisations court sur le site industriel grand comme cinq stades de France, installé à côté des hauts-fourneaux d’ArcelorMittal, à 50 km de Marseille.

À l’heure de décharger le tanker, en ce début d’été 2023, le site est presque désert. Largement informatisé, le terminal méthanier, opéré par Elengy (400 collaborateurs), filiale d’Engie, a besoin de cinq personnes pour cette opération.

Avec Cavaou, les quatre terminaux français, mis en service entre 1972 et 2017, ont connu une activité hors norme en 2022, quand toute l’Europe s’est ruée sur le gaz liquéfié pour compenser le tarissement des gazoducs russes liés au Kremlin.

Les entrées de GNL ont plus que doublé en 2022 en France, devenue une porte d’entrée majeure et le premier exportateur vers l’Europe. Les importations « ont représenté l’équivalent de 70% de la consommation française de gaz en 2022 », souligne Nelly Nicoli, directrice générale d’Elengy, qui opère les terminaux de Fos Cavaou, Fos Tonkin et Montoir-de-Bretagne. Le quatrième, à Dunkerque, est exploité par le groupe belge Fluxys.

Finir de remplir les stocks hivernaux

En 2022, le taux d’utilisation des terminaux d’Elengy a culminé à 95%, contre environ 60% avant la crise énergétique, ce qui est inédit. Un an après, à Fos, l’activité s’est un peu détendue, mais elle restait à des niveaux élevés avant l’été, avec un taux d’utilisation de 85%. Il faut finir de remplir les stocks hivernaux alors que l’Europe devra encore se passer des gazoducs russes.

Sans afficher d’inquiétude sur les capacités de l’Europe à s’approvisionner pour l’hiver, le directeur stratégie d’Elengy Christophe Thil souligne néanmoins que l’utilisation des terminaux d’importation devrait être « soutenue » jusqu’à la fin de l’année « pour y arriver ».

En 2022, les 400 cargaisons de GNL arrivées en France provenaient majoritairement des États-Unis, devant les champs russes privés et l’Algérie, selon un rapport de la Commission de régulation de l’énergie. Avant d’arriver à Fos, le gaz fossile a été refroidi à une température de -160°C, ce qui le rend facilement transportable puisqu' »à l’état liquide, il prend 600 fois moins de place », précise Thierry Labrousse, directeur adjoint du terminal. Une fois amarré, le méthanier est connecté à d’immenses bras en forme de compas qui récupèrent le gaz liquide.

Celui-ci est stocké dans des réservoirs géants avant d’être regazéifié par « ruissellement ». Sous des douches d’eau de mer dont la température est à 15°C, celle des petits tuyaux contenant le gaz liquide à -160°C se réchauffe : il redevient gazeux. Prêt à être injecté dans le réseau après avoir été odorisé.

« Ne pas rester sur un approvisionnement uniquement fossile »

Depuis quelques années, Fos-Cavaou propose de charger directement du GNL dans des camions-citernes pour les stations-service et à même les navires, pour les « besoins de décarbonation de la mobilité lourde terrestre et maritime », explique M. Nicoli.

Quand il est brûlé, le gaz émet moins de gaz à effet de serre que le fioul et le pétrole. Mais son empreinte globale est critiquée par les associations écologistes, car en amont, il engendre des fuites de méthane, au pouvoir de réchauffement supérieur à celui du CO2. « L’idée n’est pas de rester sur un approvisionnement uniquement fossile », insiste M. Nicoli dont l’entreprise travaille déjà sa reconversion avec la production pour fin 2025 de bio-GNL, à partir de déchets.

L’avenir du site pourrait aussi passer par la capture du CO2 issu des industries de l’étang de Berre, et la production de méthane de synthèse et d’ammoniac liquide, des dérivés de l’hydrogène, considéré comme le futur graal énergétique et climatique.

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